114
L E P ROT E C TOR A T ROMAIN
nait désormais le seul représentant, en faisant la guerre au nou–
veau maître de l'Iran, le grand roi sassanide Ardachêr Pabha-
ghân, puis au fils d'Ardachêr, Châhpouhr I
e r
.
Le monarque
arménien, pour restaurer sur le trône d'Iran les rois parthes qui
représentaient la branche aînée de sa famille, chercha à nouer une
vaste coalition parmi les princes voisins ou éloignés. Ce fut ainsi
qu'il fit appel au concours des peuples du Caucase, Albaniens et
Ibères, même aux Alains des steppes du Térek. Bien plus loin
encore, i l rechercha l'alliance d'un autre peuple menacé par les
Sassanides, savoir les « Indo-Scythes » de la grande dynastie des
Kouchân qui régnaient à la fois dans la vallée du Caboul, en
Afghanistan (à Bégram, dans la région alors appelée Kapiça et
qui est celle de l'actuel Caboul, et à Pourouchapoura ou Péchawar,
dans la région alors appelée Gandhâra), et dans l'Inde du Nord-
Ouest ou Pendjab. Le souverain kouchân auquel i l s'adressait
ainsi était le roi Vasoudêva, le même que les sources arméniennes
désignent sous le nom de Vehsadjan ou Vehsadjèn et que les
sources chinoises (le
San-kouo-tche)
connaissent à la date de 230
sous le nom de P'o-tiao
1
.
L'idée d'écraser la jeune puissance
sassanide sous la coalition des Arméniens, appuyés sur leurs
voisins du nord, et de l'empire indo-afghan des Kouchân est une
conception grandiose qui fait le plus grand honneur au monarque
arméno-arsacide qui l'a envisagée. Malheureusement, comme
viennent de l'attester la récente découverte (1939) d'une ins–
cription du roi sassanide Châhpouhr I
e r
sur les murs du Ka'ba-
Zadoucht à Naqch-i Roustem et les travaux de M. Ghirshman
à qui nous empruntons ces remarques, Châhpouhr, entre 241 et
251
de notre ère, envahit l'Afghanistan, poussa jusqu'à « Pouc
kabour » (Péchawar) dont i l s'empara, et renversa le roi kouch
Vasoudêva
2
.
Le roi d'Arménie, privé de ce puissant allié, se trouva donc
seul en face de la dynastie sassanide, ennemie-née de sa famille et
désormais triomphante en Iran. Finalement il fut victime de ses
projets. I l avait accueilli à sa cour, à Va/archapat, un seigneur
parthe « nommé Anak » (?)
3
,
mais cet émigré qui, contrairement
aux apparences, avait partie liée avec les Sassanides, l'assassina
traîtreusement (vers 238 ou plus tard ?)
4
.
D'autre part, Zonaras
1.
Sur Vehsadjan, cf. MOÏSE D E K H O H È N , 1. I I , ch. L X X I I , p. 117. Sur
P'o-tiao = Vasoudêva, cf. L A V A L L É E - P O U S S I N ,
L'Inde
au temps des
Mauryas,
p. 373 et P E L L I O T ,
Tokharien et Koutchéen,
Journal
Asiatique,
janvier-mars, 1934, p. 40. Voir G H I R S HMA N ,
Fouilles à Bégram
(
Afghanistan),
communication à l'Académie des Inscriptions et à la Société Asiatique le
12
décembre 1944. Article :
Fouilles à Bégram,
à p a r a î t r e dans le
Journal
Asiatique,
années 1943-1944, p. 63-64 (1946).
2.
GHIRSHMAN, communication citée.
3.
De la noble famille des Surèn, affirme MOÏSE D E K H O R È N (p. 118), détail
qui n'est pas dans Agathange. Sur les Surèn, cf. CHRISTENSEN,
L'Iran sous
les Sassanides,
p. 98.
4.
A G A T H A N G E , ch. n , § 13. MOÏSE, 1. I I , ch. L X X I V . TOURNEBIZE.reporte
Fonds A.R.A.M