pelée Scharoura. La princesse Satinig, dit-on
encore, convoite avec ardeur, de la table d'Ar-
kavan, l'herbe
ardakhour
et l'herbette
ditz.
N'admires-tu pas davantage ici encore notre
véracité historique, et comment nous avons pu
découvrir le secret des dragons qui habitent sur
le libreMassis?
CHAPITRE X X X I .
Quelles sont les races issues de Tigrane, et quels
sont les rameaux de ces races?
Peindre avec exactitude et sincérité Tigrane
premier, et rapporter tous ses actes, est pour
moi, historien, une tâche agréable au milieu de
mes récits ; et pour toi, lecteur, tous ces discours
sur Tigrane, fils d
1
Erouant, seront remplis de
charmes. Comme le héros et ses hauts faits nous
intéressent, il en sera de même aussi de son his–
toire. C'est pourquoi il me plaît de nommer et
de rappeler pour la valeur Haïg, Aram , Tigrane ;
car selon moi les fils des braves sont des braves.
Quant aux hommes de second ordre, qu'on les
appelle comme on voudra. Mais, d'après l'opi–
nion adoptée lorsqu'il s'agit des héros, notre ap–
préciation est juste : il n'y a pas d'Aramazd ;
mais quelques-Uns veulent qu'il y en ait plu–
sieurs, même quatre appelés Aramazd, dont l'un
est un certain Gunt Aramazd. Ainsi beaucoup
de princes se nomment Tigrane : un seul est
descendant de Haïg, c'est celui qui tua Astyage,
emmena sa maison en captivité, ainsi qu'Anouïsch,
la mère des dragons, et, avec le consentement et
l'appui de Cyrns, s'empara de l'empire des Mo–
des et des Perses.
Ses fils furent Pap, Diran, Vahaken, au sujet
duquel la fable dit :
«
Le ciel et la terre étaient dans l'enfantement,
«
La mer aux reflets de pourpre était aussi en travail,
«
Dans la mer naquit un petit roseau vermeil,
«
Du tube de ce roseau sortait de la fumée,
«
Du tube de ce roseau jaillissait de la flamme,
«
De cetteflammes'élançait un jeune enfant,
«
Ce jeune enfant avait une chevelure de feu,
»
Il avait une barbe de flamme,
«
Èt ses petits yeux étaient deux soleils. >»
On chantait ses louanges au son du pampirn, et
nous les entendîmes de nos propres oreilles; puis
on répétait dans les chants ses combats, ses vic–
toires contre les dragons, et ses exploits égalant
ceux d'Hercule. On disait même qu'il était placé
au rang des dieux, et, dans le pays des Ibériens
(
Virk), on lui éleva une statue à laquelle on of–
frit des sacrifices. De lui descendent les Vahnouni ;
de son fils puîné Aravan sont issus les Aravc-
niens. De Vahaken naquit Aravan ; d'Aravan,
Nersch ; de Nerseh, Zarèh ; des rameaux de la
race de Zarèh viennent les races appelées de
Zarehnavan : Armok, premier né de Zarèh; Pa-
kam, fils d'Armok ; Van, fils de Pakam ; Vahé,
fils de Van. Vahé périt en combattant contre
Alexandre de Macédoine.
Depuis cette époque jusqu'au règne de Valar–
sace en Arménie, je n'ai plus rien de certain à
te rapporter ; car, aumilieu du conflit des bandes
insurgées, on voyait beaucoup d'ambitieux se
disputer le gouvernement de notre patrie. C'est
pourquoi Arsace ( Arschag) le Grand, ayant envahi
sans peine l'Arménie, créa son frère Valarsace
roi du pays des Arméniens.
CHAPITRE X X X I I .
Guerre d' Jlion
(
Troie ) sous Teutamus. — Notre
[
roi] Zarmaïr s'unit, avec sa petite troupe, à
l'armée éthiopienne. — Sa mort.
Ta studieuse ardeur nous impose deux condi -
tions qui nous obligent à un travail fort difficile :
un exposé court et rapide, et en même temps
éloquent et sublime, un style platonique, exempt
de fausseté et vrai en tout point; bref, une his–
toire non interrompue à partir du premier
homme jusqu'à toi. H est impossible de réunir
toutes ces conditions; car le Créateur de toute
chose, quoique pouvant tout créer d'un signe en
un clin d'œil, ne le fait pas ; mais il assigne des
jours différents, des rangs distincts à ses créa–
tions; les unes sont créées le premier jour; les
autres, le second et le troisième, et ainsi de
suite. Ici, la même marche nous est indiquée
par la doctrine de l'Esprit-Saint. Tes désirs, nous
le voyons bien, ne veulent pas se plier à de telles
règles; il faut te dire tout avec exactitude, sans
rien omettre et à l'instant même. Alors, il v aura
des longueurs si l'histoire est développée Comme
tu le désires ; ou précipitation, et alors tu ne
seras point satisfait. Ainsi, et à cause même de ta
pressante insistance, nous n'avons point parlé en
leur temps, ni du Macédonien, ni de la guerre
iliaque; nous rappellerons donc ici ces faits.
Nous ne saurions dire s'il eût été d'un habile ou
d'un mauvais artiste de travailler alors, ou aussi
tardivement, ces pièces importantes et dignes
d'être exposées ici.
Quels doivent donc être les premiers de ces
faits, sinon ceux que raconte Homère relative–
ment à la guerre iliaque, sous Teutamus, roi des
Fonds A.R.A.M