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lors. Ayant été moi-même au nombre des écri–
vains de la presse européenne et américaine qui
s'occupèrent des affaires de Turquie, je puis dé–
clarer en conscience que, durant les premières
années si difficiles (et si décevantes surtout!) du
Régime constitutionnel, notre confiance dans les
Jeunes-Turcs était inébranlable. Parfaitement
convaincus comme nous l'étions tous que la fin
justifierait les moyens, tous sans exception, je
le crains, nous avons péché contre nos propres
convictions par
Suppressio veri,
sinon par
Sug-
•
gestio falsi.
La diplomatie occidentale se montrait aussi
favorable aux Jeunes-Turcs que la Presse. Plu–
sieurs des Grands Vizirs qui, depuis, se sont
succédé, me l'ont assuré: ce fut la loyale coopé–
ration de Londres et de Paris, avec la bonne vo–
lonté que l'on mit à s'abstenir de toute critique
et à passer sur bien des choses, qui permirent
de maintenir la nouvelle Constitution, malgré
toutes les difficultés rencontrées dans le premier
hiver et malgré les orageuses journées de I
contre-révolution tentée par Abdul-Hamid.
J'eus la chance d'aller en Turquie dans les
premiers mois du nouveau Régime et de séjour–
ner à Constantinople et en Asie-Mineure jusqu'à
la fin de la désastreuse guerre avec les Etats
Balkaniques. De 1908 à 1913, j'eus de nombreu–
ses occasions de voyager en Turquie d'Europe et
d'Asie, de connaître les hommes qui dirigeaient
les destinées de l'Empire Ottoman et d'être té
Fonds A.R.A.M