ses enfants se séparèrent de lui (i). Ayant gagné
les confins du pays des Bactriens, il y séjourna,
dit-on, quelques jours ; mais un de ses fils s'y
fixa, car les contrées de l'Orient appellent Sim,
Zérouant, et son pays Zarouant (a), jusqu'à pré–
sent. Cependant souvent, très-souvent, les anciens
descendants d'Aram redisent ces traditions po–
pulaires au son du
pampirn
dans leurs ballades
et leur danses. » Que ces traditions soient vraies
oit fausses, peu importe; mais pour t'instruire de
tout ce qui se trouve dans la tradition et les livres,
je rassemble tout dans cet ouvrage, afin que tu
apprécies pleinement la sincérité de mon dévoue–
ment envers toi.
CHAPITRE VU .
Démontrer brièvement que l'homme du nom de
Bel [mentionné] par les écrivains profanes est
bien le Nemrotl des divines Écritures,
On raconte de Bel, sous qui vivait notre an–
cêtre ïfaïg, beaucoup d'histoires différentes ;
mais je dis que celui qu'on appelle Chronos et
Bel est bien Nemrod. Ainsi les Égyptiens s'ac–
cordent avec Moïse en dénombrant Ëpbaïstos, le
Soleil, Chronos, c'est-à-dire Cham, Chus et Nem-
rod; en négligeant Mcsdraïm, car ils disent
qu'Éphaïstos fut leur premier homme et l'inven–
teur du feu (3).
Pourquoi inventeur du feu, et pourquoi dit-
on que Prométhéc déroba le feu aux dieux pour
le livrer aux hommes? C'est une allégorie que le
plan de notre histoire n'autorise pas à rapporter
ici.
L'ordre des dynasties égyptiennes, toute la
succession, en remontant de la dynastie des Pas–
teurs jusqu'à Ëpbaïstos, témoigne surabondam–
ment du rapport avec la dynastie des Hébreux,
(1)
Rapprochez tout ce que Moïse de Khorène dit ici
des détails de la généalogie d'Arphaxad consignés aux
ch. X et XI de la Genèse. Le nom de
tzéronk
n'est
pas sans analogie avec celui de
Phaleg
qui, en hébreu, a
également le sens de « dispersion. » — Cf. Tuch,
Kom-
menlar ûber die Genesis,
p. 257. —Knobel,
die Vœl-
hertafel der Genesis.
p. 169.
Renan,
Hist. deslang.
sémit.,
p. 30 de la 3
e
édition.
(2)
Zarouant ou Zarcvant est un des cantons de la
Pcrsarménie, province qui fut souvent placée sous la
domination des Perses. On suppose que c'est la même
province qui est appelée
Zoaranda
ou
Zoroanda
par
Pline (
Hist. nat.,
liv. VI, ch. 27 ).
(3)
Manéthon, dans Syncelle, p. 18 C, et 51 B, qui a
lui-même emprunté les renseignements qu'il donne, à la
Chronique d'Eusèbe (éd. Aucher, t. I, p. 200.). —
Ch. Millier,
Frag. hist. grxc,
t. II, p. 530 et354.
en la faisant remonter depuis l'époque de Jo–
seph jusqu'à Sem, Chain et Japhet.
Assez sur ce sujet; car si nous voulions te
faire connaître l'histoire de tout ce qui s'est
passé depuis la construction de la tour jusqu'à
nous, quand pourrions-nous arriver à notre
propre histoire, objet de tes désirs, attendu
la longueur du travail et la limite courte et in–
certaine de la vie de l'homme ? C'est pourquoi
je commencerai par te faire connaître d'où et
comment notre histoire est tirée.
CHAPITRE VI I I .
Qui a trouvé ces récits, et d'où ils sont tirés ? '
Arsace (Arschag) ( i ) , grand roi des Perses et
des Partîtes, de nation parthe, ayant secoué,
dit-on, le joug des Macédoniens, établi sa puis–
sance sur tout l'Orient et l'Assyrie, tué Antio-
chus roi de Ninive, et soumis à son autorité tout
l'univers, met Son frère Val arsace (Vagharschag)
sur le trône d'Arménie (a), croyant rendre son
propre empire inébranlable. I l donne à Valar-
sace, Medzpin (INîsibe) pour capitale, une par–
tie de la Syrie occidentale, la Palestine, l'Asie,
toute la partie méditerranéenne et la Thétalie
(
Thidalia), la mer de Pont, jusqu'à l'endroit où
le Caucase aboutit à la mer occidentale, en outre
l'Adherbadagan (Adherbeidjan) et un autre pays
«
aussi étendu, dit-il à Valarsace, que tes pen–
sées et ta valeur te le feront concevoir; car ce
qui trace des limites à l'empire des forts, ce sont
leurs armes, et plus elles acquièrent de territoi–
res, plus ils en possèdent. » (3).
Valarsace,ayant disposé et réglé d'une manière
grande et digne toutes les parties de sa puissance
et organisé son empire, voulut savoir quels étaient
les princes qui, jusqu'à lui, avaient régné sur le
(1)
Arsace VMithridate I , cinquième successeur du
fondateur de la dynastie des Arsacides de Perse, régna
de l'an 173 à l'an 137 avant notre ère. — Cf. Saint-
Martin,
Fragm. d'une hist. des Arsacides,
t. I, p. 330
et suiv.
(2)
Procope (
de .Edifiais,
III, 1 ), qui avait consulté
les histoires de l'Arménie, raconte, probablement d'a–
près Moïse de Khorène, l'avènement au trône de Yag-
harschag en ces termes
:
Kal
TÔTC T I C T Û V ÈV
IlâpOoi; pa-
ci\étav
TÔV
àôsXç&v
TOV OC
O
TOV
*
ApjxevCôiç ffaatXéa
xxTe
<rnfj-
cato !A.p<yàxr,v avoua, ûaitep ^
TCOV
'
Apueviiov latopia
(3)
Cf. sur les conquêtes de Mithridate I , et l'établis–
sement de Valarsace, son frère, comme roi d'Arménie,
les
Fragm. d'une hist. des Arsacides
de Saint-Martin,
1.1,
p. 36, 37 et suiv., 364 et 354 suiv. 419 et suiv.
Fonds A.R.A.M