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MAR A P A S CAT I NA .
et celles de ses ancêtres. Schampa Pakarad le
j ui f , investi de la dignité de thakatir et de géné–
ral de la cavalerie, est invité et pressé d'aban–
donner la foi judaïque et d'adorer les idoles;
mais s'y étant refusé, le roi Valarsace le laisse
libre.
Valarsace fait reconstruire la ville de Sémira–
mis et élever dans beaucoup d'endroits, pour des
populations nombreuses, des bourgs importants.
I l fait régner également un ordre parfait, fixe
les heures d'audience, des conseils et des diver–
tissements. I l divise l a milice en première, se–
conde, troisième classe et ainsi de suite. I l
nomme deux rapporteurs chargés de rappeler par
écrit au r o i , l ' un , le bien à faire; l'autre, les
vengeances
à
exercer. I l enjoint au premier de
prévenir le r o i , dans sa colère, qu'il donne des
ordres iniques, et de le rappeler à la justice et
à la philanthropie. I l crée des justiciers dans les
villes et les campagnes. I l ordonne aux citadins
de tenir un rang supérieur à celui des paysans,
à ceux-ci d'honorer les citadins comme leurs su–
périeurs , enfin aux gens des villes de ne pas être
hautains envers les paysans ( i ) , mais de se con–
duire en frères pour maintenir le bon ordre et
conserver l'harmonie, sans jalousie, ce qui est la
cause du bonheur et de la tranquillité de la vie.
I l établit encore d'autres institutions du même
genre.
Valarsace, ayant plusieurs fils, ne jugea pas
convenable de les garder tous à Medzpin. I l les
envoie en conséquence demeurer dans le canton
de Haschdiank
(2)
et dans la vallée frontière hors
de Da r on , leur laissant tous les villages avec une
addition de revenus particuliers et de traitements
pris sur le trésor royal
(3).
Valarsace garde près
de lui son fils aîné, appelé Arsace ( Arschag ) ,
(1)
Cette loi, qui établissait différentes classes entre
les Arméniens, est une de celles qui paraît avoir été le
plus longtemps en vigueur non-seulement pendant toute
la duré? du règne des Arsacides, mais encore sous les
Bagratides et les Roupéniens. En effet, on trouve, dans
le
Code de Mékhitar Koch
rédigé au douzième siècle,
la distinction entre les citadins et les paysans parfaite–
ment définie et réglée de la même manière qu'à l'époque
de Valarsace ( Manusc. de Saint-Lazare de Venise, et
de la Bibl. impériale^ fonds armén., suppl. n°
55).
(2)
Ce canton faisait partie de la quatrième Arménie,
et était connu des Grecs sous le nom
à'Asihianène
ou
Austanitis
(
Ptolémée, liv. V, ch.
13.
—
Procope,
de
AHdif.,Mv.
III. —
Cod. Justin.,
liv. I,
De magist. milit.)
—
Cf. ïndjidji,
Arm. anc.,
p.
43
et suiv.
(3)
Cf. Moïse de Khorène, liv. I I , ch.
2 1 ,
32;
III,
4.
—
Jean Mamigonien,
Continuât, de Vhist. de Zénob
de Glag.
—
Lazare de Pharbe, p.
12.
—
Faustus de By–
zance ,
I I I , 12.
pour lui assurer le trône, et son petit-fils Ardas-
chès qu'il aime tendrement. C'était en effet un
enfant vraiment intelligent, de belle venue, et
qui faisait présager de futures actions d'éclat. Ce
fut dès lors un principe chez les Arsacides, qu'il
ne restât près du roi qu'un seul fils, l'héritier de
la couronne, tandis que les autres fils et filles
allassent aux contrées de Haschdiank, apanage
de la race.
Cependant Valarsace, après avoir accompli
tous ces faits et cette magnifique organisation,
meurt à Medzpin, après vingt-deux ans de
règne
(1).
X X X I V . ( CH . I X . )
De notre Arsace {Arschag) premier.-— Ses faits et
gestes.
Arsace, fils de Valarsace, règne treize ans
sur les Arméniens
(2).
Jaloux de suivre les traces
des vertus de son père, i l fit aussi beaucoup de
sages institutions, déclara la guerre aux hab i –
tants du Pont, et laissa sur le rivage de la grande
mer une marque de sa victoire. Prenant sa lance
dont la pointe était bien affilée et qui était trem–
pée dans le sang des reptiles, i l la brandit, étant
à pied, d'un bras vigoureux et la fait pénétrer
profondément dans une colonne de pierre très-
dure qu'il érigea au bord de la mer.
A cette époque de son règne, surviennent de
grands troubles dans les gorges de l a chaîne du
Caucase, au pays des Boulgars (3) ; grand nom–
bre d'habitants émigrèrent dans notre pays , se
fixèrent au-dessous de Gog , dans des plaines
très-fertiles et abondantes en blé et y restèrent
longtemps.
Le s fils de Pakarad, inquiétés par Arsace [qui
voulait les contraindre] à adorer les idoles, péri–
rent noblement au nombre de deux, martyrs
de la foi de .leurs pères. Je n'hésite pas à p r o –
clamer qu'ils ont suivi l'exemple des Ananéens
(4)
et des Eléazaréens
(5).
Les autres ( membres de
cette famille ) consentent seulement à chevaucher
le jour du sabbat pour aller à la chasse ou en
expédition, et à ne plus faire circoncire leurs
(1)
Valarsace régna de
149
à
127
av. J . -C .
(2)
Arsace I régna de
127
à
H4
av. J . -C .
, (3)
Cf. plus haut, liv. II, ch.
6
et la note.
(4)
Daniel, III. v.
12
et suiv. — Cf. aussi Josèphe,
Anliq. Judaïq.,
liv. X, ch.
2.
(5)
n , Machab. VI,
18
et suiv. — Cf. aussi Josèphe,
Antiq. judaïq.,
liv. XII, ch.
7.
Fonds A.R.A.M