INTRO]
rendre l'ouvrage de Moïse plus complet et plus
conforme aux besoins de leurs compatriotes
(1).
On attribue à Moïse de Khorène un « Traité de
rhétorique », appelé aussi « Livre des chries »,
qu'il rédigea pour l'usage d'un de ses disciples
appelé Théodore (a). Cet ouvrage renferme dix
discours ou livres, dont voici les titres : chries,
conseils, réfutation, lieux communs, apologie,
blâme, comparaison, allégorie, déclamation et
composition. L'auteur a donné des exemples
pour chacune des figures de rhétorique décrites
dans son traité ; mais ces exemples sont empruntés
en notable partie à des écrivains de la décadence,
c'est-à-dire aux rhéteurs et aux sophistes qui
avaient détrôné, dans les écoles de la Grèce, les
anciens écrivains qui furent autrefois la gloire
et l'ornement des lettres helléniques. Ainsi Moïse
de Khorène, élevé à l'école des rhéteurs et des
sophistes de la décadence, a emprunté les mo–
dèles qu'il donne dans son traité, à Hermogène
de Tarse, à Théon, à Aphthonius, à Libanius,
l'ami de saint Basile et le maître de saint Jean
Chrysostome, etc. La différence de style qui se
fait remarquer entre l'Histoire de Moïse et leTraité
de rhétorique a fait considérer ce dernier ou–
vrage comme apocryphe ; maisGuiragos de Kant–
zag (3) et Assoghig (4) n'hésitent pas à reconnaître,
dans le Livre des chries, l'œuvre de Moïse de
Khorène. Les écrivains qui s'élèvent contre l'au–
thenticité de cet ouvrage sont d'une époque ré–
cente relativement, et on ne doit attacher aucune
importance à l'allégation d'Arakhel vartabed qui
attribue le Livre des chries à David l'Invincible,
puisqu'un auteur anonyme, en reproduisant le
passage d'Arakhel, mentionne,, au lieu du Traité
de rhétorique, un livre philosophique qu'il appelle
Éagatz kirkh
«
Livre des Êtres » (5). Certains
critiques supposent que le Traité de rhétorique
de Moïse de Khorène, qui renferme des traces
non équivoques d'hellénisme, a d'abord été com-
(1)
Indjidji,
Antiquités de VArm.
(
en arm. ), t. III,
p. 303 et suiv.
(2)
La première édition de cet ouvrage fut publiée à
Venise par le P. Zohrab en 1796, et une seconde fois en
1841.
Cet ouvrage fait aussi partie de la collection des
Œuvres complètes de Moïse de Khorène, en arménien,
p. 341 et suiv.
(3)
Guiragos de Kantzag,
Hist. d'Arm.
(
en arm.), p. 16
et 1-7 (Venise,'1865).
(4)
Assoghig,
Hist. univ.
(
en arm.), p. 77-78 (éd. Pa–
ris, 1859).
(5)
Karékin,
Hist. de la Uttér. arm.,
p. 270, note 1.
I1I9TOR. ARMÉNIENS.
—
T. I I .
UCTION.
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posé en grec et traduit plus tard en arménien. Il
est fort difficile de résoudre cette question, et les
preuves qu'on avance à cet égard sont loin d'être
concluantes. Tout ce qu'on peut admettre, c'est
que ce livre a subi sous la plume des copistes de
notables-modifications, qu'on y a fait des chan–
gements considérables, en interpolant dans plu–
sieurs chapitres des passages qui n'existaient pas
dans l'original. Ainsi, pour n'en citer qu'un
exemple, nous dirons que, dans un ancien ma–
nuscrit , le récit du combat de David et de Go–
liath est attribué à Khosrov le traducteur (i).
En dehors des grands ouvrages de Moïse de
Khorène, on doit encore à cet écrivain plusieurs
opuscules. Le principal est « l'Histoire de la sainte
Mère de Dieu et de son image ». L'histoire ecclé–
siastique arménienne rapporte que, dans le mo–
nastère d'Hokotz-Vank, situé dans le canton d'An-
tzévatzi, province de Vasbouragan
(2),
on révérait
une image de la Vierge en bois de cyprès, que
l'on disait avoir été sculpté par l'évangéliste Jean.
A la mort de la Vierge, Barthélémy fut le seul
des apôtres qui n'assista pas à ses derniers mo–
ments , parce qu'il prêchait alors l'Évangile en
Arménie. Ses compagnons, pour lui laisser un
souvenir de la Mère de Dieu, lui firent don de
cette image qu'il emporta en Arménie, et dont il
dota une église auprès de laquelle on éleva le
monastère d'Hokotz. Sahag l'Ardzrouni demanda
à Moïse de Khorène d'écrire l'histoire de cette
image et de la lui adresser. Moïse accéda au voeu
de Sahag, et composa cet opuscule qui nous a été
conservé (3)
Moïse écrivit aussi une « Apologie de sainte
Hri psimè
(4),
»
qui est différente de l'histoire des
pérégrinations des Hripsimiennes, qui a été com–
posée à une époque postérieure.
Guiragos, en donnant la liste des ouvrages de
Moïse (5), lui attribue Un « Discours sur la fête
des Rameaux » qui parait être l'œuvre d'un autre
Moïse. I l en est de même de plusieurs autres
écrits qui ont dû être composés par des homo-
(1)
Karékin,
op. cit.,
p. 271 et 272.
(2)
Indjidji,
Géogr. anc,
p. 198 et suiv. —
Géogr.
mod.,
p. 157. —Cf. aussi Vartan,
Géogr.,
dans Saint*
Martin, t. II, p. 418-419.
(3)
Œuvres complètes de Moïse de Khorène, p. 283
à 296.
(4)
Id., p. 297 et suiv.
(5)
Guiragos,
Hist. d'Arm.,
p. 16, 17.
Fonds A.R.A.M