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GÉNÉALOGIE DE SAINT GRÉGOIRE.
meaux productifs et utiles dans le paradis spiri-
tuel, et qui seront entassés dans les magasins de
Dieu. Plus d'une fois ils seront poursuivis à
cause des commandements du Seigneur, mais ils
resteront inébranlables comme le roc. Quand ils
seront morts, le mensonge dominera avec des
hommes insolents, égoïstes, cupides, trompeurs,
impies et ambitieux. L'impiété de ce temps-là sera
si grande que les fidèles auront peine à se main–
tenir fermes [dans la foi]. »
Iousig, ayant entendu ces paroles de la bouche
de l'ange, fut consolé et remercia le Seigneur de
l'avoir jugé digne de cette révélation. Alors
Iousig maria son fils Athénogène et lui donna
pour épouse la sœur du roi Diran, qui s'appelait
Pampischen(i). Elle eut un fils qui naquit sous
d'heureux auspices et qu'on nomma Nersès, ainsi
que l'ange l'avait annoncé
(2).
Ensuite Iousig
fut martyrisé par Diran, et mourut. On conduisit
son corps, que l'on déposa dans le tombeau de
son père Verthanès, à Thortan (3). Pendant six
ans il occupa le siège de la Grande-Arménie. Or,
comme il n'y avait personne de la famille de saint
Grégoire pour occuper le patriarcat, on choisit,
comme patriarche de la Grande-Arménie, un
certain Pharnersèh qui occupa le siège durant
quatre ans (4)* Après la mort de celui-ci, le siège
de l'Arménie fut vacant pendant un an.
I I . Le jeune Nersès grandit et s'instruisit dans
la province de Césarée, ayant avec lui sa femme
Santoukhd, de la race des Mamigoniens, de la–
quelle il eut un fils qu'il
nomma
Sahag (5). Trois
ans après Santoukhd mourut à Césarée ; son père
Tartan le Mamigonien (fi) transporta son corps
dans le bourg de Thil et l'y enterra
(7).
Après cela, Arsace [III] (Arschag) régna à la
place de son père Diran [II] (8). Nersès vint au-
(1)
Faustus de Byzance, 1. ni, c. 15; 1. IV, c. 3.
(2)
Faustus de Byzance, 1. III, c. 15; 1. IV, c. 3.
(3)
Faustus de Byzance, 1. I I I , c. 12. — Moïse de
Khorène, 1. III, c. 14.
(4)
Ce personnage est appelé Pharén par Faustus (III,
16). —
Cf. aussi Moïse de Khorène, 1. III, ch. 16.
(5)
Ce fut ce Sahag qui devint patriarche sous le nom
de Sahag le Grand.
i (6) Ce personnage fut investi par Arsace III de la
charge de généralissime des armées d'Arménie, en ré–
compense des services qu'il avait rendus à ce prince
dans son enfance. —Cf. Faustus de Byzance, liv. IV, c.
2.
Moïse de Khorène, 1. III, c.
22.
(7)
Faustus de Byzance (IV, 3) ne nomme pas la femme
de saint Nersès; mais Moïse de Khorène (III, 16 ) dit
formellement que, pendant son séjour à Constantinople,
Nersès avait épousé la fille d'un grand personnage grec
appelé Aspion.
(8)
Arsace ou Arschag III, fils de Diran II, régna de
341
à
370.
\
près de lui, et fut nommé chambellan (chargé de
la garde) de tout son trésor, parce qu'il était
cousin du roi Arsace
(1).
Cependant le pays de
l'Arménie, depuis la mort d'Iousig jusqu'à [l'a-
vénement] de Nersès le Grand, tous, grands et pe–
tits , s'étaient éloignés des voies de Dieu et se l i –
vraient à toutes sortes de débauches, comme à
Sodome. C'est pourquoi Dieu les abandonna
sans secours et les livra aux mains de leurs enne–
mis qui leur infligeaient de cruels tourments.
Alors les religieux du pays s'étant rassemblés
apprirent, par l'esprit de prophétie, qu'il n'y au–
rait aucun salut pour l'Arménie si l'on ne trou–
vait un pasteur de la race de saint Grégoire. L'un
des grands satrapes du canton de Schirag, de la
race des Kénouni, nommé Barkèv (a), qui s'était
retiré sur lesmontagnes, se présenta et dit [comme
par une inspiration] de la providence divine :
«
J'ai vu au palais dn roi un jeune homme de
la famille de saint Grégoire, appelé Nersès, d'un
âge accompli, et rempli de sagesse et des grâces
de Dieu. » A cette nouvelle, la joie Ait extrême,
parce que, par la main de Nersès, Dieu allait sau–
ver le pays d'Arménie, comme cela eut lieu en
effet.
Arsace, voyant qu'il n'y avait pas de chef spi–
rituel parmi les descendants de la sainte famille
du grand patriarche Grégoire, ni de,général de
la brave et noble famille des Mamigoniens, et sa–
chant surtout que la ruine du pays d'Arménie
était due à cette absence, se mit lui-même en
marche à' la tête de son armée, afin d'aller à
la recherche de la brave et fidèle famille des Ma–
migoniens dont les membres étaient les nourri–
ciers, les maîtres et les familiers du roi. 11 les
rencontra dans le canton de Daik, leur pays, ayant
aveceux les Kénouni, et il lesramena avec lui (3).
En effet, à l'époque du règne de Diran, ils avaient
quitté l'entourage [du roi], le commandement de
l'armée et toutes les affaires de l'Arménie. La
race des Mamigoniens se composait alors de
quatre frères, appelés : Vartan, Vasag, Vahan et
Vrouj, tous fils d'Ardavazd,filsde Vasché le Ma–
migonien. Le roi les nomma généraux de la
Grande-Arménie qui, de tout temps, avait été
soumise aux premiers rois. Il investit Vasag du
commandement en chef de l'armée d'Arménie,
(1)
Faustus de Byzance, 1. IV, c. 3.
(2)
Selon Faustus de Byzance ( IV, 4 ) Barkèv était
prince de la maison des Amadouni. Un personnage du
même nom et appartenant à la même famille est cité
par Moïse de Khorène (III, 50), à l'époque du roi Chos–
roès.
(3)
Faustus de Byzance, 1. IV, c. 2.
Fonds A.R.A.M