E T L E S ROIS A R S A C I D E S D ' A RMÉ N I E
111
torat romain
1
.
Un camp romain fut seulement établi à Satala
(
Satlé) près des sources du Lykos (Kelkid-tchaï, ou Ghermili),
dans la province impériale que les Romains appelaient précisément
Armenia Alinor,
Petite Arménie. La X V
e
légion (Legio Apolli-
naris) y fut cantonnée avec mission de surveiller ces confins.
L'Arménie se trouva ainsi concilier la restauration de son
indépendance avec une double pénétration culturelle, irano-
romaine, sur laquelle certaines inscriptions nous apportent un
curieux témoignage. C'est ainsi que nous voyons un monarque
arménien qui s'intitule lui-même dans une inscription grecque
Aurelios Pakoros, basileus Megalès Armenias
construire dans son
royaume un tombeau pour son frère
Aurelios Merithatès,
décédé
pendant un séjour à Rome
2
.
Le complexe irano-romain que nous
révèlent ces deux noms est caractéristique. La formule du traité
de Rhandeia — quand elle jouait correctement — avait fait de
l'Arménie un terrain d'entente où les deux cultures se rencon–
traient. Or, elle semble avoir correctement joué pendant quarante-
quatre ans (117-161). Du reste, Rome et les Parthes étaient
également intéressés à défendre l'Arménie contre d'éventuelles
invasions venues des steppes de la Ciscaucasie, en l'espèce des
Alains. Vers 135 ces barbares obtinrent l'appui du roi d'Ibérie
Pharasmane I I et, avec lui, ils envahirent, en territoire parthe,
l'Atropatène et menacèrent l'Arménie ainsi que la province
romaine de Cappadoce. Le roi parthe Vologèse I V obtint à
prix d'argent la retraite des Alains. Quant à Pharasmane I I ,
l'empereur Hadrien sut le ramener dans l'alliance romaine et,
par la suite, Pharasmane vint à Rome faire acte de vassal
3
.
L'Arménie sous les derniers Antonins et les Sévères
Sous le règne d'Antonin le Pieux, une monnaie des années
140-144,
avec la légende «
RexArmeniis datus
»,
nous montre cet
empereur posant la tiare sur la tête d'un prince qui peut être
Sohsemos, personnage que nous verrons plus tard réoccuper
le trône d'Arménie en 163 et qui semble avoir dû être quelque
cadet arsacide, bien que son nom soit plutôt syrien
4
.
L'accord partho-romain au sujet de l'Arménie se rompit en
161,
du fait des Parthes. Le souverain parthe Vologèse I I I chassa
1.
D I O N CASSIUS, L X I X , 15.
Histoire
Auguste,
Vie d'Hadrien,
X X I .
Cf. ASDOURIAN,
Die politischen Beziehungen
zwischen Arménien
und Rom
von
190
v. Chr. bis
428
n. Chr.
,
p. 109-110.
2.
Corpus Inscriptionum
Graecarum,
6559.
3.
Corpus Inscriptionum
Latinarum,
V , 32-33.
Histoire Auguste,
Vita
Hadriani,
13, 21 ;
vita (Antonini)
PU,
9.
D I O N , fragment L X I X , 15, 2.
4.
H . COHEN.
Description historique des monnaies frappées sous
l'Empire
romain,
2
e
éd., I I ,
Antonin,
n° 686. Je ne suis pas convaincu par le raisonne–
ment de MOMMSEN
(
Hist. rom,
X , p. 247, n " 2) qui ne fait monter Sohœmos
sur le trône d'Arménie qu'en 163.
Histoire de l'Arménie.
Fonds A.R.A.M