HISTOIRE D'ARMÉNIE.
a
Assyriens, alors que notre Zarmaïr, soumis aux
Assyriens, marche à la tête d'un faible détache–
ment avec l'armée éthiopienne, an secours de
Priam? Là [Zarmaïr] meurt frappé par les braves
Hellènes, par Achille lui -même , je le veux, et
non. par un autre héros.
Des fables des Perses, touchant Piourasb-As-
tyage(i).
Quel est donc chez toi cet amour pour les fa–
bles grossières et insensées, de Piourasb-Astyage ?
et pourquoi cet empressement à connaître les
contes incomplets, ridicules et absurdes des
Perses, touchant sa première et perfide bonté ;
l'assistance que lut prêtent les
dev
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le pouvoir
qu'il a de faire triompher l'erreur et le men–
songe ; le baiser des épaules, qui produisit l'en–
fantement des dragons ; et depuis lors la recru–
descence de sa cruauté, qui lui fait sacrifier les
hommes aux appétits de son ventre ? Puis, com–
ment Firidoun (Hroul èn) , l'ayant chargé de
chaînes de bronze, le conduisit sur la montagne
appelée Dembavend (a) ; comment Firidoun s'en–
dormit en chemin et Piourasb l'entraîna vers la
colline. Firidoun se réveille, conduit Piourasb
dans une caverne de la montagne, l'enchaîne,
se
place devant lui comme une barrière; atterré,
Piourasb reste enchaîné dans ses fers et n'a plus
le pouvoir d'aller dévaster la terre (3).
(1)
Ce chapitre, qui ne porte pas de numéro, est un
morceau détaché que Moïse de Khorène a placé en cet
endroit .pour compléter les renseignements qu'il nous a.
transmis sur Astyage, et qu'il a rédigé bien malgré lui,
comme il • nous l'apprend lui-même, pour être agréable
à Sahag le Bagratide qui lui avait demandé de traiter
spécialement des fables relatives à Astyage, d'après les
écrivains perses.
(2)
L'auteur fait allusion ici à l'épisode de la lutte
de Zohak et de Firidoun que Firdou/i a racontée dans
son. poème du
Schah-namch
(
le livre des Sois, éd.
Mohl, dans la « Collection orientale » ). Astyage ne serait
autre que Zohak, que les Arméniens ont surnommé
Piourasb, c'est-à-dire « ayant dix mille chevaux » (Du-
beux,
Citron, de Tabary,
t. I , p. 98 et note). Les Per–
sans donnent aussi à Zohak le surnom de
Mari,
c'est-à-
dire .« serpent », faisant ainsi .allusion aux deux serpents
des épaules de Zohak. —Cf. Malcolm,
Hist. de la Perse
(
trad. franc.), t. I , p. 26 et suiv.
(3)
Le pic de Damavend doit son nom à la ville du
même nom, qui est la capitale du Tabaristan. C'est un
ancien volcan qui jette de temps à autre de la fumée,
et le soufre, qu'on trouve dans les petits cratères qui
sont à sa base, pourrait faire conclure que le cône ren–
ferme le cratère d'un volcan. Les tremblements de terre
sont fréquents dans toute la contrée que domine le pic
de Damavend, et au commencement de ce siècle les se–
cousses furent si violentas que plusieurs villages furent
Quel besoin as-tu de ces fables mensongères.
de ce fatras d'histoires absurdes et insensées?
Sont-ce là, par hasard, ces* fables grecques si no–
bles , si sensées et si raisonnables, qui sous une
forme allégorique cachent des choses véritables?
Mais ta nous dis de donner les raisons et le sens
de leurs sottises et que nous embellissions ce qui
est dépourvu d'ornements. [Reçois ( i ) de nous
cette réponse : Qu'as-tu besoin de tout ceci?
qu'as-tu besoin de connaître des choses qu'il est
inutile de désirer et qui augmentent la somme
de nos fatigues?] J'y consens toutefois en con–
sidération de ta jeunesse, car c'est un caprice
de ton âge non encore parvenu à la maturité. A
cause de cela, nous allons satisfaire en ceci tes
désirs.
Exposé de tout ce qui a l'apparence d'une certi–
tude touchant Piourasb.
Je prendrai dans son sens le plus large l'axiome
platonicien : « L'ami est-il à l'ami un autre, lui-
môme (a)? » Assurément non! Donc, après avoir
pour toi fait lepossible et l'impossible, nous ferons
encore ici la même chose, car nous avons de l'an-
'
tipatl lie pour ces histoires et ces récits, qui nous fa–
tiguent l'oreille en les entendant [répéter], et voici
qu'aujourd'hui, de ma propre main, je les écris,
en donnant un sens à ces récits qui n'en ont pas ;
j'expose ici des choses anciennes, incompréhen–
sibles pour les Perses eux-mêmes, pourvu qu'il
y ait pour toi plaisir ou avantage. Mais surtout,
n'oublie pas notre aversion pour de telles aber–
rations, puisque nous n'avons point cru conve-
| nable de les-insérer dans notre premier livre, pas
'
même dans les dernières lignes, et leur place est
tout à fait spéciale. Maintenant je commencerai
ainsi :
L'ancêtre des Perses, appelé par eux Piourasb-
Astyage, vivait sous Nemrod. Lors de la division
des langues sur toute la terre, il n'y avait ni
confusion, ni absence de directeurs et de chefs,
mais, sur un signe de la divine providence, des
princes et des chefs de race furent désignés cha–
cun pour régir des Etats organisés et puissants.
Je connais parfaitement ce nom de Piourasb,
c'est le centaure Pyrète, comme je l'ai trouvé
renversés. —Cf.Dubeux,
la Perse,
dans l'«Univers pitto–
resque », p. 27.
(1)
Ce qui est entre crochets [ ] manque dans pres–
que tous les manusc. ; les frères Winston ont donné
ce passage d'après le texte dont ils se servirent pour
leur édition.
(2)
4
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Fonds A.R.A.M