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MAR A R
core plus terrible que l'Hercule libyen. Ayant
rassemblé ses troupes, i l fondit sur les Ibères, les
défit, les réduisit sous le joug, et en transporta
i
une partie sur la rive droite de la mer de Pont,
en occident. » Dans une grande vallée de l a Pa -
sène, Valarsace créa une satrapie appelée Ouo r -
touni
(
i ) ,
issue de Haïg.
U n homme au visage repoussant, grand mais
difforme, au nez aplati
,
à
Pœil enfoncé, d'un
aspect féroce, delà descendance deBaskam,petit-
fils de Haïgag
(2),
appelé Do rk , et surnommé
à
cause de sa laideur Ankéghia (le laid), doué
d'une taille et d'une force de colosse, est établi
gouverneur de l'occident. A cause de la laideur
de Dork, sa race prend le nom de maison d 'An-
kegh
(3).
Mais, si tu veux, je débiterai sur le
compte de Dork des fables et des extravagances,
comme ont fait les Perses pour Rosdom Sakdj ig
(4 ),
duquel on disait que sa force égalait celle de cent
vingt éléphants. Des chants rationnels
(5)
touchant
la force et la valeur de Dork.étaient en vogue,
et on ne pouvait pas. attribuer au même degré la
même chose
à
Samson,
à
Hercule et
à
Sakdj ig.
On disait, dans ces chants, qu'il saisissait dans ses
mains des pierres très-dures, sans aucune fêlure,
qu'il les rendait
à
volonté grandes ou petites, les
polissait avec ses ongles, en formait comme des
tablettes, et y traçait, aussi avec
l
'
ongle, des aigles
et d'autres figures. Ayant vu des vaisseaux en –
nemis
s
'
approcher du rivage de la mer de Pont,
(1)
Cf.
ci-dessus la note
5
de la p.
19
du
liv.
I, ch.
12.
(2)
Cf. ci-dessus, liv. I , ch. 23.
(3)
Les possessions de cette satrapie se trouvaient
dans
le
grand Dzop situé dans
la
quatrième Arménie
(
Faustus de Byzance, 1.
IV,
ch. 24). —Indjidji,
Geogr.
anc,
p. 507. — Agathange fait mention du chef de
la
maison d'Ankegh
(
Hist. de Tiridate,
p. 593, 647).
(4)
Rosdom, en persan Roustem, est longuement célé–
bré dans l'épopée de Firdouzi
(
Schah-nameh,
éd. Mohi
dans la
Collection orientale,
1.1,
Préface
) : «
Roustem',
fils de Zal, dont la vie a été tant célébrée par Firdouzi,
n
'
a
pas été chanté depuis par aucun autre auteur persan
(
Préface,
p.
LXI
). »
La
mère de Roustem,ayant dit
lorsqu'elle l'eut enfanté :
Roustem,
c'est-à-dire « je suis
délivrée », désira qu'il fût appelé Roustem. L'histoire de
Roustem est rapportée avec une foule de particularités
(
Schah-nameh,
p. 340-569). A la page 50 commence le
récit des sept aventures de Roustem, qui se continue
dans le second volume jusqu'à la page 473. — Cf. aussi
d'Herbelot,
Bibl. orientale,
Manougéher.
(5)
Les chants rationnels ou raisonnes,
erkh panitz
ou
erkarank panavourk
,
sont cités à deux reprises diffé–
rentes par Moïse de Khorène (liv.
I,
ch. 3, et dans le
chapitre dont nous nous occupons). C'étaient des chants
Simples et naturels, et vraisemblablement conçus dans
un but moral qui excluait l'allégorie (
Étude sur les
chants historiques de l'Arménie,
dans le
Journal
asiatique
(1852), —
et tirage à part, p. 28).
S CAT I NA .
il
s
'
élance
à
leur rencontre; mais les vaisseaux
gagnent la haute mer
à
une distance de huit sta–
des, et i l ne peut les atteindre ; il prend,
à
ce que
l'on raconte, des pierres grandes comme des col–
lines et les lance sur ces navires. L'immense
tourbillon engloutit un grand nombre de vais–
seaux, et les flots, soulevés dans le vide, portent
à
plusieurs milles au loin le reste des vaisseaux.
Oh ! c'est trop de fables ; c'est la fable des fables !
Mais que
t
'
importe? Dork était vraiment d'une
force extraordinaire, et bien digne de semblables
récits.
Valarsace établit ensuite la grande satrapie de
Dzop
(1)
dans l a quatrième Arménie, ainsi que
les satrapies Abahouni
( 2 )
,
Manavazian, Pez -
nounian (3), issues de la même race d'Haïg. I l
| choisit les plus illustres d'entre les habitants, les
nomma seigneurs des villages et des cantons, et
leur nom est appliqué
à
ces localités.
Cependant nous avons oublié le terrible
Slak
(4).
Je ne saurais pas dire avec certitude
s
'
il
descend de Haïg, ou des habitants qui étaient
établis dans la contrée avant son arrivée, et dont
parlent les traditions. C'était un homme valeu–
reux. Valarsace le charge avec une petite troupe
de garder la montagne et de chasser les chamois.
Ces hommes furent appelés Selgouni
(5).
Miantag,
qui ne recule jamais, est préposé aux mêmes
fonctions ; c'est de lui que descendent les Manta-
gouni
(6).
(1)
Le canton de Dzop, qui fait en effet partie de la
quatrième Arménie, était connu des anciens sous les
noms de
Sophène, Sophanène, Tzophanène
(
Strabon,
1.
XI , ch. 12, 14. — Pline, 1. V, ch. 12. — Ptolémée,
1.
V, ch. 13. — Procope,
de Mdif.,
liv. I I I ) . — Les
Syriens le nommaient
Tsouphania
(
Aboulpharadj,
Chr.
syr.,
p. 490 de la vers, syriaque). I l était divisé en deux
parties: la grande et la petite Sophène, ou Sophène des
Schahouni (Indjidji,
Géogr. anc.,
p. 45. — Saint-Martin,
Mém. sur VArm.,
1.1,
p. 91 et suiv.).
(2)
Le canton d'Abahouni faisait partie de la province
de Douroupéran et était situé au bord de la mer de
Peznouni, au pied de l'Ararat (Faustus de Byzance,
1.
IV, 20. — Thomas Ardzrouni,p. 276, 310). — Cf.,
Indjidji,
Géogr. anc,
p. 128 et suiv. —Saint-Martin,
Mém. sur VArm.,
1.1,
p. 100. — Constantin Porphyro-
génète
(
De adm. imp.,
ch. 44) appelle les Abahouni,
'
A7iaxouv?
(
ç.
(3)
Voy. ci-dessus liv. 1, ch. 12 et la note.
(4)
En arménien
slak
veut dire « flèche ».
(5)
La satrapie des Selgouni se trouvait dans le can–
ton de Daron, province de Douroupéran ( Indjidji,
Géogr. anc,
p. 91 ). — Les Selgouni furent massacrés
lors de leur révolte sous le règne de Tiridate, et leur sa–
trapie passa aux mains de Mamcoun ( Moïse de Khorène,
liv. I I , ch. 84 ).
(6)
La satrapie des Mantagouni se trouvait dans le
canton de Daron, province de Douroupéran. Cette race
Fonds A.R.A.M