moin des événements qui, en cinq années, chan–
        
        
          gèrent les espérances de régénération en prévi–
        
        
          sions, hélas! trop claires, de ruine. A Smyrne, à
        
        
          Constantinople, à Beyrouth, je pris part aux
        
        
          fêtes organisées pour célébrer l'avènement du
        
        
          nouveau Régime et j'assistai à l'apparente récon–
        
        
          ciliation entre Musulmans, Chrétiens et Juifs.
        
        
          Les prêtres chrétiens et les ulémas musulmans
        
        
          s'embrassaient dans les rues et étaient promenés
        
        
          à travers la ville dans la même voiture, comme
        
        
          en un cortège triomphal.
        
        
          Je fus surtout en situation d'avoir, dès le dé–
        
        
          but, d'étroites relations avec les Arméniens de
        
        
          Turquie et de pénétrer leurs sentiments envers
        
        
          les Jeunes-Turcs et le nouveau Régime. J'étais
        
        
          en avril 1909 à Adana où leur enthousiaste loya–
        
        
          lisme fut récompensé par le massacre de 30.000
        
        
          des leurs, tant en Cilicie qu'en Syrie septentrio–
        
        
          nale. J'ai pu observer l'attitude de ces Arméniens
        
        
          d'Adana avant le massacre. Leur sang fut versé
        
        
          sous mes yeux. Je me suis encore trouvé au
        
        
          milieu de leurs compatriotes en différentes loca–
        
        
          lités lorsque la fureur des tueries se fut calmée.
        
        
          J'écris à contre cœur ce préambule à la pre–
        
        
          mière personne; mais je crois la chose nécessaire
        
        
          afin de détruire d'avance toute objection qui
        
        
          pourrait être faite à mes déclarations et pour
        
        
          qu'on ne vienne pas dire que « je ne connais pas
        
        
          bien la question » ; ou qu ' « i l est impossible à
        
        
          quiconque n'y a pas assisté, de se former un j u –
        
        
          gement sur les événements ». Je l'ai, en effet, i n -
        
        
          Fonds A.R.A.M