H I S TO I RE ANC I ENNE D E L'ARMÉNIE.
51
Parmi les enfants de Vahakn, i l s'en trouva
qui demandèrent spontanément le ministère des
temples •, Valarsace les comble d'honneurs en leur
confiant le sacerdoce ; i l les élève au rang de pre–
mière satrapie et les nomme Vahnouni (i). De
même les races Aràvénian
(2)
et Zaréhavanian
(3),
issues des premiers rois, sont établies par Valar–
sace dans les bourgs du même nom.
Scharaschan, de la maison de Sanassar, est
créé grand toparque et gouverneur de la partie
sud-ouest, sur les frontières d'Assyrie, au bord
du Tigre. I l reçoit [en apanage] le canton d'Ar-
tzen
(4) ,
le pays d'alentour, le mont Taurus
(5),
avec le Sim
(6)
et toute la Cœlé-Syrie.
Quant aux Moghatzi, Valarsace, trouvant un
homme du canton de Mog
(7),
qui était chef
d'une bande de brigands, crée la satrapie du
fut exterminée par Ardeschir, roi de Perse ( Cf. Moïse
de Khorêne, liv. I I , ch. 78).
(1)
Cf. plus haut, l i v . I , ch. 31.
Les Vahnouni
furent élevés à la dignité de grands prêtres en Arménie.
C
'
était un droit héréditaire dans cette famille. La grande
prêtrise,
kermouthioun
,
fut confirmée par Valarsace
aux descendants de Vahakn qui conservèrent leur nom
de Vahnouni jusqu'en
l
'
an 89 de J.-C, époque à laquelle
Tigrane I I les priva de la dignité sacerdotale ( Moïse de
Khorêne, liv. I I , ch. 14). Les pontifes Vahnouni avaient
élevé à Armavir les statues d'Artémis et d'Apollon.
Celle d'Hercule, qu'ils avaient assimilé
à
leur ancêtre
Vahakn, fut dressée par eux au village d'Achdichad, dans
le canton de Daron (Moïse de Khorêne, liv. H, ch. 12 ).
(2)
Cf. liv. I , ch. 31.
La satrapie des Aràvénian
était située dans la province de Mog, où se trouvait la
vallée des Arouvénian, avec une légère différence- dans
l'orthographe (Indjidji,
Géogr. anc,
p. 134 ).
Moïse
de Khorêne (liv. I I I , ch. 43) et Lazare de Pharbe (p. 267)
mentionnent quelques personnages appartenant à cette
famille.
v
. ,
(3)
Cf. liv. I , ch. 31, où ces satrapes sont appelés Zar-
éhnavan. Thomas Ardzrouni (liv. IV, ch. 11) les men–
tionne également. — Cf. Indjidji,
Géogr.
anc , p . 153.
(4)
Le canton d'Artzen était situé dans la province
d'Aghdznik ou d'Aghdzen (
Arzanène
ou
Arsane
d'Am-
mien Marcellin, de Procope, d'Agathias, etc.). — Cf.
Indjidji,
Géogr. anc,
p. 67.
(5)
Le
Taurus
a
été
l
'
objet d'une magnifique descrip–
tion qu'on
Ut
dans Pline (liv. V,
ch.
27 )
qui nomme cha–
cune des montagnes de cette immense chaîne, qui s'é–
tend depuis la partie sud-ouest' de
l
'
Asie-Mineure
jusqu'en Perse.
Cf.
aussi notre
Voyage dans la Cili-
cie,
Prolégomènes,
p.
6
et suiv.
(6)
C
'
est
-
à
-
dire toute la région montagneuse qui s'é–
tend depuis le lac de Van,
à
l'ouest, jusqu'au Tigre. —
Cf. plus haut, liv. I , ch. 10, et la note, et liv. I , ch. 23
et la note.
