fusé de r i e n faire pour le salut de l a nation ar–
ménienne quand seuls i l s pouvaient agir, voilà
donc pour le futur procès des Allemands, le pre–
mier chef d'accusation. I l est grave. Le second
grief est sinistre.
Quel est le bu t caché qu'on veut atteindre par
la destruction de ces Arméniens? Impossible de
ne point se poser à soi-même la question. Mais
alors pleine lumière se fait, et i l en j a i l l i t contre
le Gouvernement allemand, contre le peuple alle–
mand, la plus écrasante accusation.
Les Alle–
mands, et les Allemands seuls, sont appelés à
bénéficier de l'extermination du peuple arménien.
J'ai fait ressortir précédemment que les Ar –
méniens sont le facteur essentiel et l a sûre ga–
rantie" de l'indépendance économique et politique
des Turcs en Asie Mineure. Par là même i l s sont
pierre d'achoppement aux visées dominatrices de
l'Allemagne. Elevés en grande partie dans les éco–
les françaises et américaines, i l s parlent français
et anglais. E n relations commerciales avec l ' Eu –
rope Occidentale et avec l'Amérique, et principa–
lement avec l'Angleterre, ils font naturellement
échec aux commis-voyageurs
allemands. De
même, parce qu'à l'intérieur de l'Asie Mineure
ils forment seuls l'élément agricole au point de
pouvoir résister victorieusement à l a pénétration
des colons européens, ils se trouvent encore, à
leur insu, barrer la route à l a germanisation pro–
jetée de toute l'Anatolie. Si, après les massacres
de 1895-1896, le Kaiser Guillaume I I a fraternisé
Fonds A.R.A.M