E T L E S ROIS A R S A C I D E S D ' A RMÉ N I E
109
comme un trait d'union entre l'Orient et l'Occident. Le protec–
torat romain ne fut marqué que par la présence d'une garnison
romaine en Sophène. Tiridate demanda et obtint des Romains
l'autorisation de reconstruire Artaxata, et Néron contribua l u i -
même à cette œuvre en lui envoyant des architectes et des
ouvriers. La reconstruction d'Artaxata dut être marquée par une
introduction de l'art romain, « avec des colonnades et des monu–
ments d'une richesse jusque-là inconnue dans le pays ».
Les Romains prenaient d'ailleurs à cœur leur rôle de protec–
teurs de l'Arménie. Un nouveau péril menaçait ce pays. Au nord
du Caucase, du côté des steppes de la Kouma, s'était établi un
peuple semi-nomade, de race scytho-sarmate, les Alains, dont les
bandes, à la manière des anciens Scythes, venaient razzier dans
les belles terres de la Transcaucasie. Néron, au moment de sa
chute (68), se disposait à entreprendre une expédition contre
eux
1
.
En 72, au témoignage de Josèphe, les Alains, venus sans
doute par le pas de Derbend, ravagèrent en territoire parthe
la « Médie », c'est-à-dire ici sans doute l'Atropatène, notre
Azerbaïdjan persan, puis, en pays de protectorat romain, plu–
sieurs cantons de l'Arménie
2
.
Le roi Tiridate qui se porta au
devant d'eux faillit être capturé. Néanmoins les Rarbares se
retirèrent, non sans ramener leur butin. Ce fut évidemment pour
barrer la route à de nouvelles incursions que l'empereur Vespa-
sien (69-79) fit fortifier vers 75, à la demande du roi ibère Mithri-
date ou Mihrdat, la forteresse d'Harmozica ou Mtzkhétha près de
l'actuelle Tiflis, en Ibérie
3
.
Trajan et l'annexion romaine
Après Tiridate I
e r
,
la couronne d'Arménie fut portée par un
certain Axidarès dont nous savons peu de chose. Certains voient
en lui un prince ibère
4
,
tandis que d'autres, se fondant sur un
fragment de Dion Cassius, le considèrent comme un Arsacide,
fils du roi parthe Pakoros
5
.
Toujours d'après Dion, i l semblerait
1.
TACITE.
Histoire,
I , 6. SUÉTONE,
Néron,
X I X .
2.
JOSÈPHE,
De bello jadaico,
V I I , 7, 4.
3.
Inscription grecque du Musée de Tiflis, découverte en t867. Cf.
Deux
textes épigraphiques
découverts en Transcaucasie,
Journal Asiatique,
t.
13,
février 1869, p. 94-104. A . SANDERS,
Kaukasien,
1942,
p. 65-66.
4
Kévork A S L A N ,
Études historiques sur le peuple arménien,
p. 127 (sous
le nom d'Achkatar).
5.
MOMMSEN,
Histoire romaine,
t. X , p. 233, n° 2, d'après D I O N , fragment
L X V I I I , 17. — Notons que. si nous en croyons I a
Chronique géorgienne,
ce
serait vers cette époque, sous Je règne des rois d'Ibérie Azork et Armazet
(87-103 ?)
q u ' a p p a r a î t r a i t pour la première fois aux confins arméno-géorgiens
la célèbre famille seigneuriale arménienne des Bagratides (Bagratouni). La
Chronique géorgienne
mentionne en effet alors un seigneur arménien n o mm é
Sembat fils de Biourat, — Sembat Biwritian — qui aurait repoussé d'Ar–
ménie une incursion des Ibères, puis ravagé à son tour l'Ibérie
(
Histoire
de
Fonds A.R.A.M