Turcs au sérieux, parce qu'ils avaient cru que la
Constitution serait une vraie Constitution. Les
massacres d'Adana furent, contre les Arméniens,
le premier effort de ceux qui avaient hérité de la
politique et des procédés d'Abdul-Hamid, en
même temps qu'ils avaient usurpé son pouvoir.
J'ai entendu, à cette époque, plus d'un Jeune
Turc des plus en vue, approuver de tout cœur
«
le bon mot », alors en circulation: «
Le seul
moyen de se débarrasser de la question armé–
nienne, c'est de se débarrasser des Arméniens. »
Achever l'œuvre commencée à Adana a été l'idéal
politique pendant six ans. L'occasion de le réa–
liser se présenta. Elle fut immédiatement saisie.
A l'heure où commençait l'attaque des Darda–
nelles par les Alliés, i l était de notoriété publique
à Constantinople que l'édit de mort de la race
arménienne, depuis longtemps signé et tenu en
réserve dans les casiers de la Sublime-Porte et
du Séraskérat, allait en être tiré et mis à exécu–
tion. Est-il possible de croire que l'Ambassade
d'Allemagne ne savait rien? que Talaat Bey
donna les ordres sans avoir pris langue avec le
Baron von Wangenheim? Est-il possible que le
Gouvernement Allemand à Berlin ait tout ignoré,
même si son représentant à Constantinople ne
p r i t pas soin de l'informer?
Voici les faits:
L'extermination d'un million et demi d'inno–
cents, sujets chrétiens mais sujets loyaux du
Fonds A.R.A.M