(7)
La province de Mog,
l
'
une des grandes divisions
de
l
'
Arménie, était bornée au nord par le Douroupéran
et le Vasbouragan,
à
l'est par le Gordjaïk, et au midi
par une partie de l'Assyrie. Elle renfermait les montagnes
du Kurdistan, et paraît répondre
à
la
Moxoene
d'Am-
mien Marcellin, 1. XXV, ch. 7 (Indjidji,
Géogr. anc,
même nom. I l fit de même des Gortouatzi
(1),
des Antzévatzi
(2)
,
des Aguéatzi
(3
)
issus des
mêmes cantons. Pour ce qui est des Re c h -
douni
(4)
et des Koghtnetzi
( 5 )
,
j ' a i trouvé que
ce sont vraiment des branches de la race Sissa–
gan. Je ne sais si l'on appelle ces cantons du nom
de ces hommes, ou leurs satrapies du nom des
cantons.
Ayant fait toutes ces dispositions, Valarsace
bâtit un temple à Armavir où i l met les images
du Soleil ( Arékagen)
(6),
de la Lune (Lousin)
(7),
p. 133 ). La province de Mog passa aux dynastes du Vas–
bouragan, sous le règne du roi Sempad, comme nous
l'apprend Thomas Ardzrouni, p. 259 et suiv.
(1)
Cf. liv. I , ch. 14 et la note.
(2)
Le canton d'Antzévatzi était situé dans la province
de Douroupéran, au milieu des montagnes actuelles du
Kurdistan. Son nom vient de l'arménien
antzav
qui veut
dire « grotte » (Jean Catholicos, cité par Indjidji,
Géogr.
anc,
p. 196).
(3)
Le canton d'Aguéatzi faisait partie de la province
de Vasbouragan ( Indjidji,
Géogr. anc,
p. 201, note 2).
(4)
Le canton de Rechdouni était situé dans le Vas–
bouragan sur les bords méridionaux du lac de Van qui
s'appela aussi de son nom, «' lac des Rechdouni » (Ind–
jidji,
Géogr. anc,
p. 164). C'était une contrée très-fertile
avant la malédiction donnée par saint Jacques à Ma-
nadjir, prince du canton (Moïse de Khorêne, 1. n i , ch. 7).
Agathange (p. 593, 647) dit que le chef du canton avait
le titre de prince du pays de Rechdouni. L'île d'Aghta-
mar dans le lac de Van faisait partie des domaines des
Rechdouni (Moïse de Khorêne, liv. I I I , ch. 15).
(5)
Le canton de Koghten, fertile en vin (cf. plus
haut, 1. I , ch. 30), faisait partie du Vasbouragan. C'est
dans ce pays que se conservèrent avec le plus de per–
sistance les anciennes croyances et les traditions popu–
laires des Arméniens ( Moïse dé Khorêne, liv. I , ch. 30,
I I , 49, 61 ). Ce canton appartint pendant assez long–
temps aux princes de Siounik et était compris alors
dans la province de ce nom. Ptolémée (liv. V, ch. 13,
§ 9) appelle ce canton KoXOyjvo.
Cf. Indjidji,
Géogr.
anc,
p. 212 et suiv.
(6)
Arékagen signifie à proprement parler « l'œil d'A-
rek », le Soleil apparent que le Zend-Avesta nomme l'œil
d'Ormuzd (Anquetil Duperron,
Zend-Avesta,
t . I ,
2
e
partie, p. 87.
Burnouf,
Commentaire sur le Ya~
çna,
ch. I , p. 369 et suiv. ). C'était, selon les idées ar–
méniennes , idées qu'ils avaient empruntées à la religion
des anciens Perses, lamanifestation matérielle de Mihr
ou Mithra, fils d'Aramazd ou Ormuzd (Agathange,
p. 586, 588. ). Cf. Emin,
Recherches sur le paganisme
arménien, p. 20-21.
Arékagen était aussi le symbole
du feu sexuel chez l'homme.
(7)
Lousin, mot à mot « lumineux » et par extension
«
la Lune », était le symbole du feu sexuel chez la
femme. Moïse de Khorêne (
Hist. des Vierges, compa–
gnes de sainte Ripsimé,
dans ses
Œuvres complètes
publiées en arménien; Venise, 1843, p. 301, l'appelle le
«
feu-sœur »'. La Lune, chez les Arméniens, était la
seconde manifestation matérielle de Mihr. — Cf. Emin,
Rech.surlepag. arm.,
p. 21-22.
Rapprochez ce que
dit Burnouf,
Comm. sur le Yaçna,
ch. I , p. 369.
4.
Fonds A.R.A.M