INTRODUCTION .
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tète des Œuvres complètes de cet auteur, et qui
cit sans contredit' le texte le plus parfait qui ait
encore été publié de cet ouvrage ( i ) . Des va–
riantes tirées des manuscrits de leur collection
enrichissent cette publication , sur laquelle nous
avons revu la traduction que nous offrons au–
jourd'hui au public savant.
On n'a pas encore dit le dernier mot sur le
texte de l'Histoire de Moïse de Khorène, et les
manuscrits de cet ouvrage qui existent à Edch-
miadzin, à Jérusalem et ailleurs, pourront per–
mettre d'améliorer certains passages du livre de
l'Hérodote arménien. Ainsi, depuis l'impression
delà dernière édition de l'Histoire de Moïse donnée
à Venise, il a paru à Tiflis un opuscule qui four–
nit des variantes nouvelles, et dont quelques-unes
sont fort importantes (a).
Nous dépasserions le cadre qui nous est tracé,
si nous voulions donner la liste fort nombreuse
des mémoires ou des notices qui ont été publiés
sur l'Histoire de Moïse de Khorène. Beaucoup de
savante en France et à l'étranger se sont livrés à
des études spéciales sur cet ouvrage capital qui
est assurément le livre historique le plus remar–
quable de toute la littérature arménienne. Moïse
est en effet le premier annaliste qui ait fait con–
naître en détail les origines de sa nation; et les
écrivains qui sont venus après lui se sont con–
tentés de reproduire ses récits, sans recourir aux
sources auxquelles il avait puisé. Nous dirons
seulement que nous avons fait une étude spéciale
sur les « Sources de l'Histoire de Moïse de Kho–
rène », où nous avons essayé de rassembler tous
les renseignements que nous avons pu trouver sur
les auteurs qu'a consultés Moïse et dont il a donné
de nombreux extraits (3).
(1)
Hist. des Armén.
(
Venise, Saint-Lazare, 1843),
1
vol. in-8° de 640 p. dont 277 pour l'Histoire de Moïse.
(2)
Comparaison de l'Hist. de Moïse de Khorène,
imprimée à Venise avec deux autres manusc, par Agop
Garinian (Tiflis, 1858), un vol. in-4° de 130 pages (en
arménien ).
(3)
Bulletin de l'Académie des sciences de Saint-Péters–
bourg, t. III, p. 531 et suiv. — Mélanges asiatiques
(
avril 1861), p. 293 et suiv.
Cf. aussi le t. I de la
Collect. des hist. d'Arm., p. 385 et suiv. — Je ne sau–
rais oublier ici de mentionner la notice que feu Saint-
Martin a publiée sur Moïse de Khorène (t. II du
Jour–
nal asiatique,
p. 322-344), et qui est fort intéressante
à cause des détails précieux qu'elle renferme ; mais je
dois à la vérité de dire qu'une
Notice sur Moïse de
Khorène,
par M. Lcudière, lue au Congrès historique
de 1838, et un
Essai
sur le même historien, publié à
En dehors des éditions de l'Histoire de Moïse
de Khorène publiées dans l'idiome arménien, il
existe de nombreuses traductions en langues eu–
ropéennes qui montrent combien cet important
ouvrage a été sérieusement apprécié par le monde
savant.
Le premier qui fit connaître en Europe l'His–
toire de Moïse de Khorène fut un Suédois, Henri
Brenner, bibliothécaire du roi, qui avait accom–
pagné en Perse Fabricius, ambassadeur de Char–
les XI . Éric Benzel, docteur en théologie et bi–
bliothécaire de l'Académie d'Upsal, lui avait re–
commandé , au nom de Leibnitz, de s'attacher
spécialement à l'étude des idiomes des peuples
qu'il visiterait. Henri Brenner, qui avait traversé
la Russie, franchi le Caucase et visité la Perse,
allait rentrer dans sa patrie en
1699,
muni de
nombreux renseignements et d'importants docu–
ments qu'il avait recueillis dans son voyage, quand
ia guerre éclata entre la Suède et la Russie. Le
voyageur fut retenu par ordre de Pierre le Grand
à Moskou, comme prisonnier d'Étal, à cause des
relations qu'il avait entretenues avec Sarug Khan-
bek, que la Perse, alors en guerre avec la Russie,
avait envoyé en ambassade en Suède. Brenner
subit une captivité de vingt et un ans, c'est-à-
dire depuis l'année
1700
jusqu'à la paix de Nystad,
signée le
10
septembre
1721
,
et qui mit fin à la
guerre désastreuse que la Suède soutint contre la
Russie. Pendant sa captivité, Brenner se trouva
en relation avec un* dominicain jacinthien, Jean
Bartholoraée ou Barthélémy, également prison–
nier comme lui
i
et qui avait appris la langue
arménienne pendant un séjour qu'il avait fait en
Arménie et en Perse. Jean Barthélémy avait avec
lui un manuscrit de l'Histoire de Moïse de Kho–
rène dcuit il traduisit des parties considérables
pour l'usage de .Brenner, qui les publia en latin,
quelques années après son retour en Suède
(1).
A la suite de cette publication, qu'il enrichit de
notes et d'observations nombreuses, Brenner a
donné, sous forme d'une lettre datée de Ulm,
Paris en 1866, par M. Pichard, sont des écrits sans au–
cune valeur, et qui dénotent de la part de leurs auteurs
une très-grande inexpérience de la langue arménienne,
et un défaut absolu d'érudition et de critique.
(1)
Epitome commentariorum Moysis Arment de
origine et regibus Armenorum et Parthorum, item
séries principum Iberiœ et Georgix....
(
Stokholm, J . L.
Hornn, 1733), in-4° de 108 pages.
4.
Fonds A.R.A.M