E T L E S RO I S A R S A C I D E S D ' A R M É N I E
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Enfin la déesse iranienne Anahita
1
,
originellement déesse des
eaux et de la fertilité, possédait à Erèz ou Eriza, l'actuel Erzind-
jan, dans la province de l'Akilisène (Eké/éatz), un sanctuaire
célèbre par ses richesses, l'affluence des pèlerins et sa statue d'or
qui avait fait surnommer cette divinité « la mère d'or « (Oské-
maïr)
2
.
Anahita, « la grande souveraine », la mère de toute
sagesse », était en effet devenue la protectrice spéciale de l'Arménie
païenne. Elle était solennellement fêtée au mois de Navasart
par des chants, des danses et des profusions de fleurs.
Il semble qu'il y ait eu assez t ô t contamination en Arménie
entre l'Anahita iranienne et la Grande Déesse ou Déesse-Mère
phrygienne. Au témoignage de Strabon, le culte de l'« Anaïtis»
adorée en Acilisène comporta, comme celui de l à déesse syrienne,
'
a prostitution sacrée
3
.
D'autres cultes analogues, assyro-baby-
loniens ou même syriens: avaient aussi pénétré en Arménie.
Mentionnons AstZik et Nané dont la première au moins (son nom
signifie la belle étoile et désigne la planète Vénus) semble bien
correspondre à lTchtar assyrienne. Déesse de la volupté en même
temps que de la maternité, AstZik avait pour amant le dieu
guerrier Vahagn et partageait avec l u i les temples d'Achtichat
4
.
La fête de Vardavar (« porte-roses »), qui se célébrait « au mois des
roses », en août, par des processions et des danses, semble avoir
associé le culte d'Ast/ik à celui d'Anahita. La statue en or
d'Anahita se dressait en effet à côté de celles de Vahagn et
d'Ast/ik dans le sanctuaire d'Achtichat. Quant à la Nané
arménienne, « protectrice des guerriers et des vierges », c'est le
doublet de la Nanâï des monnaies indo-scythes. D'origine non ira–
nienne
5
,
on finit par l'assimiler t an t ô t à AstZik, t an t ô t à Anahita
elle était adorée àThil, en Akilisène, au nord-ouest d'Erzindjan
6
Quant au dieu Barcham, i l semble bien que ce soit un dieu
d'origine syrienne, Baal Chamin, « le maître des cieux ». I l avait
un temple à Thordan, dans leDaranaZiq, l'actuel pays de Kamakh,
et sa statue d'ivoire et de cristal, montée sur argent, lui avait
valu l'épithète de « dieu éclatant de blancheur ». Moïse de Khorên
en attribuant l'introduction de ce culte à Tigrane le Grand,
ajoute que le monarque l'avait importé de Mésopotamie, ce qui,
en tout état de cause, en montre bien les origines araméennes
1
.
1.
Dans l'Iran primitif, c'est la déesse Aredvî-soûrâ, s u r n omm é e Anâhitâ.
Cf. CHRISTENSEN,
L'Iran sous les Sassanides,
p. 3 1 . On la voit adorée par les
Achéménides et par les Parthes, mais son c a r a c t è r e avait été fortement
contaminé sous l'influence des déesses mé s o p o t am i e n n e s .
2.
AGATHANGE, ch. v, § 2 1 , p. 1 2 5 - 1 2 6 . P L I N E , V , x x x m , 82. STRABON,
X I , ch. x i v , §
16.
3.
STRABON, /. c.
4
-
AGATHANGE, ch. c x i v , § 1 4 1 , p. 173. M J Ï S E D E K H O R È N , I I , ch. x j v ,
P • 88.
5.
CHRISTENSSN, /.
c,
p. 1 5 2 .
b. MOÏSE DE KHORÈN-, I I , ch. x i v , p. 8 8 ,
7.
MOÏSE, I I , ch. x i v , p. 8 8 .
Fonds A.R.A.M