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L E P ROT E C TORA T ROMAIN
ère elle fut le plus souvent au pouvoir de cadets arsacides. Une
aussi longue symbiose ne pouvait manquer de faire sentir son
empreinte. Ce fut ainsi que le nom vieux-perse de la divinité,
baga
dieu »), se retrouvera en arménien dans la toponymie (Bagaran,
Bagavan) et dans l'onomastique (Bagarat), comme dans le dérivé
bagin
autel »). Le nom arménien du « sacrifice »,
yacht,
est aussi
un terme iranien. On v i t s'acclimater en Arménie les principales
divinités du panthéon iranien. Ahoura Mazdâh, le dieu suprême
de l'Iran », fut adoré en Arménie sous le nom d'Aramazd, lequel,
par parenthèse, est de forme parthe
2
.
Aramazd était « le fort et
le grand », « le dispensateur de la fertilité de la terre », « le père de
tous les dieux »
3
.
On l'adorait notamment à Ani, l'actuel Kamakh
(
canton du Darana/iq), ainsi qu'au bourg deBagaritch ou Bagaridj,
l'actuel Pekkeridj (dans la province de Derzène ou Terdjan)
4
,
et
dans le Bagrevand (Alachkert). Mithra, le dieu indo-iranien du
pacte et, ultérieurement, de la lumière, fut adopté en Arménie
sous le nom de Mihr. I l avait pour émanations Arev, le soleil, ou
encore Areg-akn, l'œil d'Areg, c'est-à-dire le soleil visible, et Lou-
sin, la lune. Le principal temple de ces trois divinités était situé à
Armavir
6
.
Armavir possédait aussi un oracle qui s'exprimait
par le bruissement des feuilles d'un peuplier argenté, l'arbre
sacré Sos
6
.
Le dieu Tir, qui servait de scribe à Aramazd a laissé
sa marque dans l'onomastique royale : Terdat (Tiridate) signifie
«
don de T i r », comme Mihrdat (Mithridate) signifie « don de
Mithra ». Mihr avait un temple à Erazamoïn, entre Va/archapat
et Artaxata, où, au témoignage d'Agathange, un collège de prêtres
interprétait les songes et « enseignait les arts »
7
.
Une divinité
iranienne, Verethragna, dieu de la guerre et de la victoire, fut
adoptée par les Arméniens sous le nom de Vahagn. Vahagn était
célébré comme un I Iéraklès tueur de dragons et adoré comme
tel à Ach t i cha t
8
(
Sourb Sahak, dans le Tarôn), ainsi que près
du lac de Van et dans le Petit A/bag (au nord de Djoulamerk)
9
.
1.
Les Ahoura (sanscrit Asoura) sont dans le monde indo-iranien primitif
les dieux du pacte. Mazdâh signifie « le Sage ».
2 .
M E I L L E T ,
SUT les termes religieux
iraniens en arménien,
R. E . A..
I , 3, 1 9 2 1 ,
p.
2 3 3 .
3.
A G A T H A N G E , trad. LANGLOIS, § 2 2 , p. 127, § 2 8 , p. 129, § 57, p. 134
§ 1 3 3 ,
p.
167.
4.
Cf. A . CARRIÈRE,
Les huit sanctuaires de l'Arménie
païenne,
Paris,
1899,
p.
1 2
sq.
5.
MOÏSE D E K H O R È N , 1. I I , ch. v i n , p. 8 4 . A r ma v i r est mentionnée par
Ptolémée sous le nom d'Armaouria ( P T O L ÉMÉ E , V , 1 2 , 5 ) . Cf. MARQUART,
Le berceau des Arméniens,
dans
Revue des Études Arméniennes,
t.
8.
1,
1928,
p.
218.
6.
MOÏSE D E K H O R È N , 1. I , ch. x x , trad. LANGLOIS, p. 7 1 .
7.
A G A T H A N G E , ch. c v m ,
§ 129, p. 164. Cf.
E M I N , trad.
STADLEII.
Recherches sur le paganisme arménien
( 1 8 6 4 ) ,
p. 18-20, et Fr. MA C L E R , Trois
conférences sur l'Arménie,
Musée Guimet, 1927, p. 5 2 .
8.
Achtichat, joie d ' Ac h t é ou d ' A s t a r t é (MARQUART,
R. E. A.,
V I I I , 1,
1928,
p.
218.
9.
A G A T H A N G E , ch. cxiv, § 1 4 1 , p. 1 7 3 . THOMAS A R D Z R O U N I , éd. Brosset,
I I I , 1 8
et
I , 7.
Fonds A.R.A.M