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M A R A P A S C A T I N A .
races des rois successeurs d'Haïg, q u i , à diffé–
rentes époques, ont hérité de leurs ancêtres de
villages et d'établissements. Mais depuis, sous l a
domination des Perses, comme j e l ' a i appris, i l
se forma des compagnies tirées des autres classes,
et qu i s'appelaient Osdan ( i ) . Je ne sais pas si
c'est par suite de l'extinction de la première race,
ou bien par esprit d'opposition à ces familles ré–
pudiées et proscrites, qu ' on forma à leur place
d'autres compagnies dites royales
(2).
Les p r e –
mières descendent bien des premières races des
rois primitifs, comme encore à présent en Ibérie,
la race appelée Méphédzoul
(3).
Valarsace fait
aussi eunuques des descendants de lamême race
(4),
et leur donne pour chef Haïr
(5),
prince d u pays
depuis l'Aderbadâgan jusqu'à Djouasch
(6)
et
Na t hd j a v an . Mais comment se fit cet arrange–
ment ? où sont passés les documents déjà oubliés
de ce chef? Je l'ignore.
(1)
Cf. plus haut, XX I I I (liv. 1, ch. 30 ).
Les Osdan
descendaient de Dikranouhi sœur de Tigrane I , et ils
furent connus longtemps sous le nom de Osdanig, ou
princes de la maison royale.
(2)
On trouve, dans l'ouvrage du P.. ïndjidji sur
Y Ar–
chéologie de l'Arménie,
quelques détails sur l'organi–
sation des armées arméniennes, qui ont été abrégés par
l'abbé Cappelletti, dans
VArmenia
(
Florence, 1841),
t. I I , ch. x i i , , p . 91 et suivantes-, mais ces renseigne–
ments sont fort peu circonstanciés. Nous savons cepen–
dant qu'en dehors des armées du roi et des troupes
de la garde du souverain, i l y avait encore en Arménie
des légions soldées par la caste sacerdotale qui était très-
puissante dans ce pays, même à l'époque du paganisme
(
Cf. Zénob de Glag,
Histoire de Daron
,
p.
38,
37).
Cette armée avait pour chefs les
kirmabed
ou prêtres
(
Zénob, p. 25).
Cf. Emin,
Rech. sur le paganisme
arménien,
p. 52 et suiv.
(3)
Ce mot est composé des deux mots géorgiens
méphé
«
roi » et
dzoul
«
race », — race royale. On dit aussi
méphédzé,
«
fils de roi. » On donne actuellement aux
membres de la famille royale de Géorgie le nom de
ba-
tounichwili, «
fils du maître », qui correspond à la pre–
mière expression. — Cf. Brosset,
Hist. de la Géorgie,
1.1,
Introd.,
p. 85.
Ad. Berge-,
Voyage en Mingrélie
(
Paris, 1864), p. 34.
(4)
C'est-à-dire la race qui descendait de Tigrane et
d'Haïg.
(5)
Haïr
en arménien veut dire « père ». C'était le
nom que l'on donnait au chef des eunuques (Moïse de
Khorène, liv.
m,
ch. 15) qui s'appelait également
mort-
bed
(
chef des hommes ). La dignité de chef des eunu–
ques s'exprimait en arménien par le mot de
martbedou-
thioun,
comme on peut le voir dans l'Histoire de Faustus
de Byzance.
(6)
Canton du Vashouragan, sur les rives de l'Araxe,
qui est appelé aussi Djovachrod par Thomas Ardzrouni
(
Hist. des Ardzrouni,
liv. 4, ch. I I ) .
Cf. ïndjidji,
Arm. anc.,
p. 210.
X X X I I I . ( C H . v i n . )
Seconde dignité du royaume, conférée aux descen–
dants çCAstyage roi des Mèdes.
La maison d u r o i ayant été organisée, la se«-
conde dignité d u royaume
(1)
fut donnée aux
descendants d'Astyage r o i des Mèdes, appelés à
présent Mouratzan
(2)
;
car le chef de cette race ne
s'appelle pas Mouratzan-der, mais Maratzouotz-
der (seigneur des Mèdes). Valarsace abandonne à
ce chef tous les villages pr i s sur les Mèdes. I l éta–
b l i t en o r i e n t , aux frontières de, la langue armé–
nienne
(3)
,
les chefs des descendants des deux
dynasties de Sissag et de Gatmos, don t nous avons
donné les noms dans la première partie
( 4 ) .
Valarsace donne le gouvernement de la grande,
illustre et fertile contrée d u nord-est à A r a n ,
homme illustre et distingué par sa prudence et
son esprit. Cette contrée est près d u Cyrus (Gour),
grand fleuve qu i traverse la plaine étendue. Sa–
che aussi que nous avons oublié de ment i onne r ,
dans notre pr emi e r l i v r e , cette grande et illus–
tre maison de Sissag
(5)
qu i possédait* la plaine
des Aghouank avec sa région montagneuse
de—
(
t)
Cette charge répondait à celle de premier mi –
nistre,
sadrazam
ou grand-vizir des Orientaux. Moïse
de Khorène décrit le costume que devait porter le per–
sonnage revêtu de cette charge importante (liv. I I ,
ch. 47). On trouve aussi des détails analogues sur ce
costume dans Procope (
de JEdif.,
liv. I I I , ch. 1),
Cf.
aussi ïndjidji,
Archéol. de l'Arm.,
t . I I , p. 284.
(2)
Cf. sur lesMouratzan, Moïse de Khorène, liv. I H ,
ch. 44 et suiv.
(3)
Cette expression est purement biblique et s'em–
ployait pour désigner les peuples. C'est ainsi que, dans
le livre de Daniel, on trouve à plusieurs reprises les
mots « peuples, races et langues » (ch. I I I , versets 4, 7,
96, 98;
ch. V, v. 19, 25). On peut encore rapprocher cette
expression de ce vers du Dante
(
Enfer,
ch. 5) -.
«
Fh impératrice di moite favelle. »
(4)
Cf. plus haut, liv, I , ch. 12; liv. I I , ch. 4.
(5)
La maison de Sissag, dont la dynastie était souve–
raine de Siounik et à laquelle les Persans donnèrent le
nom de Sisagan (Moïse de Khorène, liv. I , ch. 12 ), peu–
pla tout le pays formé des contrées montagneuses com–
prises entre le lac de Kégham ou de Sévan et la partie
de l'Araxe qui s'étend depuis Nakhdjavan jusqu'à la ca–
taracte appelée aujourd'hui Arasbar, qui se trouve au
confluent de l'Araxe et du Cyrus (Gour). St-Martin (
Mém.
sur l'Arménie,
t. I , p. 209) conjecture que le pays de
Sissag correspond à la
Sacasène
de Strabon (liv. X I ,
ch. 7, § 2), et i l propose de lire dans le texte de cet auteur
EaffocxYjvy), au lieu de £axaar)v9}, qui doit être une er–
reur de transcription de la part des copistes qui ont écrit
les manuscrits de sa Géographie. On peut croire encore
que le pays de Sissag est le même que celui appelé
Sa-
capène
par Ptolémée (liv. V, ch. 13). Le pays de Sissag
était possédé par des dynastes puissants qu i , après avoir
été d'abord soumis aux rois d'Arménie, devinrent indé-
Fonds A.R.A.M