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DISCOURS PRÉLIMINAIRE.
krévant. En dehors des traductions qu'il entreprit, Eznig composa ou traduisit
un petit recueil de « Maximes » et une « Réfutation des sectes » , en quatre
livres. Cet ouvrage, l'un des plus précieux de la littérature arméni enne , est écrit
dans un style très-élevé, bien qu'il abonde en héllénismes ( i ) . Dans cet
ouvrage, Eznig ne s'est attaqué principalement qu'aux doctrines des philo–
sophes païens et à celles des Perses ; son dernier livre seul a trait à l'hérésie des
marcionites. On voit qu'il n'a point redouté, à un même degré , les autres héré –
sies qui pullulaient de son temps en Syrie et en Grèce. E n effet les Arméniens
sont toujours restés indifférents en face des hérésies qui prirent naissance et se
développèrent dans les premiers siècles de l'Eglise, et plus tard les tentatives
de certains hérétiques, voire même celles des pauliciens, n'aboutirent à aucun
résultat bien sérieux dans les contrées habitées par les Arméniens
(2)
.
L'école
d'Eclesse, que fréquentèrent les disciples de saint Sahag et de Mesrob, et qui
devint le foyer du nestorianisme, n'eut également aucune prise sur l'esprit re–
ligieux des Arméniens , et le monophysisine d'Alexandrie, que quelques criti–
ques mal informés supposent être le fonds de la doctrine de l'Eglise arménienne
dissidente, n'a été professé à aucune époque par la communion
grégorienne.
Une fausse interprétation du mot
pnouthioun
,
qui selon les circonstances peut
se traduire par « nature, substance ou personne » , a donné lieu à cette méprise ;
et ce serait un tort grave de considérer les Arméniens comme des monophysites,
à cause d'une querelle de mots,
superfluum -verborum couflic lum
,
dont les
conséquences ont é t é , il est vrai, très-funestes et très-préjudiciables à toute la
nation.
David le philosophe, surnommé l'Invincible, était neveu de Moï se de Kho –
rène , et faisait partie de la classe des seconds traducteurs. Saint Nersès
Schnorhali fait le plus grand éloge de sa piété et de son savoir (3) ; et en effet,
de tous les écrivains de l'Arménie David est celui qui se servait de l'idiome
grec avec la plus grande facilité , puisqu'il composa, dit-on, plusieurs ouvrages
en cette langue. Très-versé dans les sciences philosophiques, qu'il avait appro–
fondies dans les écoles de la Grèce , David rentra dans sa patrie alors que de
graves préoccupations politiques avaient fait négliger l'étude des lettres et des
sciences. Découragé, il se retira dans la solitude pour se livrer tout entier à
l'étude, et i l finit ses jours dans la retraite. Son tombeau existe au monastère
de Saint-Lazare près de Daron (4) > où on le montre encore à présent. David,
(1)
Karékin,
op. cit.,
pag. 193 et suiv.
(2)
Les rapprochements tentés au moyen âge par les Grecs d'une part, les rapports des patriarches
d'Antioche avec les catholicos d'Arménie d'autre part, et les tentatives d'union faites par la cour de
Rome sont des événements d'une importance très-secondaire, car nous voyons que la nation armé–
nienne, sauf dans ces derniers temps, est toujours restée soumise à la suprématie du siège d'Edch- «
miadzin. Sur un nombre de quatre millions d'âmes, les Arméniens comptent seulement deux cent mille
catholiques, des protestants en petit nombre, et le reste appartient à la communion de saint Grégoire,
dont le catholicos d'Edchmiadzin est le chef suprême religieux.
(3)
Œuvres de saint Nersès Schnorhali,
Panégyrique de la sainte Croix
,
pg. 229, 234 ( ed. de
Venise, 1830, in-18, en arm.).
f4) Indjidji,
Arm. anc,
p. 102. —
Arm. mod.
y
\
>.
188-189.
Fonds A.R.A.M