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L E P ROT E C TORA T ROMAIN
le roi intronisé par Rome et le remplaça à Artaxata par un
Arsacide de son choix nommé Pakoros. Le gouverneur de la
Cappadoce, Sedatius Severianus, qui voulut chasser Pakoros, fut
battu à Elegeia et se donna la mort
1
.
Mais l'empereur Marc
Aurèle réagit énergiquement. En 163 un de ses généraux, Statius
Priscus, entra en Arménie, prit Artaxata, mit Pakoros en fuite
et en 164 plaça ou replaça sur le trône Sohœmos en qui Rome
pouvait avoir toute confiance puisque cet Oriental avait rang
de sénateur et de consul
2
.
Priscus, lors de la prise d'Artaxata,
l'avait pratiquement détruite. I l contruisit près de là une nou–
velle cité désignée par Suidas sous le nom de Kainèpolis et qui
doit correspondre à la ville historique de Va/archapat, ville qui
n'est autre que l'actuel Etchmiadzin
3
.
Une garnison romaine
fut installée à Kainèpolis, garnison qui est encore attestée en
185.
Martius Verus, qui succéda à Priscus à la tête des forces
romaines dans ces régions, fit définitivement de cette ville la
capitale de l'Arménie
4
.
La guerre recommença entre Rome et les Parthes sous le règne
de l'empereur Septime Sévère. En 197 Sévère entra en vainqueur
dans les capitales parthes, Séleucie et Ctésiphon qu'il livra au
pillage. Le souverain de l'Arménie, — i l semble que ce fut le roi
Sanatrouk —, faillit être compromis avec les Parthes, Son fils
Valarsace (Va/archak,
alias
Vologèse), celui-là même qui semble
avoir donné son nom à VaZarchapat, était venu se joindre aux"
Parthes quand la victoire romaine lui prouva son erreur. Il
s'empressa de demander la paix, d'offrir des otages et de payer
tribut
5
.
Une vingtaine d'années plus tard, le successeur de
Sévère, Caracalla, attira traîtreusement en Syrie où i l séjournait
le roi Valarsace et le jeta dans les fers afin d'annexer le pays
(216).
6
.
Mais l'armée romaine qui s'avança en Arménie sous le
commandement d'un certain Théocritos, échoua devant la résis–
tance des habitants
7
.
L'empereur Macrin, successeur de Cara–
calla, dut reconnaître comme roi d'Arménie Tiridate I I , fils de
Valarsace et qui est sans doute le même souverain que le Khosrov
1.
D I O N CASSIUS,
Hist. rom.,
L X X I , 2.
2.
Attestation de Jamblique, c. 1 0 de l'extrait de Photius.
3.
Cf. MOÏSE D E K H O R È N , I I , 65, p. 113.
4.
Histoire Auguste, Vie de Marc Aurèle,
I X , et
Vie de Lucius Verus,
V I I .
Suidas, au mot
Priscus.
Sur la garnison romaine de Kainèpolis,
Corpus
Inscript. Latin.,
I I I , 6052. Babelon a voulu voir dans l'installation, à Kainè–
polis (ou Kainopolis), d'un détachement de la X V
E
légion
(
Legio
Apollinaris,
de Cappadoce), une preuve de la ré-annexion romaine de l'Arménie (BABE–
LON,
Artaxata,
dans
C. H. de VAcad. des Inscr.,
1 9 1 1 ,
p. 3 6 3 - 3 7 4 . ) Sur la
politique de Marc Aurèle en Arménie en général, A S D O U R I A N ,
Beziehungut
zwischen Arménien
und Rom.
p. 112-116.
5.
D I O N , L X X V , 9. H É R O D I E N , I I I , 9, 2. Cf. A S D O U R I A N ,
Politische
Beziehungen zwischen Rom and Arménien,
p. 116-117.
6.
D I O N , L X X V I I , 12, 2, et L X X V I I I 27, 4. Cf. A S D O U R I A N ,
l. c ,
p. 11/-
119.
7.
D I O N , L X X V I I , 2 1 , 1.
Fonds A.R.A.M