DISCOURS PRÉLIMINAIRE.
xv
Jean pouvait élever la voix contre les théâtres en général, puisqu'il en existait
en Syrie, en Egypte et dans les domaines de l'Empire grec ( i ) .
Après Jean Mantagouni, il faut mentionner Moïse de Khorène et Elisée,
dont il sera parlé en détail dans les Introductions qui précèdent leurs ouvrages.
Ensuite vient Mampré, frère cadet de Moïse de Khorène, disciple de saint
Sahag et de saint Mesrob, surnommé le lecteur. Mampré était tenu en grande
estime par ses contemporains et par les écrivains postérieurs. Comme tous les
disciples de Sahag et de Mesrob, ilfitdes voyages en Egypte et en Grèce, et
revint en Arménie, où il mit en ordre ses travaux (a;. I l avait composé plu–
sieurs ouvrages qui sont perdus, moins deux discours ; le premier a trait à la
résurrection de Lazare, et le second à l'entrée de Jésus-Christ à Jérusalem
(3).
On doit faire remarquer toutefois que, comme il existe dans la littérature
arménienne des traités, en assez grand nombre, sur la résurrection de Lazare,
les copistes ont attribué tous ces discours indistinctement à Mampré ou bien
à
d'autres docteurs, notamment à saint Jean
Chry6ostome
et à Elisée. Cepen–
dant, on doit observer que le discours sur la résurrection de Lazare ne se
trouve pas dans les œuvres de saint Jean Chrysostome, que nous possédons
en grande partie. Le discours sur l'entrée de Jésus à Jérusalem est de beaucoup
inférieur
à
celui sur la résurrection de Lazare, et les critiques semblent douter
de son authenticité, bien que Guiragos de Kandzag l'attribue formellement
à Mampré
(4)
.
Thomas Ardzrouni assure que Mampré, à l'exemple de son
frère, avait composé un livre d'histoire, mais cet ouvrage ne nous est point
parvenu
(5)
.
Enfin, on lit dans d'anciennes grammaires arméniennes quelques
passages attribués à Mampré le philosophe.
L'historien Lazare de Pharbe, dont nous donnons la traduction du livre
d'annales dans ce volume , termine la série des écrivains de
Yâge d'or.
Lazare
est à la fois un auteur historique et religieux. On trouvera dans l'introduction
placée en tête de son histoire quelques renseignements sur sa vie et sur la
lettre qu'il écrivit à Vahan leMamigonien pour se justifier auprès de lui des
calomnies dont ses ennemis l'avaient accusé (6). Cette lettre, qui est considérée
à juste titre comme un chef-d'œuvre de style, fournit à Lazare l'occasion de
rentrer en faveur auprès de Vahan et de confondre ses détracteurs (7).
Nous avons, dans ce court aperçu, passé en revue tous les écrivains de la se–
conde période de
Yâge d'or de
la littérature arménienne. Cette grande époque,
où le génie arménien resplendit de tout son éclat, malgré les malheurs dont le
(1)
Karékin,
op. cit.,
pg. 218 et suiv.
'2)
Karékin,
op. cit.,
pg. 277 et suiv.
(3)
Œuvres de Mampré (Venise, 1833), dans le vol. des œuvres de Gorioun, de David et des trad.
d'ouvrages philosophiques grecs.
(4)
Karékin,
op. et loc. cit.
(5)
Thomas Ardzrouni,
Hist. des Ardz.,
pg. 47 (éd. de Cple, 1852), en arm.
(6)
Lettre de Lazare de Pharbe à Vahan le Mamigonien, publiée en arménien', avec une introduction
par J. B. Emin (Moskou, 1853 in-8° de 68 pg. ).
(7)
Karékin,
op. cit.,
pg. 280 et suiv.
Fonds A.R.A.M