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naire faculté d'observation et de compréhension,
grâce surtout à ses longues et lointaines pérégri–
nations en Turquie, au Caucase, en Perse. Par–
tout et toujours, i l observait attentivement et
étudiait minutieusement la vie arménienne, et les
antiques ruines de la patrie. Partout il rallumait
le feu patriotique par ses sermons entraînants,
par son langage simple et biblique. 11 relevait
les courages abatlus, les cœurs accablés, invitant
tout le monde à l'action, à l'œuvre inlassable de
la reconstitution de la patrie.
Sa plume ne fut pas moins forte que son ver–
be. Que de puissance, que de beauté, que de
flamme dans ces appels, dans ces pleurs, dans
ces cris désespérés et suppliants, dans ces en–
couragements énergiques, mâles et belliqueux
qui abondent dans les écrits de Khrimian, à da–
ter de sa première publication, « Heravirag Ara-
ratian », où la lyre du poète commence à chan–
ter, jusqu'aux pages sublimes de 1' « Ardzive
Vaspourakani », dans lequel il expose, aux yeux
du lecteur, l'immense Arménie avec ses specta–
cles les plus grandioses et les plus touchants,
avec ses ruines tristes et glorieuses, avec l'ombre
encore parlante des Mesrop, des Vardan, des
Sahak...
Et le lecteur émerveillé, au milieu de cette
galerie immense mais délaissée, entrevoit, dres–
sé sur les ruines, le géant, le patriote, pleurant,
exhortant, encourageanit sans cesse, appelant les
enfants errants de l'Arménie : « Vers la patrie !
Vers la patrie ! Réveillez-vous, fils de Haïk ! ré–
veillez-vous ! Car le soleil de la civilisation a
point à l'horizon des cieux ; i l n'y a plus de des–
potisme barbare ! »
Quel spectacle ravissant que celui de ce soleil
Fonds A.R.A.M