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L E P ROT E C TORA T
ROMAIN
(276-282)
et Carus (282-283)
1
De fait, son installation sur l
e
trône d'Arménie marque une date importante : celle de l'orienta–
tion définitive de ce pays vers le monde gréco-romain. La chute
de l'empire parthe, en coupant les rois d'Arménie de leurs liens
dynastiques avec l'Iran, avait préparé cette évolution. Nul
doute que le long séjour de Tiridate I I I auprès de ses amis
romains ne l'ait achevée. C'est ce qui apparut plus nettement
encore lors de l'acte décisif par lequel i l orienta définitivement
les destins de l'Arménie vers l'Occident : sa conversion au chris–
tianisme.
Influence, parthe sur la culture arménienne
Au moment où l'empire parthe disparaît de l'histoire, tandis
qu'une dynastie d'origine parthe, mais désormais entièrement
arménisée, continue à régner au Hayastan, i l importe de signaler
l'influence considérable de la culture parthe sur la civilisation
arménienne, influence attestée dans le domaine linguistique.
«
La grande masse des emprunts de l'arménien à l'iranien, note
Meillet, remonte aux parlers parthes. R. Gauthiot a montré que
le vocabulaire parthe a fourni au vocabulaire arménien plus de
mots encore qu'on ne le soupçonnait : l'emprunt d'un mot comme
kari
très ») suffit à marquer l'étendue de cette influence
parthe
2
. »
De même pour des noms de nombre comme
hazar
mille ») et
bewr
dix mille »), qui sont manifestement des
emprunts à l'iranien. « L'action du vocabulaire parthe sur le
vocabulaire arménien, note encore Meillet, se mesure au nombre
des adjectifs iraniens que l'arménien a recueillis
s
. »
Par ailleurs
Bartholomae considère comme évident le caractère iranien du
suffixe arménien —
ean
4
.
Mieux encore, c'est par l'intermédiaire des scribes araméens
au service des « bureaux » parthes que l'action de l'hellénisme
s'est pour la première fois vraiment fait sentir en Arménie. Certes,
nous avons déjà vu sous la dynastie artaxiade la cour d'Arménie
«
helléniser » par mode ou par goût. Mais ce n'était sans doute là
qu'une mode purement superficielle, n'entamant ni le peuple ni
même l'administration. En dépit de ces apparences, l'Arménie,
durant la période hellénistique, ne s'hellénisa point. Un commen–
cement d'hellénisation lui vint, à l'époque du Haut Empire
romain, à travers l'administration arsacide, plus précisément par
1.
A G A T H A N G E , ch. n i , § 18-21. MOÏSE, Î. I I , ch. L X X I X .
2.
M E I L L E T ,
De l'influence parthe dans la langue arménienne,
dans
Revue
des Études Arméniennes,
t . l , 1920, p. 9. Cf. R. GAUTHIOT,
Mémoires de la
Société de Linguistique de Paris,
t. 19, p. 125.
3.
M E I L L E T ,
Flexion en a d'adjectifs arméniens
dans
R. E. A.,
I I I , 1923,
p.
5.
4.
BARTHOLOMAE,
ZUT Kenntnis d. mitteliran. Mundarten,
V , 14 (SH-
gungsber. d. Heidelb. A k . P.-H. Kl> 1923, 3).
Fonds A.R.A.M