laisse par son testament son empire à plusieurs
[
généraux], de telle sorte que l'empire de tous est
appelé l'empire des Macédoniens; puis i l meurt.
Ensuite, Séleucus, régnant à Babylone, ravit les
États
de ses compagnons. I l soumet les Parthes,
après une guerre terrible, et fut appelé pour cette
raison Nicator (Nicanor). Après trente et un ans
de règne, il laissa le royaume à son fils Antiochus,
surnommé Soter, qui régna dix-neuf ans. Antio–
chus, dit Théus, lui succède [et règne] dix ans ;
mais, la onzième année, les Parthes secouent le
joug des Macédoniens, et par suite le brave Ar-
sace monte sur le trône. I l était de la race d'A–
braham, du lignage de
Cétura, en accomplissement
de la parole du Seigneur à Abraham : « De toi
sortiront les rois des nations. »
CHAPITRE I I .
Règne d'Arsace et de ses fils. — Guerre contre
les Macédoniens. — Amitié avec les Romains.
Soixante ans après la mort d'Alexandre, le
brave Arsace régna, comme nous l'avons dit, sur
Jes Parthes, dans la ville appelée Pahl Aravadin,
au pays des Kouschans. I l fait une guerre épou–
vantable, s'empare de l'Orient tout entier, et
chasse de Babylone les Macédoniens. IRapprend
que les Romains sont maîtres de l'Occident et de
la mer, qu'ils ont enlevé aux Hispani les mines
d'où l'on tire l'or et l'argent, qu'ils ont rendu tri–
butaires les Calâtes et les royaumes de l'Asie ; i l
envoie des ambassadeurs et sollicite une alliance
en vertu de laquelle tout secours sera refusé aux
Macédoniens. 11 ne consent point à payer tribut
aux Romains, mais i l leur donne chaque année
un présent de cent talents (kankar).
Arsace règne ainsi trente et un ans; Ardaschès,
son fils, vingt-six ans. A celui-ci succède le fils
d'Ardasihès, Arsace, surnommé le Grand. Ce der–
nier fait la guerre à Démétrius et à Antigone, fila
de Démétrius. Antigone vient fondre sur Arsace
à Babylone avec une armée macédonienne et lui
livre combat; maïs, fait prisonnier par Arsace, il
fut conduit dans la Parthie chargé de fers, d'où lui
vint le surnom de Sidéritès. Son frère, Antiochus
Sidétès, prévenu de la marche d'Arsace, vient oc–
cuper la Syrie. Arsace revient contre lui avec cent
vingt mille hommes. Antiochus, pressé par la r i –
gueur de l'hiver, contraint de livrer bataille dans
un étroit défilé, périt avec toute son armée. Alors
Arsace commande en maître dans la troisième
partie du monde, comme nous l'apprend le qua–
trième livre des histoires véridiques d'Hérodote,
II1STOR. ARMÉNIENS.
T . I I .
qui traite de la division de l'univers en trois
parties : l'une appelée Europe, l'autre Libye, la
troisième Asie, sur laquelle domine Arsace.
CHAPITRE I I I .
Arsace établit Valarsacc roi d'Arménie,
En ce temps-là, Arsace établit son frère Va–
larsace roi de notre pays, lui donnant pour États
le nord et l'occident. Valarsace, ainsi que nous
l'avons dit dans notre premier livre, prince brave
et vertueux, étendit bientôt son empire. I I orga–
nisa autant qu'il put les institutions civiles, créa
des satrapies, à la tète desquelles i l plaça des dy-
nastes, personnages illustres, de la race de notre
ancêtre Haïg et des autres chefs.
Le Parthe magnanime, ayant dompté les Ma–
cédoniens et mis fin
à
la guerre, donne un large
cours
à
sa bienfaisance. D'abord, i l songe à ré–
compenser les services du juif Schampa Pakarad,
homme puissant et sage ; il lui confère, ainsi qu'à
ses descendants, le privilège de couronner les
Arsacides. I l accorde
à
sa race le droit de s'appe–
ler Bagratides (Pakradouni),satrapie considérable
existant encore aujourd'hui en Arménie. Ce
Pakarad s'était dévoué volontairement au service
de Valarsace, avant la guerre d'Arsace contre ics
Macédoniens. II est créé aussi [chef] de la porte
royale ; et, à l'extrémité du royaume où se parle
encore la langue arménienne, (il est nommé) pré–
fet et prince de onze mille hommes à l'occident.
Mais retournons en arrière, et racontons la
guerre de Valarsace contre les habitants du Pont
et ensuite contre ceux de la Phrygie, enfin sa
victoire.
CHAPITRE IV.
Comment Valarsace, à la téte de l'élite des
Arméniens, marche contre les alliés des Macé–
doniens»
Après la guerre d'Arsace contre les Macédo–
niens et la conquête de Babylone et de la partie
orientale et occidentale de l'Assyrie, Valarsace
lève dans i'Aderbadagan et l'Arménie centrale
des guerriers renommés et valeureux, et con–
voque Pakarad et ses braves, avec la jeunesse du
littoral, les descendants de Kégham, des Cana–
néens, de Schara, de Couschar, leurs voisins de
Sissag et de Gatmos, enfin presque la moitié du
pays. Valarsace arrive au milien de l'Arménie, au-
dessus des sources du GrandMarais (Medz-Amor),
au bord de l'Araxe (Eraskh), près de la colline
Fonds A.R.A.M