de pudeur. Mais la majorité des fonctionnaires
répondit avec empressement aux suggestions ve–
nues de la capitale; ceux qui ne marchèrent pas
furent bien vite remplacés.
Une nouvelle ère de massacres s'ouvrit donc.
Au début, afin que la tâche pût être accomplie
avec le moins de risques possible, toute la popu–
lation virile arménienne qui restait encore dans
les villes et dans les villages, était mandée et
réunie à l'endroit convenable, généralement hors
de la ville; la gendarmerie veillait à ce que cha–
cun répondit exactement à l'ordre d'appel. Per–
sonne n'était oublié. Et quand tous les hommes
étaient rassemblés, on les égorgeait. Cette ma–
nière de procéder était réalisable dans les petites
localités; dans les centres plus importants, i l
n'était pas toujours possible d'exécuter aussi
simplement et rapidement les ordres venus de
Stamboul. Les Arméniens notables étaient alors
assassinés dans la rue ou dans leurs maisons.
S'il s'agissait d'une ville de l'intérieur, les hom–
mes étaient envoyés sous escorte dans « une
autre ville » et, peu d'heures après, les gardiens
revenaient sans leurs prisonniers. Si c'était une
ville du littoral, les hommes étaient transportés
dans des barques hors du port et conduits à « un
autre port » ; et les bateaux revenaient bientôt
vides de leurs passagers.
Pour écarter toute possibilité de résistance
parmi les Arméniens mobilisés pour les travaux
du chemin de fer ou des routes, on avait adopté
Fonds A.R.A.M