DISCOURS PRÉLIMINAIRE.
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qui s'était livré avec ardeur au pénible labeur des traductions, composa aussi
des ouvrages originaux. Parmi ces derniers, il faut mentionner un « Pané –
gyrique de la Croix » , composé pour combattre les hérésies de trois hypocrites
qui parurent an temps du patriarche Kiud ( i ) . On regarde comme apocryphes
les discours qui nous sont parvenus sous son nom, et qu'il est censé avoir pro–
noncés à Athènes , à Constantinople et à Jérusalem, lors du retour de la Croix
qui avait été transportée en Perse. Mais un ouvrage dont on ne conteste pas
l'authenticité, c'est ce le Livre des définitions philosophiques », écrit pour répondre
aux idées émises par les pyrrhoniens, dont la doctrine consistait à nier toute
chose
(2).
Cet ouvrage de David nous donne la preuve qu'il possédait à fond4a
philosophie des Grecs, et qu'il se servait de la langue grecque avec une grande
facilité, puisqu'il emprunta à l'hellénisme une foule de tournures qu'il fit passer
dans l'idiome arménien. Cet ouvrage existe en grec, et on suppose que David
l'écrivit d'abord dans cette langue et qu'il le traduisit ensuite en arménien. Tou–
tefois, quelques critiques supposent que le Livre des définitions n'est point un
livre original, mais bien une traduction, puisque le dernier chapitre est attribué
à saint Grégoire de Nysse et qu'on l'a mis sous le nom de ce Père de l'Eglise ,
à la fin de ses œuvres. Les mêmes critiques avancent que ce fut dans le courant
d.u sixième siècle qu'un traducteur anonyme fit passer du grec en arménien
les œuvres de David (3).
Un contemporain de David, le patriarche Kiud, qui occupa le trône pon–
tifical de l'Arménie de l'an
465
à l'an
47 5
,
et qui était originaire d'Arahez dans
le Daïk
(4),
faisait également partie de la classe des seconds traducteurs. I l est
désigné dans un mémorial comme disciple des saints prêtres, c'est-à-dire des
Iéontiens
(5)
.
Ce fut dix ans après le martyre de Léonce et de ses compagnons
en Perse que Kiud occupa le siège patriarcal- Lazare de Pharbe rend un écla–
tant témoignage de sa science et de ses connaissances approfondies dans la
langue grecque
(6).
Kiud lutta contre les tendances des Perses, qui s'efforçaient
d'introduire le magisme en Arménie, et il employa tous ses efforts à ramener
à la foi de l'Evangile les satrapes qui s'étaient laissés entraîner à embrasser les
lois du mazdéisme. L'opposition qu'il fit aux Perses à cette occasion ; le fit
dénoncer à la cour du roi, qui lui donna l'ordre de se rendre à la Porte pour se
justifier. Kiud étonna le roi et les grands par sa hardiesse, mais on n'osa point
le faire mourir, et on se contenta de lui enlever la dignité patriarchale. Kiud
mourut peu de temps après sa déposition. Ce pontife prit une part active aux
traductions des livres religieux, et on croit généralement qu'il composa des
(1)
Œuvres de David, pg. 103 (Venise,-1833, in-8°), en arm., avec les CEovres de Gorioun et de
Mainpré.
(2)
Œuvres de David, pag. 120.
(3)
Karékin,
op. cit.,
pg. 206 et suiv. —. Cf. les Œuvres de David, en arm. (Venise, 1833).
(4)
Indjidji,
Arm. anc,
p. 373.
(5)
Tchamitch,
Hist. oVArmén.,
t. II, p. 78 et suiv. — Sur les Iéontiens, cf. Lazare de Pharbe
(
ch. 38 et suiv. ) et les Vies des Saints arméniens (éd. du P. Aucher, en arm.).
(6)
Lazare de Pharbe,
Hist. d'Arm.,
pg. 191 et suiv. du texte arm., plus bas, ch. 60 de la trad.
française.
Fonds A.R.A.M