102
L ' A R M É N I E A L ' É P O Q U E H E L L É N I S T I Q U E
recommença sérieusement la lutte contre les Parthes, Artavazde.
revenant à ce qu'on pourrait appeler « le testament de Tigrane
le Grand », se joignit de nouveau aux Romains. Bien résolu à ne
pas renouveler les fautes de Crassus, Antoine emprunta contre
les Parthes l'itinéraire arménien, celui-là même qu'Artavazde
avait proposé aux légions dix-sept ans auparavant. A la fin de
l'année 36 avant J.-C, i l passa donc par l'Arménie, joignit à ses
forces la cavalerie d'Artavazde et envahit l'Atropatène, l'actue]
Azerbaïdjan persan, qui formait alors un royaume vassal de
l'empire parthe. Sur les conseils d'Artavazde, i l vint mettre le
siège devant la principale place de la contrée, Praaspa ou
Phraata
1
,
mais, la saison étant trop avancée, i l échoua. Arta–
vazde, doutant alors du succès de l'expédition (il avait espéré
recueillir de son concours l'annexion de l'Atropatène), ramena ses
troupes en Arménie. Antoine allait peu après battre lui-même en
retraite, retraite effectuée trop tard et qui, en raison de la saison
avancée, faillit tourner au désastre
2
.
Une fois rentré en Egypte, Antoine rejeta toute la responsa–
bilité de l'échec sur Artavazde. I l est certain que celui-ci n'était
pas sans reproche, car la retraite de ses troupes, bien qu'ordonnée
sans doute pour les sauver à temps, quand l'échec de l'expédition
était avéré, n'en avait pas moins achevé de compromettre les
opérations. Toutefois i l accueillit bien l'armée romaine qui, au
retour, put se refaire en Arménie. E t du reste, comme le remarque
Mommsen, le véritable responsable de l'échec était Antoine lui-
même. « Ce n'était pas le roi d'Arménie qui avait réduit à néant
les espérances placées sur Monaesès, qui avait causé la défaite de
Statianus, qui avait fait échouer le siège de Praaspa
3
. »
Quant
au point de vue contraire de Strabon
4
,
i l est' emprunté au récit
de Dellius, compagnon d'armes d'Antoine et qui l'écrivit comme
un plaidoyer pour son chef, probablement sur l'ordre de ce
dernier. « Si Antoine ne prit pas la route qui conduisait directe–
ment à Ctésiphon, conclut Mommsen, ce n'est pas qu'Artavazde
fût un mauvais guide, mais i l y eut là une erreur militaire, et
plus encore politique, du commandant en chef
5
. »
Antoine ne s'en vengea pas moins d'Artavazde. En 34, i l se
dirigea de nouveau vers l'Arménie en invitant ce dernier à se
1 .
Praaspa chez D I O N , X L I X , 2 5 . Phraata chez PLUTARQUE. On localisait
jusqu'ici cette place à Takht-i Soleimân. Minorsky vient d'établir qu'il s'a–
gissait sans doute de Marâgha. M I N O R S K Y ,
Roman and Byzantine
campaigns
in Atropatene,
dans
Bulletin of the School of Oriental Studies,
1 9 4 4 ,
X I , 2.
p. 2 5 8 - 2 6 3 .
2.
D I O N , X L I X , 2 5 - 3 1 ; A P P I E N ,
Guerres civiles, Y,
1 3 3 .
TTTE L I V B ,
Per.,
C X X X ; PLUTARQUE,
Antoine,
X X X V I I - L I I . V E L L E I U S PATERCULUS,
Hist.
Rom.,
I I , 82. FLORUS,
Épitome,
I I , 2 0 . STRABON, X I , 1 3 , 3-4.
3.
MOMMSEN,
Histoire romaine,
X , 191-192.
4.
STRABON, X I , 1 3 , 4.
5.
MOMMSEN,
l. c ,
p. 192.
Fonds A.R.A.M