I NTRODUCT I ON .
de notre ère et dans la première moitié du troi–
sième. I l reçut une brillante éducation à la cour
des toparques édesséniens, et fut l'ami d'Ab–
gar V I I I , fils de Maanou V I I I ( i ) , qui occupa le
trône de l'Osrhoène de l'an I
5 2 -
I
5 3
à l'an
187-
188.
C'était, à ce que raconte Jules Africain, un
habile tireur d'arc
(2).
Mais s'il se plaisait dans
les exercices du corps, i l paraît qu'il cultiva
avec non moins de succès les lettres et les scien-
*
ces; et ce fut à la suite des études sérieuses aux–
quelles i l se l i vr a , qu'il occupa un rang distingué
parmi les réformateurs et les écrivains de son
siècle. I l se prit d'amour pour les sciences oc –
cultes des Chaldéens , et i l était très-versé dans l a
connaissance des astres et dans celle des induc–
tions que l'on peut tirer des phénomènes qu'ils
présentent sur les destinées humaines
(3).
Cure -
ton rapporte, à la fin du « L i vr e de la loi des
contrées » , un petit fragment d'un ouvrage sur
les révolutions des astres, et qui fait partie d'un
des manuscrits provenant du couvent de Sancta
Maria Deipara de Ni trie (4).
Bien qu'adonné à l'étude des systèmes cosmi–
ques et philosophiques de l'Orient, Bardesane
cultiva aussi les sciences de l'Occident qui étaient
alors le complément indispensable de l'enseigne–
ment des écoles d'Asie, et notamment de celle
d'Édesse, réputée la plus célèbre après celles d'A–
thènes et d'Alexandrie
(5).
Connaissant à fond
la langue syriaque, son idiome maternel
(6),
Bar–
desane était très-versé également dans les lettres
helléniques
( 7 ) ,
à ce qu'assure saint Épiphane
qui va même jusqu'à prétendre qu'il composa
plusieurs écrits en grec
( 8 ) .
Mais là où i l ex –
cella principalement, ce fut dans la connaissance
du syriaque, idiome dans lequel i l composa tous
ses ouvrages
(9)
et qu'il parlait avec une grande
élégance et avec une éloquence pleine de
(1)
Chron. Edess.,
apud Assemani, 1.
1,
p.
423.
(2)
Jules Africain,
Keaxot,
ch.
29.
(3)
Ephrem,
Hymn.,
III, p.
444 ;
Hymn.,
XIV, p.
468.
—
Eusèbe,
Prxp. Evang.',
p.
160.
(4)
Cureton,
Spicil. syriac,
p.
21
du texte et
40
de
la version anglaise.
('6)
Allemand-Lavigerie,
Essai sur "Vécole chrétienne
d'Édesse,
p.
24
et suiv.
(6)
Eusèbe,
Hist. Eccles.,
liv. IV, ch.
28.
(7)
S. Jérôme,
in Catalog., voce Bardesanes. —
Eusèbe,
Hist. Eccl.,
liv. IV, ch.
28.
(8)
Ép'phane,
Hxres.,
LVI,
1.
(9)
Galland,
Biblioth. vet. patrum,
1.1,
p.
640
et
feu
(1).
Ce fut lui qui fixa les règles d'une métri–
que nouvelle pour la poésie syriaque ; et i l com–
posa même, sur le rhythme qu'il avait inventé,
cent cinquante hymnes qui furent en usage, avec
celles de son fils Harmonius
( 2 )
,
pendant près de
deux siècles, parmi les Syriens. C'est encore à
Bardesane que l'on attribue l'introduction du
chant dans les églises orientales.
Bardesane, élevé d'abord dans les principes de
l'orthodoxie
( 3 )
,
ouvrit une école célèbre, et
dirigea contre les sectes séparées de l'Église ses
premiers enseignements. On ignore à quelle
époque de sa vie Bardesane abandonna l'ortho–
doxie pour embrasser les doctrines du gnosti-
cisme.
Le s Pères de l'Église, et même quelques cri–
tiques, ont c ru que Bardesane avait adopté l'hé–
résie valentinienne, mais i l n'en est r i en ; au
contraire i l repoussa avec énergie la doctrine de
Valentin, mais pour arriver presque aux mêmes
conclusions que ce dernier dont il continua, sans
s'en douter, la secte, en la réformant
(4).
Saint
Ephrem
(5)
ne nous a donné qu'une idée fort
incomplète du système que Bardesane adopta. I l
est certain qu'il admit l'autorité des Livres saints,
rejetés par les disciples de Valentin comme
l'œuvre des hommes. Origène le dit expressé–
ment
(6).
On voit que Bardesane chercha à con –
cilier avec les enseignements des Ecritures les rê–
veries de l'Inde et de l a Chaldée ; qu'il admit en
Dieu, avec les gnostiques, huit couples d'JEons
engendrés les uns des autres par
syzygies
(7) ;
suiv. — Renan,
Hist. des langues sémitiques
(3
e
édit.),
liv. III, ch.
3,
p.
261.
(1)
Honor. Augustod.,
Bibl. patr.,
t. XII, p.
1000. —
Moïse de Khorène,
Hist. d'Arm.,
liv. I I , ch.
66.
(2)
Assemani,
Bibl. orient.,
t. I, p.
48, 60-61, 132
Hahn,
Bardesanes, Syrorumprimus hymnologus.
—
Le
fils de Bardesane, Harmonius, avait été élevé dans l'école
d'Athènes ( Sozomène,
Hist. Eccles.
,
liv. I I I , ch.
16. —
Ephrem,
Hxr. fab.,
I,
22
).
H composa également des
hymnes et fut le continuateur des doctrines de Barde–
sane. Ce furent les hymnes de saint Ephrem qui dé–
trônèrent celles des deux hymnologues gnostiques dans
les églises syriennes (Theod.,
Hist. Eccl.,
IV,
26).
(3)
S. Augustini
Opéra,
t. VI , p.
2.
—
Ephrem,
Hx-
res.,
LVI.
(4)
Moïse de Khorène,
Hist. d'Arm.,
liv. II, ch.
66.
(5)
Ephrem,.
Opéra syr. et lat.,
t. I I , p.
144
et
suiv.
(6)
Origenis
Opéra,
p. I I ,
de recta in Deum fide.
(7)
Ephrem.,
Op.,
t.
U; Hymn.,
LUI , p. 550.
Fonds A.R.A.M