nouveau en arménien les Saintes-Écritures sur le
texte syriaque» et qu'ils envoyassent la copie [de
leur traduction] dans leur patrie. Ceux-ci se ren–
dirent [à Édesse], firent ce qu'on leur avait de–
mandé, et, par l'intermédiaire de leurs fidèles
compagnons, ils envoyèrent les livres à leurs pères
vénérés. Puis ils passèrent dans le pays des Grecs,
à Byzance, afin de se livrer à l'étude de la phi–
losophie. Là, ils étudièrent, s'instruisirent et de–
vinrent traducteurs de la langue grecque. Quelque
temps après, il arriva que quelques-[uns de leurs]
compagnons, appelés, l'un Léon (i), l'autre Go–
rioun (a), vinrent dans le pays des Grecs, dans la
ville de Constantinople. Ils se joignirent à Eznig,
comme à un frère de la même famille, avec qui
ils avaient été élevés. Dès qu'ils furent réunis, ils
s'occupèrent d'achever leurs travaux spirituels.
Puis, s'étant munis de copies authentiques des
Saintes-Écritures, des écrits dictés par la grâce
divine des patriarches (c'est-à-dire des pères de
l'Église), et des canons des saints conciles de Nicée
et d'Éphèse, ils s'en retournèrent dans le pays
d'Arménie leur patrie, et présentèrent aux saints
Pères les saints livres religieux qu'ils avaient re–
cueillis.
De leur côté, les bienheureux saints Sahag et
Mesrob, qui avaient précédemment traduit du
grec en arménien l'ensemble des livres ecclésias–
tiques , firent encore passer dans leur langue un
grand nombre de sages et pieuses pensées des
saints patriarches. Ensuite, [Sahag] reprit en sous-
œuvre les livres qui avaient été traduits d'abord
à la hâte, sur des exemplaires défectueux, cor–
rigea les premières versions sur des textes authen–
tiques qu'on leur avait apportés [de Byzance] et
{
compléta] les traductions arméniennes par un
grand nombre d'autres commentaires sur les
Saintes Écritures. Ainsi, les bienheureux saints
Pères travaillaient jour et nuit, sans relâche, à la
lecture des Écritures Saintes ; leur talent grandis–
sait, ils triomphaient [de toutes les difficultés], et
ils servaient d'exemple aux disciples studieux, qui
étaient près d'eux, car ils faisaient exécuter les
commandements transmis par les divins messa–
gers. Le premier de ces commandements ordonne
de méditer sur les lois du Seigneur et le jour et
(1)
Léon ou Ghévont, prêtre de Variant, aida Vartan
à combattre le mazdéisme que les Perses voulaient im–
poser à l'Arménie. C'était l'un des disciples queMesrob
conduisit avec lui à Mélitène et qu'il avait laissé à l'é–
voque Acacius, à la demande d'Anatole. Mesrob nomma
ensuite Léon directeur à sa place, quand il se fut retiré
dans le désert de Schaghakomk. (Moïse de Khorène,
Hist.
d'Arm., liv.
m, ch. 60.)
(2)
L'auteur de la Biographie de Mesrob.
la nuit, et le deuxième dit : «Appliquez-vous à
l'exhortation et à l'instruction; ne négligez pas
les grâces qui sont en vous; méditez ces vérités
et soyez toujours occupés, afin que vos progrès
soient connus de tous ; veillez sur vos personnes
et sur l'instruction d'autrui ; persévérez dans
ces préceptes, car, si vous les accomplissez, vous
sauverez et vous-mêmes et ceux qui vous écou–
tent (i). »
Ensuite, après cet enseignement, lumineux, le
bienheureux Mesrob entreprit de composer et de
mettre en ordre de nombreux discours, d'une
compréhension facile, dictés par la grâce divine,
avec des commentaires variés tirés de la force et
de l'essence des écritures prophétiques et aposto–
liques, et remplis de la vérité de la foi évangé-
lique. Dans [ces discours], il rapportait des
exemples tirés des choses passagères et les rap–
prochait de la vérité ; il définissait principalement
l'espérance [qu'on doit avoir] dans la vie future
et la résurrection. [Il misait cela], pour que ces
exemples fussent faciles à comprendre et à saisir,
même par les plus ignorants et par les gens
préoccupés des .choses matérielles, en vue de les
stimuler, de les réjouir et de les encourager à se
diriger avec fermeté vers la récompense promise.
C'est ainsi que, dans toutes les parties de l'Ar–
ménie, de la Géorgie et du pays des Agliouank,
Mesrob, durant tout le temps de sa vie, au prin–
temps et en hiver, le jour et la nuit, courageu–
sement et sans relâche, enseignait l'étude des
lettres récemment [découvertes]. Lui-même,
voyageant sans cesse avec la parole évangéli-
que et salutaire de la foi et de la vertu, prê–
chait la gloire et les louanges de Dieu devant
les rois, les princes et les peuples, sans que ses
ennemis s'y opposassent, parce qu'il possédait la
grâce d'en haut, et il embrasait tous les cœurs
fervents et aimant le Christ. I l obtint la déli–
vrance de beaucoup de captifs et de prisonniers,
et de ceux qui étaient dans l'anxiété, en rame–
nant tous les indécis, par la majesté de la force
et de la grâce du Christ, au salut évangélique. I l
déchira beaucoup de contrats injustement écrits;
il consola par sa doctrine beaucoup de gens qui
étaient dans le deuil; ceux qui étaient dans Pim-,
patience, il les soumit à l'épreuve de l'espé–
rance jusqu'aumoment où sera dévoilée la gloire
du Dieu grand et du Sauveur Jésus-Christ. Enfin
il raffermit dans la piété tous les chrétiens, hom–
mes et femmes.
De plus, dans les villages et dans les lieux dc-
[1)
Épître I à Timothée,
ch. IV, vers. 13-16.
Fonds A.R.A.M