XIV
DISCOURS PRÉLIMINAIRE.
discours et des lettres, dont il ne nous reste plus rien ( i ) . Une lettre adressée
à David le philosophe, pour lui demander le Panégyrique sur la Croix, dont
nous avons déjà parlé (a), et une autre adressée à Vatché, roi des Aghonank,
qui avait déposé la couronne et abandonné le mazdéisme pour retourner à
la foi chrétienne et vivre dans la solitude, sont les deux seuls écrits de Kiud
que le temps a respectés. Cette dernière lettre se trouve dans l'Histoire de
Moïse de Gaghangaïdoutz, l'annaliste des Aghouank (3).
Jean Mantagouni, né à Dzaknod, localité située dans le canton des Arscha-
rouni (4), était aussi un des disciples de saint Sahag et de saint Mesrob. I l
fut consacré patriarche à l'âge de soixante-quinze ans, à la recommandation de
Vahan le Mamigonien, dont i l soutint le zèle par sa parole éloquente, durant
tout le temps de la lutte que ce prince soutint contre les Perses et les apostats
arméniens. I l marchait avec l'armée contre l'ennemi, pour encourager les com–
battants, et il reçut même une blessure dans une bataille livrée aux Perses.
Jean Mantagouni occupa pendant six ans le trône pontifical, et il fut enterré
à Pernos, dans le canton de Schirag (5). Si l'on s'en rapporte au témoignage
des écrivains des onzième et douzième siècles, Jean aurait composé beaucoup
d'ouvrages. Assoghig (6), Jean Catholicos (7), Guiragos (8) et Vartan (9)
disent qu'il travailla à doter l'Eglise d'une foule de livres précieux, sans compter
des traductions et d'autres ouvrages utiles. E n dehors de ces travaux, dont i l
ne reste que la mention dans les livres des écrivains que nous venons de citer,
Jean nous a laissé un recueil de vingt-huit discours didactiques ou- dogmati–
ques (10), écrits dans un style élégant et à l'imitation des docteurs grecs qui
florissaient pendant le quatrième siècle. Cette merveilleuse imitation a fait
révoquer en doute l'authenticité de ces discours, et quelques critiques supposent
que ces homélies ne sont pas l'œuvre de Jean Mantagouni, puisque dans certains
manuscrits elles sont attribuées à saint Jean Chrysostome et à saint Ephrem.
Toutefois, cette. opinion ne saurait être admise, car aucun de ces discours ne
se trouve dans les œuvres de ces Pères de l'Eglise. Un autre argument que les
mêmes critiques invoquent contre l'authenticité des discours de Jean Manta–
gouni , c'est la mention qu'il fait de théâtres à une époque où en Arménie i l .
ne pouvait y avoir de représentations scéniques, par suite de l'état de misère
et d'anéantissement du pays. Mais cette raison n'a rien de concluant, car
(1)
Karékin,
op. cit.,
pg. 214 et suiv.
(2)
Œuvres de David le philosoph., en arm., pg. 101.
(3)
T. I , p. 103 et suiv. (éd. Chahnazarian, Paris, 1860, in-12).
(4)
Indjidji,
Arm. anc,
p. 114.
(5)
Indjidji
(
Arm. anc,
pg. 429) orthographie ce nom sous la forme
Pernaus.
(6)
Hist. d'Arm.,
pg. 81, 82 (éd. Chahnazarian, Paris, 1859), en arm.
(7)
Hist. d'Arm.,
pg. 35, 36 (éd. Emin ; Moscou, 1853), en arm.
(8)
Hist. d'Arm.,
pg. 16 (éd. de Venise, 1865), en arm.
(9)
Hist. d'Arm.,
pg. 55 (éd. de Venise, 1862), en arm.
(10)
Œuvres de Jean Mantagouni (éd. de Venise, 1837,1860), en arm.
Fonds A.R.A.M