L E S AR S AC I D E S C H R E T I E N S
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(
fAramazd » à Thil
l
.
L'hagiographe signale ici de la part des
,,
démons » qui protégeaient ces sanctuaires une tentative dé
résistance qui peut bien évoquer l'opposition spontanée de popu–
lations attachées à leurs anciens cultes. Sans doute cette oppo–
sition fut-elle en partie atténuée par Grégoire qui, en même temps
qu'il consacrait aux églises chrétiennes les terres des anciens
temples païens, distribuait aux pauvres les trésors de ces sanc–
tuaires, ainsi qu'Agathange le rapporte pour le sanctuaire de
Mihr à Bagaridj, au Terdjan
2
.
La tradition recueillie par Agathange, si elle est loin de pré–
senter un caractère d'historicité, reste intéressante parce qu'elle
tend à montrer que la conversion de l'Arménie fut l'œuvre voulue
de la royauté arsacide, puis parce qu'elle prétend nous offrir un
tableau de la féodalité arménienne groupée à cette occasion
autour de Tiridate I I I
3
.
Le monarque, après la destruction des
vieux sanctuaires du paganisme national, convoque autour de
lui « les principaux satrapes
(
nakhararq)
et les gouverneurs du
pays » dont l'énumération jette pour la première fois un jour
intéressant sur la constitution de la société et la formation terri–
toriale arméniennes.
Nous voyons figurer en premier lieu ici le prince de la maison
d'Ange/ ou AngZ dans la province du Dêgiq
4
;
puis le prince de
l'AZtzniq ou de l'Arzanène, lequel avait le titre de « grand
bdéachkh
» (
commandant des marches-frontières) ; puis le
thagadir,
«
pose-couronne », dignitaire ainsi nommé parce qu'effec–
tivement i l avait le privilège de couronner les nouveaux rois et
qui avait en même temps le titre
d'aspet
ou général de la cava–
lerie, charge qui, si nous en croyons Moïse de Khorèn, aurait été,
dès cette époque, réservée à la maison des Bagr a t oun i
5
;
puis le
généralissime qui, d'après la même source, aurait été Artavazd,
de la maison des Mandakouni ; puis le prince de Kordouq (la
Korduène des nomenclatures grecques), dans la province du
Kordjaïq arménien ; le prince de Dzophq (Sophanène), celui du
Gougarq (Gogarène des historiens grecs), lequel portait le titre
de « second
bdéachkh
6
;
le prince du .Rechtouniq, au Vaspou-
rakan, celui du Mokq (Moxoène des géographes grecs), celui du
Siouniq, notre Siounie, celui de l'Outi (Otène), celui du Zaravand
1.
AGATHANGE, C V I I I , § 129-CLX, § 133.
2.
AGATHANGE, § 134.
3.
AGATHANGE, C X I I , p. 170-171.
4.
CI. MA R KWA R T ,
Sùdarmenien,
p. 41, 45. H O N I G M A N N ,
Ostgrenze des
Byzantinischen Reiches
(1935),
p. 69.
5.
MOÏSE D E K H O R È N , I I , 7-8. Sur cette illustre famille, voir la Généalogie
Qes Bagratouni arméniens par MARQUART dans ses
Osteurop&ische und osta-
siatische Streifzùge
(
Leipzig 1903), p. 391-465, corrigée et très a u gme n t é e
, ?
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s
,
l a
traduction a rmé n i e n n e du Père H A P O Z É A N , Vienne, Imprimerie des
Mekhitharistes, 1913 (1915).
bdèchîdi ^
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'
histoire de Géorgie, Additions,
p. 73 (qui adopte la forme
Fonds A.R.A.M