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L E P ROT E C TOR A T ROMAIN
en tout cas qu'il ait fini par déplaire aux Parthes comme aux
Romains. Un nouveau roi parthe, Khousrô, le déposa et intronisa
à sa place son propre neveu, également fils de Pakoros, l'arsacide
Parthamasiris. Encore que les Romains ne fussent pas satisfaits
d'Axidarès, l'empereur Trajan considéra cette intrusion des
Parthes dans les affaires arméniennes comme une rupture du
traité de Rhandeia. I l déclara la guerre aux Parthes, et, pour
commencer, pénétra en Arménie. A Élégéia (Ilidja, à trois lieues
d'Erzeroum), i l reçut la visite de Parthamasiris venu solliciter
de lui l'investiture. Mais Trajan était résolu à annexer l'Arménie.
I l refusa de reconnaître Parthamasiris qu'il congédia sans autre
explication. Le malheureux Arsacide, en se retirant, fut mis à
mort par son escorte et l'Arménie fut constituée en province
romaine avec, comme gouverneur, L . Catilius Severus, le bisaïeul
maternel du futur empereur Marc Aurèle
1
.
Partant de l'Arménie,
une colonne romaine, sous les ordres de Lusius Quietus, traversa
l'Araxe, d'où elle alla soumettre en territoire parthe le pays des
Mardes (Ghilan actuel) et l'Atropatène (Azerbaïdjan). Nu l doute
qu'il n'y ait eu chez Trajan la volonté d'établir fortement la
domination romaine en ces régions. I l entendait faire de la Trans-
caucasie un des boulevards de l'Empire. Ce fut ainsi qu'il resserra
les liens qu'avaient avec lui les peuples de la Colchide, Henioques
et Machelones, et qu'il donna un nouveau roi aux Albaniens
(
Daghestan actuel)
2
.
Retour à la dynastie arsacide et à l'équilibre de Rhandeia
Dans la pensée de Trajan l'annexion de l'Arménie et la vassali–
sation de la Transcaucasie n'étaient que le prélude de la conquête
de l'empire parthe. De fait, en 116, i l enleva aux Parthes la
Mésopotamie centrale et l'Assyrie, puis la Rabylonie avec Raby-
lone, Ctésiphon et Séleucie, leurs capitales. Mais la révolte juive
de 117 et surtout la mort du grand empereur survenue la même
année mirent fin à ces projets. Hadrien, successeur de Trajan,
évacua la Rabylonie, l'Assyrie et la Mésopotamie jusqu'à l'Eu-
phrate, et, pour l'Arménie, revint à la formule du traité de Rhan–
deia : un cadet arsacide — un certain Vologèse — sous le protec-
la Géorgie,
I ,
Chronique,
p. 69-70). Ce l o i n t a i n Bagratide serait le fondateur
de la ville de Sembatavan, au Taïq. Le Taïq, ou Tao, l'ancien pays des
Taoques, serait effectivement, d'après Brosset, le premier domaine des
Bagratides (BROSSET,
Histoire de la Géorgie,
I I ,
Additions,
p. 1 4 1 ) .
1.
D I O N , L X V I I I , 2 0 . EUTROPE, V I I I , 3. E t fragments de Fronton
(
Princ.
Hist.,
éd. Naber, p. 2 0 9 ) et de Suidas, dans D E L A B E R G E ,
Essai sur le règne
de Trajan,
p. 1 6 5 - 1 6 6 .
2.
Sur les peuples du Caucase à cette époque, voir A R R I E N ,
Périple du
Pont Euxin,
X I . Sur la politique de Trajan en Arménie, ASDOURIAN,
Beziehungen zwischen Arménien
und Rom v.
1 9 0
v. Chr. bis
4 2 8
n. Chr.
p. 103-109.
Fonds A.R.A.M