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MOÏSE DE KHORÈNE.
d'Armavir. Là, il s'arrête plusieurs jours, parce
que, comme i l convient de le dire, ses troupes
n'étaient pas au fait de la discipline.
Ayant encore levé des troupes en Chaldîe, —
car la Lazique, le Pont, la Phrygie, Majak et les
autres provinces, ne sachant rien delà guerre d'Ar–
sace, et étant soumises à l'empire des Macédoniens,
gardaient scrupuleusement les traités, —un cer–
tain Morphilig, soulevant toutes ces provinces,
livre bataille à Valarsace. Les deux
armés
se ren–
contrèrent près d'une haute colline rocheuse, au–
jourd'hui appelée Colonià, et, s'approchant l'une
de l'autre de quelques stades, elles se fortifièrent
des deux côtés pendant plusieurs jours.
CHAPITRE V.
Combat de Morphilig, — Il est tué d'un coup de
lance»
Les deux armées, après avoir été occupées à se
fortifier pendant plusieurs jours, engagent'la ba–
taille ; les nôtres commencent. Morphilig, de gré
-
ou de force, range ses soldats et charge avec fu–
reur, car c'était un vaillant guerrier, aux membres
vigoureux et bien proportionnés, et d'une force
égale à sa stature. Tout couvert de fer et d'ai–
rain, à la téte de ses soldats d'élite en petit
«
ombre, Morphilig faisait mordre la poussière à
la jeunesse courageuse de Valarsace. I l s'efforça
de s'ouvrir un passage jusqu'au roi d'Arménie, à.
travers un fort bataillon bien armé. Arrivé près
de lui, i l réussit à croiser la lance, et, fort comme
i l était, champion exercé, son arme fendait l'air
comme de rapides oiseaux. Mais les braves et re–
nommés enfants d'Haïg et de Sennékérim l'As–
syrien ne tardèrent pas à lui barrer le chemin.
D'un coup de lance ils renversent Morphilig, et
mettent en fuite son armée. Le sang coulait sur
la terre à flots pressés, comme des torrents de
pluie. Depuis ce moment, le pays fut en paix et
soumis à Valarsace. Les Macédoniens cessèrent
alors toute attaque.
CHAPITRE VI .
yalarsace organise les parties occidentales et
septentrionales de notre pays.
L'expédition ainsi terminée, Valarsace organisa
les provinces de Majak, du Pont et des Colches
(
Ekératzi). Il va au pied du Barkhar dans le Daïk,
dans des lieuxmarécageux, couverts de brouillards
et remplis de forêts et de mousses. I l donne à la
contrée une forme nouvelle, aplanit les terrains
accidentés, change la brûlante chaleur en une
douce température et en fait le séjour de délices
de son empire. Là il prépare des résidences d'été
quand il ira au nord. I l transforme en parcs deux
plaines boisées, entourées de collines, pour le
plaisir de la chasse. I l destine le climat chaud de
Gogh aux plants de vignes de l'Arménie et à des
jardins. Je voudrais ici, pour un prince si cher,
dire toutes choses avec détail et clarté; mais j'ai
seulement signalé en passant les localités, laissant,
de côté les particularités et les formes du style,
afin de conserver indissolubles les liens de mon
amour pour un aussi admirable prince.
Alors Valarsace convoqueles populations étran–
gères et barbares, celles du nord de la plaine,
celle de la base de la grande chaîne du Caucase,
celles qui sont les plus enfoncées dans les vallées
d'une large et profonde étendue, en descendant
de la montagne qui est au sud jusqu'à l'entrée de
la grande plaine. Valarsace ordonne à cette mul–
titude de renoncer à ses brigandages et à ses ruses,
et de se soumettre aux lois et aux tributs royaux,
afin qu'en la revoyant, i l puisse lui donner des
chefs, des princes et une bonne organisation.
Pub i l la renvoie sous la conduite de prudents
inspecteurs de son choix. Ayant ainsi congédié les
hommes de l'occident, il descend dans les prairies
verdoyantes, près des domaines de Schara, que
les anciens appelaient Pasène supérieure et dé–
boisée. Plus tard, et par suite de l'établissement
dans ces lieux de la colonie de Veghentour Boulgar
de Vount, le pays fut appelé de son nom Vanant ;
et les villages sont appelés jusqu'à présent du nom
de ses frères et de ses descendants.
[
Valarsace], afin de se soustraire au souffle glacé
du nord, descend dans une immense plaine ; là,
i l campe au bord du Medzamor, à l'endroit où le
grand fleuve, sortant du lac septentrional, va se
perdre dans le Grand Marais. Puis i l organise les
milices du pays, laisse des inspecteurs, et, emme–
nant avec lui les plus notables, il se rend à Medz-
pine.
CHAPITRE VII.
Organisation du royaume, «— D'où Valarsa
toutes ses satrapies, —— Comment il règ
institutions.
Voici un important chapitre, tout rempli de
détails historiques et digne de la plus claire et de
la plus complète exposition ; car il y a beaucoup
à dire sur les institutions, les règlements, les fa–
milles, les races, les villes, les bourgs, les établis-
Fonds A.R.A.M