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L E S A R S A C I D E S C H R E T I E N S
et Agathange, Grégoire descendait de la famille parthe
u
Sourèn et était le fils de cet « Anak » qui, entre 238 et 252, avait
assassiné le roi arménien Khosrov
1
.
I l avait, lors du massacre
des siens, été conduit à Césarée de Cappadoce où i l fut élevé
dans la foi chrétienne
2
.
La Cappadoce était à cette époque m
actif foyer de christianisme et l'empreinte gréco-cappadocienne
devait se faire nettement sentir sur les communautés arméniennes
voisines, notamment pour ce qui est du monachisme. De Césarée
Grégoire vint évangéliser sa patrie sous le règne de Tiridate III,
D'après la tradition recueillie par Agathange, Tiridate commença
par persécuter l'apôtre qu'il jeta dans une fosse profonde
(
khor-
virab)
au château d'Artachat (Artaxata)
3
.
L'hagiographie
arménienne nous raconte comment i l persécuta de même et
martyrisa à VaZarchapat sainte Rhipsimé ou mieux Hripsimé
qui lui avait refusé sa main, ainsi que trente-six autres vierges
chrétiennes, dont l'abbesse Gaïané, associée depuis à Hripsimé
dans la piété des fidèles
4
.
Tiridate est alors châtié par une crise
de lycanthropie (transformation en sanglier,
varaz),
visiblement
renouvelée de celle du Nabuchodonosor biblique
5
.
Pour le guérir,
on fait appel à Grégoire qui lui rend la forme humaine et qui
le convertit, toutes actions plus ou moins reprises à leur tour de
l'histoire du prophète Daniel
6
.
La date traditionnellement acceptée jusqu'ici pour la conversion
officielle de l'Arménie était l'an 301. Elle vient d'être reportée
à 288 par un ingénieux calcul du regretté Adontz
7
.
Les hagiographes que nous venons de citer nous montrent
Tiridate I I I , après sa conversion par saint Grégoire, employant
tout son zèle à convertir à son tour ses peuples. Aidé de son
épouse, la reine Achkhèn, i l enterre de ses mains sur le mont
Ararat les corps des saintes martyres Hripsimé et Gaïané, brûle
le temple de Ti r près d'Erazamoïn, détruit les statues d'Ara-
mazd à Ani-Kamakh, celle de Raal-Chamin à Thordan, l'idole
d'or d'Anahita à Erèz (Erzindjan) et enfin celle de « Nané, fille
1.
Voir plus haut, p. 114
FAUSTUS, 1. I I I , ch. u , trad. E M I N E , p. 210.
Voir la critique de cette tradition dans A D O N T Z ,
Grégoire Vllluminaieur
el
Anak le Parthe, Revue des Éludes Arméniennes,
t .
8,
1928,
p. 233-245.
2.
AGATHANGE, § 17, p. 122. Sur la question de savoir si Grégoire ne serait
pas d'origine cappadocienne, ainsi que le veut l'évêque arabe monophysite
George ( + 724 ou 740), cf. RYSSEL,
Ein Brief Georgs, Bischop der Araber,
Gotha, 1883,
Theol. Stud.,
L V I , p . 353, et N . M A R K , dans les
Zapiski
delà
Section Orientale de la Société Archéologique impériale de Russie, XVI.
1905.
Cf. T OU R N E B I Z E ,
op. cit.,
p. 426-428 et encore A D O N T Z ,
Grégoire d
Anak' R. E. A.,
V I I I , 1928, p . 244-245.
3.
AGATHANGE, V , § 2 2 - X I , § 54, p. 126-133.
4.
A G A T H A N G E , X I I I , § 5 9 - XV I , § 83, p. 136-147. LAZARE D E PHARPI, t. 2,
trad. GHASARIAN, p. 260.
5.
A G A T H A N G E , X X , § 89, C I , § 110, CV, § 123.
6.
Ibid.,
§ 124. ,
7.
ADONTZ,
Les vestiges d'un ancien culte en Arménie, l,
c ,
Mélanges
Fran;
Cumonl,
1936,
p . 513.
Fonds A.R.A.M