(
luire désormais selon sa volonté. Les évéques et
les princes du pays le suppliaient aussi de ne point
abandonner le pays qui lui était confié. Le saint
consentit à aire la paix, et tous décidèrent que
saint Nersès, accompagné de satrapes, irait trou–
ver l'empereur des Grecs, Valens, afin de renou–
veler l'alliance que les grands rois, saint Constan–
tin, saint Tiridate, et notre Illuminateur saint
Grégoire, avaient conclue entre eux (i).
Ensuite on prépara et onmunit [des choses né–
cessaires] les satrapes les plus illustres de l'Armé–
nie. C'étaient Vartan Mamigonien, frère de Vasag;
Kardchogh Makhaz (aux armes mortelles), sa–
trape des Khorkhorouni ; Mouschgan, satrape
des Sahrouni ; Knel, satrape des Kénouni ; Gescli-
gen, satrape de Parné; Méhévan, satrape
des Antzévatzi; Méhentag, satrape des Resch-
douni; Sourig, satrape des Kapéghen; Meh-
roujan, satrape des Ardzrouni; Pakrat, satrape
des Bagratides; Vrèn, satrape des Ibères:
Khoujèn, satrape de Dzoph; Sbantiad, sa–
trape de Mélitène; Dzamag, satrape de Hasch-
diank; Makouk, satrape d'Adherbadagan ;
Vezroug, satrape de Pasèn; Retès, satrape des
Ibères ; Haïr le Martbed (
2
).
Tous allèrent
avec saint Nersès en ambassade à la cour impé–
riale, en vue de faire amitié et de renouveler
l'alliance qui existait entre les Arméniens et les
Grecs.
L'empereur Valens combla d'abord de beau–
coup d'honneurs les satrapes de la Grande-Ar–
ménie, et il fit placer le siège du grand Nersès
au-dessus de ceux des métropolitains et des pa–
triarches, parce que saint Nersès avait été dis–
tingué par Dieu. L'empereur chaquejour augmen–
tait pour eux [les témoignages] d'amitié et d'hon–
neur. Cependant l'empereur Valens était infecté
de la méchante hérésie d'Arius; il confessait que
le Fils n'est pas l'égal du Père, qu'il avait été en–
gendré par le Père avant les temps, qu'il était un
être étranger, créé, inférieur et formé à la suite
des temps ; que la sainte Vierge Marie n'était pas
Mère de Dieu, mais mère de l'homme, selon Macé-
donius qui combattait la divinité du Saint-Esprit,
duquel il disait qu'il n'était point Dieu et ne dé–
fi) Faustus de Byzance, 1. IV, c. 5. —Moïse de Kho-
rène,
Hist. d'Arm.,
1.
III, c. 21.
Nous avons déjà
fait observer dans la note l , col. 2 de la p. 240 du
t. I, de notre Collection, que ce fut sous le règne de
Constant que saint Nersès se rendit à la cour de Cons-
tantinople. ( Cf. aussi Lebeau,
Hist. du Bas-Empire,
éd. Saint-Martin, t. II, I. X, c. 19.)
(2)
Cette liste diffère un peu de celle dressée par
Faustus (IV, 11), et les noms des satrapes offrent des
variantes assez sensibles.
vait pas être adoré ni glorifié avec le Père, qu'il
n'était pas une personne divine, mais qu'il était
étranger à la nature de Dieu le Père, ayant reçu
d'un autre son existence et n'étant que le servi–
teur et le ministre, et n'ayant enfin qu'une in–
fluence secondaire.
Valens avait nn fils appelé Trajan (Draïanos)
qui était le seul héritier de l'empire, et l'unique
représentant de sa race. Quelque temps après,
Trajan fut atteint d'une grave maladie. L'empe–
reur força saint Nersès à prier sur l'enfant, afin
qu'il échappât à la mort. Mais saint Nersès dit à
l'empereur : « Si tu reconnais le Fils comme Dieu
engendré par Dieu et non créé, coéternel avec le
Père et né ensuite de la Vierge Marie toujours
sainte et Mère de Dieu ; puis, le Saint-Esprit per–
sonne parfaite; la Trinité formant nn seul Dieu ;
Dieu glorifiéavec le Père etle Fils; et si turenonces
à l'hérésie impie, alors ton fils sera guéri. Cepen–
dant, si tu persistes dans cette hérésie, je prierai
moi-même le Seigneur pour que ton fils soit en–
levé à la vie, avant même que le terme fixé pour
sa mort soit arrivé. » L'empereur Valens resta
toutefois attaché à l'hérésie et dit : « Je demeu–
rerai fidèle à cette croyance ; mais toi, qui as la
puissance de faire mourir ou vivre mon fils, fais-
le vivre et qu'il ne meure pas. » Nersès répon–
dit : « Je lui ' ferai miséricorde durant quinze
jours si tu te repens; et si tu abandonnes ces
hérésies et ces sectes perfides et impies, ton fils
vivra. » Cependant le roi persista dans son im–
piété , et quinze jours après l'enfant mourut, ce
qui causa un grand deuil. Ensuite l'empereur
amena le saint patriarche devant le cadavre et
lui dit : « Ressuscite mon fils, sinon tu mourras
aussi. » Le saint patriarche répondit : « Je te le
répète, renonce à ta secte et moi, en un jour, je
ressusciterai et je ramènerai devant toi tonfils.»
L'empereur ne l'écouta point et -ordonna d'at–
tacher saint Nersès avec des chaînes de fer, de le
jeter en prison et de le faire mourir en cet en–
droit dans des tortures. Alors les principaux de
la ville se réunirent chez l'empereur et lui dirent :
«
Nous avons entendu dire, par ceux qui sontavec
lui, que cet homme est le parent et le proche de
leur roi, et que dans leur pays il est aimé plus
encore que le roi. Le roi [d'Arménie] l'a envoyé
vers toi pour mire amitié et alliance, et tu le fais
périr. Alors le roi d'Arménie te fera une guerre
terrible. » L'empereur leur répliqua : « C'est un
homme également dangereux pour leur roi et il
mérite la mort. Leur roi me l'a envoyé pour qu'il
reçoive la mort de ma main ; il m'a outragé et il
a tué mon fils. »
Fonds A.R.A.M