de positif sur les circonstances de sa mort, c'est
qu'il était dans le canton de Daron, quand l'âge
et ies infirmités (i) le conduisirent au tombeau,
et qu'il fut enseveli dans l'église du monastère
des Apôtres, qu'on appelait aussi couvent de
Lazare ou d'ÉIéazar, et qui était situé dans les
environs de la ville de Mousch (a).
Moïse de Khorène appartient à la classe des
disciples de saint Sahag et de Mesrob, et fait
partie du cycle des seconds traducteurs
(3).
On
sait qu'il travailla à la version des Livres-Saints,
que les Arméniens entreprirent de donner d'après
le texte grec de la Bible des Septante
(4)*
Quel–
ques critiques lui attribuent, non sans raison, la
traduction de la Chronique d'Eusèbe et la Vie
d'Alexandre du Pseudo-Callisthène, ainsi que
d'autres écrits
(5).
Mais ce qui contribua surtout
à répandre la réputation de Moïse, ce sont ses
travaux originaux, dont le nombre est très-con–
sidérable , et dans lesquels il se montre à la fois
théologien, historien, rhétoricien, géographe
et panégyriste
(6).
Son principal ouvrage est
l'Histoire d'Arménie qu'il rédigea à la de–
mande de Sahag le Bagratide
(7),
et qu'il com–
posa à l'aide des écrits des Grecs, des Syriens,
des Chaldéens, et des sources nationales et bibli–
ques. Sa vaste érudition lui permettait d'entre–
prendre une œuvre aussi capitale, et c'est l'en–
semble des matériaux dont il a tiré parti, joint au
talent d'écrivain qu'il a déployé dans cet ouvrage,
que Moïse doit le privilège d'être classé à la téte
des historiens de sa nation. Nous avons donné
1
ailleurs des extraits des auteurs chaldéens, grecs ;
et autres que Moïse a rassemblés dans son His- !
toire
(8)
;
aussi ne reviendrons-nous pas sur cette
question.
(1)
Moïse de Khorène, liv. m, ch. 65.
(2)
Indjidji,
Arm. anc,
p. 102, 103.
—
Saint-Martin,
Mémoires sur l'Arm.,
p. 102.
(3)
Karékin,
a Uttér. arm.,
p. 192.
. (4)
Cf. plus haut Gorioun,
Vie de Mesrob,
p. 12.
(5)
Sukias de Soraal,
Quadro délia storia...,
p. 9. —
Storia di Mose Corencse,
p. ix (Venise, 1850, 2
e
édit.).
—
Moïse de Khorène,
Hist. d'Arm.,
liv. m, ch. 65.
(6)
Œuvres de Moïse de Khorène (Venise, 1843, in-8°),
en arm.
(7)
Sahag, prince des Bagralides, fut proclamé, en 481,
marzban
d'Arménie par ses compatriotes révoltés contre
les Perses, et combattit près de deux ans contre .eux ;
il mourut en 483.
(8)
Études sur les sources de l'Hist. de Moïse de
Khorène,
dans le Bulletin de l'Acad. des sciences de
L'Histoire de Moïse de Khorène, telle qu'elle
nous est parvenue, se
compose
de trois livres;
mais il parait qu'originairement cet ouvrage
comprenait quatre parties, dont la dernière exis–
tait encore au temps de Thomas Ardzrouni, qui
la mentionne dans son livre, en disant que Moïse
y avait rassemblé tous les faits qui s'étaient pas–
sés depuis la chute de la dynastie des Arsacides
jusqu'au règne de l'empereur Zenon
(1).
On ne
connaît de ce quatrième livre que des fragments
malheureusement très-courts
(2),
et la mention
d'un chapitre dont le titre seul figure à la fin de
la table des matières du troisième livre, et qui
est ainsi conçue : « Vers en mesure sur l'auteur
et sur Sahag le Bagratide. »
L'ouvrage le plus curieux de Moïse, que l'on
doit mentionner après son Histoire, est assuré–
ment la « Géographie (3) » qui nous estparvenue
sous son nom, et qui n'est à proprement parler
qu'une traduction abrégée de celle de Pappus
d'Alexandrie
(4),
à laquelle il a ajouté une des–
cription très-complète de l'Arménie. Malheureu–
sement on ne peut considérer ce livre, qui a subi
des modifications notables en passant par la
plume des copistes, comme un écrit original, et
quelques critiques se refusent à voir dans cet ou–
vrage , qui porte l'empreinte de nombreuses in–
terpolations, un livre appartenant en propre à
Moïse de Khorène
(5).
Toutefois le P. Indjidji, en
réfutant l'opinion de ces savants, a démontré que
le texte primitif de la Géographie de Moïse ap–
partenait bien à cet écrivain, et qu'il était facile
de reconnaître les interpolations postérieures et
les additions que des copistes avaient faites, pour
Saint-Pétersbourg, t. III, p. 531-583.
—
Collection des
hist. de l'Arm., t. I, p. 1, et 386 et suiv.
(1)
Thomas Ardzrouni,
Hist. desArdsr.,
p. 82.
(2)
Pazmaveb,
mars 1851.
l'Arm., 1.1, p. 193 et suiv. — Il existe
à
la Biblioth. im–
périale de Paris (manuse. arm., anc. fonds) un grand
Djarrondir,
qui renferme entre autres choses un frag–
ment relatif à la conversion de Constantin le Grand
et
à
l'invention de la Croix, dont l'auteur est appelé
«
Moïse, père des poètes » ; c'est un extrait des cha–
pitres 83 et 88 du I I
e
livre de l'Histoire.
(3)
La meilleure édition de cet opuscule est celle qui
fait partie des Œuvres complètes de Moïse de Khorène,
en arménien (Venise, 1843), p. 585 et suiv. Les éditions
de Marseille (1678, 1685) n'ont aucune valeur.
(4)
Cf. Suidas,
sub voce Jl&mtoç
,
qui attribue à
Pappus un Traité de géographie intitulé XupoYpapta
(5)
Saint-Martin,
Mém. sur l'Arm.,
I I , p. 303 et
suivante*
Fonds A.R.A.M