raux » ont démenti leur profession de foi. J'ai
d i t : hideux déni de justice, parce qu'aucun des
éléments de l'Empire n'avait accueilli plus cor–
dialement l'avènement du Régime constitution–
nel, n i plus loyalement soutenu les Jeunes-Turcs
que l'élément arménien. Son unique faute, si
faute i l y a, pendant les neuf premiers mois de
l'ère constitutionnelle, fut de manifester ouverte–
ment — et combien allègrement ! — sa touchante
confiance envers les hommes de Salonique. I l
applaudit à la révolution parce qu'il la crut sin–
cère. I l accorda partout au nouveau Régime son
appui spontané et enthousiaste. Bref, i l eut foi
dans les Jeunes-Turcs jusqu'au jour où les Jeu–
nes-Turcs se chargèrent eux-mêmes de le désa–
buser.
Après que les massacres eurent cessé sur un
mot d'ordre de Stamboul, j ' a i entendu un officier
Jeune-Turc prendre la parole devant les survi–
vants, dans la cour de la Mission américaine à
Tarsous. I l leur déclara que tout danger était
passé: le récent désastre n'était dû qu'à la con–
tre-révolution d'Abdul-Hamid; désormais ils
pouvaient être assurés que régnerait pour eux le
Régime de la Liberté, de l'Egalité et de la Fra–
ternité. I l ajouta que les Jeunes-Turcs avaient
souffert de la tyrannie tout autant que les Ar–
méniens et qu'ils avaient partagé les mêmes i n –
fortunes. Avec une foi sublime — sublime bien
que stupide, — la masse de la population armé–
nienne crut, ce jour-là encore, à la sincérité du
Fonds A.R.A.M