dans un livre chaldéen
(
i).
Piourasb, non par
l'effet de sa bravoure, mais par sa puissance et
son adresse, possédait le gouvernement de sa na–
tion, sous l'autorité de Nemrod. I l voulait ensei–
gner que tout doit être mis en commun; il disait
que personne ne doit posséder rien en propre;
que toute parole, toute action devaient être con–
nues. Il ne pensait rien en secret, mais il révé–
lait par sa parole tous les secrets de son cœur. I l
autorisait ses amisà entrer [chez lui] et à en sortir,
la nuit aussi bien que le jour. Cette manière
d'agir est ce qu'on appelle sa première et sa per–
fide bonté.
Habile en astrologie, il voulait aussi apprendre
l'art des maléfices, mais il ne peut réussir, car,
nous l'avons dit plus haut, il était habitué., par
artifice, à tout faire au grand jour. Or, apprendre
publiquement l'ensemble des arts magiques n'é–
tait pas chose possible ; il simule, pour s'adonner
à cette abominable étude, des douleurs corpo–
relles , il feint des souffrances qui ne peuvent être
guéries que parla vertu de quelques paroles, de
quelque nom horrible, que très-certainement
personne ne peut entendre. Un esprit malin, qui
pratiquait la science infâme, la lui enseignait dans
la maison et même dans les lieux publics, et, po–
sant la tête sur les épaules de Piourasb, sans lui
faire aucun mai et lui parlant à l'oreille, il lui
enseignait Fart des maléfices. Celui que les Per–
ses, dans leurs fables, appellent le fils de Satan,
servait Piourasb dans tous ses désirs ; puis il lui
demandait un présent et l'esprit lui baisait les
épaules.
En ce qui concerne la naissance des dragons,
ou Piourasb même devenu dragon, voici le fait
tel qu'on le raconte : Piourasb se mit à faire con-
(1)
Le centaure Pyrète, qui fut tué par Périphas aux
noces de Pirithoùs, est rappelé dans ces vers d'Ovide
(
Métam.,
liv. XII ) :
«
Quid tibi vie
tore
gemini
Periphanta Pyreti,
«
Ampyca
quid
referam ? »
Seulement on doit dire que Moïse de Khorène s'est étran–
gement mépris, en assimilant ce centaure à Astyage,
d'après un document chaldéen. Il est possible qu'à l'é–
poque de la décadence, où les chrétiens de POrient ai–
maient à faire des rapprochements entre les mythes de
l'Occident et ceux de l'Asie, un écrivain chaldéen, ou
plutôt syrien, ait cherché à prouver l'analogie qu'il
avait cru trouver entre le nom de Pyrète et celui de
Piourasb, et que Moïse de Khorène ait cru de bonne
foi à ce rapprochement bizarre ; mais, de nos jours, les
procédés les plus élémentaires delà critique philologique
ont surabondamment démontré que ces sortes de rap–
prochements ne sont basés, pour la plupart du temps,
que sur des ressemblances de noms tout à fait arbi–
traires.
tinuellement aux
dev
des sacrifices humains, jus–
qu'à ce qu'enfin, lassé de lui, le peuple le chassa.
II s'enfuit alors dans les contrées montagneuses
mentionnées plus haut, et, comme on le poursui–
vait activement, son armée l'abandonna. Alors
ceux qui le poursuivaient, croyant qu'ifs n'a–
vaient rien à redouter de lui, se reposèrent quel–
ques jours en cet endroit. Piourasb, ayant ras–
semblé ses [soldats] dispersés, fond à l'improviste
sur les ennemis, et leur fait éprouver de grandes
pertes. Cependant ceux-ci plusnombreux finissent
par l'emporter, et Piourasb s'enfuit [denouveau].
Parvenu près de la montagne, il est tué, et jeté
dans un gouffre rempli de soufre
(
i ) .
L I V R E D E U X I EME .
TABLE DES CHAPITRES DU LIVRE DEUXIEME.
I . [Préface du livre deuxième.]
I I . Règne d'Arsace (Arschag) et de ses fils. —
Guerre contre les Macédoniens. —Amitié avec
les Romains.
III. Arsace établit Valarsace (Vagharschag) roi
d'Arménie.
IV. Comment Valarsace, à la tête de l'élite des
Arméniens, marche contre les alliés des Macé–
doniens.
V. Combat de Morphilig.— 11 est tué d'un coup
de lance.
VI. Valarsace organise les parties occidentales
et septentrionales de notre pays.
VIL Organisation du royaume. —D' où Valar–
sace tire toutes ses satrapies. — Comment il
règle ses institutions.
VIII. Seconde dignité du royaume, conférée aux
descendants d'Astyage, roi des Mèdes.
IX. De notreArsacepremier. —Ses faits et gestes.
X . D'où cette histoire est-elle tirée, après le livre
de Mar Apas Catina ?
X I . De notre Ardaschès premier. I l s'empare du
premier rang.
XI I . Ardaschès part pour l'Occident, mit Crésus
prisonnier, et donne à l'Arménie les idoles
qu'il a enlevées.
XI I I . Preuves des conquêtes d'Ardaschès, et
comment il fit Crésus prisonnier, d'après les
autres historiens.
XIV. Règne de Tigrane (Dikran)II. — Sa résis-
(1)
Il est évident que Moïse entend parler ici du cra–
tère du Damavend dont nous avons parlé plus haut,
p.
49,
note %.
Fonds A.R.A.M