E T L E S ROIS AR S AC I D E S D ' ARMÉ N I E
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l'intermédiaire des scribes araméens au service de l'administra–
tion arsacide. « Hubschmann a déjà'noté que des mots comme
'
oïg
«
paire »,
philosophai,
«
philosophe »,
akhsorkh,
«
bannisse–
ment »,
dram,
«
drachme » sont venus du grec à l'arménien par
l'intermédiaire de l'araméen. Ces exemples évidents ne sont sans
doute pas les seuls
1
. »
En somme, pendant toute la période arsacide, l'aristocratie
arménienne a employé la langue iranienne, dialecte parthe,
comme langue de culture, tandis que le peuple conservait sa
langue haïkane, à peu près, dit Meillet, comme aux x i i - x m
e
siècles,
en Angleterre, le français était la langue de l'aristocratie et le
saxon celle du peuple
2
.
Le paganisme arménien
La religion de l'Arménie préchrétienne comprenait d'une part
des éléments nationaux arméno-phrygiens, avec, peut être, des
survivances ourartiennes, d'autre part des emprunts au panthéon
iranien. Sur les premiers de ces éléments nous sommes assez mal
documentés. Notons seulement avec Adontz que le culte essen–
tiellement phrygien de Ma, la Grande Mère, divinité tellurique
adorée à Pessinonte, à Comana et à Zéla et plus tard identifiée
par les Grecs avec leur Cybèle, se retrouve, au témoignage de
Strabon comme du Pseudo-Lucien, dans l'Arménie antique
3
.
Le mythe phrygien de Cybèle-Attis semble également avoir son
équivalent en Arménie avec le dieu pétrogène du mont Diorphon,
près de l'Araxe
4
.
Adontz estime en outre que « Er l'Arménien »
de Platon
5
que nous retrouvons dans « le bel Ara » de la mytho–
logie arménienne, « n'est qu'un sosie d'Attis, le jeune Phrygien »
6
.
L'institution des hiérodules, avec leurs pratiques de « prostitution
sacrée », communes à la Phrygie et à l'Arménie archaïque, est
un autre témoin de ces vieux cultes
1
.
Quelle qu'ait été la religion, si mal connue, des Arméno-
Phrygiens, elle subit profondément en Arménie l'empreinte des
cultes iraniens. N'oublions pas que de 612 environ à 333 avant
J.-C. l'Arménie avait connu la domination mède, puis la domina–
tion achéménide, et qu'enfin aux deux premiers siècles de notre
1.
MEILLET.
De l'influence parthe, l.
c.,p. 11.Cf. H U B S C HMA N N ,
Armenische
Grammatik,
I , p. 3 6 3 .
2.
ME I L L E T ,
I. c,
p. 14.
3.
STRABON, 1. X I I , ch. m , § 3 7 . L U C I E N ,
De Dea Syria,
§ 3 2 . Cf. ADONTZ,
Les vestiges d'un ancien culte en Arménie,
dans
Annuaire de l'Institut de
Philologie et d'Histoire Orientales et Slaves,
t . 4 , 1 9 3 6
(
Mélanges Franz
Cumont,
p.
511.)
4.
PSEUDO-PLUTARQUE,
De fluviis,
X X I I I , 4.
5.
PLATON,
République,
X , 614.
6.
ADONTZ,
Les vestiges...,
p. 505.
7.
STRABON, 1, X I , ch, x i v , § 16 et 1. X I I , ch. n i , § 36;
Fonds A.R.A.M