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L ' A RMÉ N I E A L ' É P O Q U E H E L L É N I S T I Q U E
Phraate I I I dont i l avait épousé la fille et qu'il détermina à
intervenir par les armes en Arménie
1
.
On était en 66 avant J.-C. Le grand-roi arménien avait donc
dans les soixante-quatorze ans et i l se remettait à peine de l'in–
vasion romaine quand les Parthes se jetèrent sur ses États.
D'une traite, ils pénétrèrent jusque sous les murs d'Artaxata,
mais là s'arrêtèrent leurs succès. Nous avons vu d'après Strabon la
forte position de cette ville « couverte de trois côtés par l'Araxe
et du quatrième par des fortifications massives ». La cavalerie
parthe n'était pas outillée pour la poliorcétique. A l'approche de la
mauvaise saison, Phraate I I I ramena la majeure partie de ses
troupes derrière le Tigre en laissant à son gendre, Tigrane le
Jeune, le soin de continuer le siège. A peine les Parthes disparus,
le vieux Tigrane revint et n'eut, semble-t-il, aucune peine, le
loyalisme aidant, à écraser son fils rebelle. Ce dernier alla se
donner au général romain Pompée qui venait de remplacer
Lucullus à la tête des légions d'Asie Mineure : le jeune homme,
obstiné dans sa trahison, s'offrait à guider les aigles romaines à
travers l'Arménie.
Pompée n'eut garde de négliger une telle occasion. Réussis–
sant d'emblée où Lucullus avait échoué, i l passa du haut Euphrate
dans la vallée de l'Araxe qu'il descendit en direction d'Artaxata.
Quand i l ne fut plus qu ' à 15 milles de cette capitale, Tigrane le
Grand accepta de traiter. Que pouvait en effet le vieux roi ?
Son fils s'était fait le complice et le fourrier de l'ennemi. Tandis
que les Romains l'attaquaient de l'Ouest, les Parthes pouvaient
renouveler leur invasion à l'est. De surcroît, i l avait des raisons
de soupçonner Mithridate d'être l'instigateur de la révolte de ses
fils. Préférant, au milieu de toutes ces trahisons, s'en remettre à
la générosité de Pompée, i l se rendit au camp romain. Sa confiance
fut, somme toute, récompensée. Quand i l vint, selon l'usage
antique, se jeter en suppliant aux pieds de Pompée, le général
romain le releva, lui replaça le diadème sur la tête et l'assura
qu'il n'avait point perdu son royaume mais, au contraire, gagné
l'amitié du peuple romain
2
.
De fait, Tigrane ne dut renoncer qu'à
ses conquêtes extérieures — Syrie, Commagène, Osrhoène, Mygdo-
nie —, à la vérité déjà depuis longtemps perdues, et, moyennant
une contribution de guerre, i l fut admis au nombre des amis
et alliés du peuple romain. Quant au fils dénaturé, i l fut juste–
ment puni de sa trahison. Pompée lui avait d'abord promis la
Sophène, puis, comme, mécontent d'un si faible cadeau, le jeune
homme prenait une attitude insolente,
Yimperator
le fit charger
1.
A P P I E N ,
Mithridate,
104.
D I O N , X X X V I , 5 1 .
2.
A P P I E N ,
Mithridate,
104.
P L U T A R QU E ,
Pompée,
X X X I I I , 1-4. DION,
X X X V I , 50-53. CICÉRON,
Pro Sestio,
X X X V I I , 58. V A L È R E M A X I M E , V,
1,
9.
EUTROPE, V I , 13.
Fonds A.R.A.M