H I S T O I R E A N C I E N N E D E L ' A R M É N I E .
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de K e n t o u n i
(
i ) .
I l
tire ses gardes du corps, a r –
més
de toutes pièces, de la race de Kh o r de s –
cendant de
Haïg,
tous guerriers braves et habiles
au maniement de la lance et de
l
'
épée, et leur
donne pour chef Malkhaz, en leur conservant le
nom de leur race primitive
(2)
.
Tad , de la race de
Karnig, sorti de Kégham, est préposé aux chasses
royales. Son fils est Varj
( 3 ) ,
et c'est de lui que
la race tire son nom ; toutefois ce ne fut que pos–
térieurement, au temps
d
'
Ardaschès
(4) .
K a -
pagh
(5)
est intendant des greniers
à
blé
( 6 ) ,
et
Apel
(7)
est majordome et chambellan. Valarsace
leur donne des villages qui portent leurs noms ;
ce sont les satrapies Apéghèn
(8)
et Kapéghèn
(9).
LesArdzrouni
(10),
je ne devrais pas dire Ardz-
(1)
I l ne paraît pas certain que les Kentouni descen–
dent des Cananéens, car on l i t dans Moïse de Khorêne
un passage qui semble infirmer cette tradition. Cet his–
torien dit en effet ( liv. I I , ch. 24 ) que Zora Kentouni,
chef de la satrapie de ce nom, ayant accusé de trahison
Enanus, thakatir et général de la cavalerie,.auprès du
roi Arscham père d'Abgar, celui-ci fit jeter Enanus en
prison , après l'avoir dégradé. Voici les paroles de Zora
au roi, rapportées par Moïse de Khorêne : « O roi ! ap–
prends qu'Enanus a voulu se révolter contre t o i , et i l
m'a proposé de demander à Hérode, roi de Judée, un
serment. par lequel i l s'engagerait à nous recevoir,
à nous donner des possessions dans le pays de nos
ancêtres, parce que nous avions beaucoup à souffrir
dans celui-ci. Et moi, loin de consentir à ses proposi–
tions, je l u i dis : Pourquoi vous laisser tromper par
d'antiques traditions, par de vieilles fables, en croyant
que nous sommes originaires de la Palestine?
»
Jean
Catholicos représente la race des Kentouni comme por–
tée à la ruse et à la rébellion, portrait qui s'accorde
avec celui que nous a tracé Moïse de Khorêne, de Zora
dénonciateur d'Enanus
(
Hist. d'Arménie,
ch. vm , p. 25
de la trad. fr.).
(2)
Cf. V ( l i v . I , c h . 12).
(3)
Varaj,
selon unmsc.
(4)
Cf. l i v . I , ch. 12 et les notes -, et Moïse de Khorêne
(
liv. I I , ch. 11), qui dit que « Ardaschès I
e r
confia l'édu–
cation de son fils Dikran à un jeune homme nommé Va-
raj, fils de Tad , de la race de Karnig, descendant de
Kégham , de son nom sa race s'appelle Varajnouni. »
(5)
Kapa,
selon un msc.
(6)
Le mot
goid
a aussi en arménien le sens de haras,
de sorte qu'on peut supposer que Kapagh était chargé
de l'intendance des haras du ro i .
(7)
Un msc. écrit
Arel.
(8)
Cette satrapie était sans doute la même que celle
des Apéghians qui avait pour chef, à l'époque d'Ardas–
chès I
e r
,
un certain Apégho ( Moïse de Khorêne, liv. I I ,
ch. 60). — Le canton d'Apéghian se trouvait dans la pro–
vince d'Ararat (Indjidji,
Géogr. anc,
p. 387).
(9)
Cette satrapie se trouvait également dans la pro–
vince d'Ararat (Indjidji,
Géogr. anc.,
p. 387), entre les
deux fleuves Akhourian et Géghouan. La ville principale
était Getchror (Vartah
,
Géogr. de l'Arménie,
dans les
Mém. sur VArm.,
de Saint-Martin, t. I I , p. 416-417),
dans le voisinage d'Ani.
(10)
La famille satrapaïe des Ardzrouni, mot formé de
j
rouai, mais Ardzivouni, parce qu'ils furent ceux
qui portaient les aigles devant Valarsace.
Je
laisse
de côté les fables et les contes publiés
à
Hatama-
guerd
(1),
à
savoir qu'un enfant dormait exposé
à
la pluie et au soleil, lorsqu'un oiseau couvrit de
ses ailes l'enfant défaillant.
Je
sais que le mot Ké-
nouni vient de
Aini
(
vin) et
ouni
(
il
a) :
celui qui
prépare les breuvages du roi. Voici une particula–
rité curieuse touchant cette fonction et cette déno–
mination : celui qui dégustait les vins les plus s a –
voureux et les plus généreux pour le roi,
s
'
appelait
K i n . Valarsace, d i t - on , enchanté de cette singu–
lière coïncidence, élève Kîn au rang des grands s a –
trapes. Ce sont
là
les deux maisons sorties de larace
de Sennékérim, les Ardzrouni et les Kénouni.
Je
le dis aussi : les Sbantouni
(2)
étaient pré–
posés aux sacrifices ; les Havénouni
(3),
faucon–
niers, habitaient les forêts ; et si tu ne me prends
pour un conteur,
j e
dis encore : les Tzunagan
(
i\)
étaient les gardiens des résidences
d
'
été, les prépo–
sés
aux glacières du roi ; ils furent anoblis pour
leurs services, comme gens de la maison royale.
Valarsace crée quatre compagnies de gardes de
la porte royale, armées de toutes pièces, et cha –
cune avec son chef, recrutées parmi les anciennes
ardziv
(
aigle ) et
ouni
(
i l a ), qui correspond parfaitement
au latin
aquilifer,
était une race issue d'Arkamozan,
descendant de Sennachérib, qui vint en Arménie sous
le règne de Sgaïorti ( Cf. plus haut, XV I , liv. I , ch. 23)
et reçut en apanage une portion du Vasbouragan. A l'é–
poque des Arabes, les possessions des Ardzrouni s'aug–
mentèrent considérablement, et elles formèrent le siège
d'un État indépendant dont la capitale était Van. On
possède une histoire détaillée des Ardzrouni écrite par
un membre de cette famille, Thomas, qui a été publiée en
arménien, à Constantinople, en 1852, et dont M. Brosset a
donné l'analyse dans les
Mélanges asiatiques de l'Acad.
des Sciences de Saint-Pétersbourg,
t . IV, p. 686. — Cf.
aussi Indjidji,
Arch. de VArm.,
t. I I , p. 109 et suiv.
(1)
La ville d'Hatamaguerd est citée dans Thomas
Ardzrouni
(
Hist. des Ardzrouni,
liv. V, ch. 2) qui dit
que Kourken, frère de Kakig, roi du Vasbouragan, y
•
bâtit une église magnifique. Cette ville se trouvait dans
le canton d'Aghpat, dans la province de Vasbouragan.
—
Cf. Indjidji,
Géogr.
an c , p. 206.
(2)
Sbant,
en arménien, veut dire « sacrifice, immola–
tion ».
(3)
Hav,
en arménien, veut dire « oiseau ». Le canton
de Havénouni ou Havouni faisait partie de la province
d'Ararat. C'est le même canton qui est probablement
désigné dans la Géographie attribuée à Moïse de Khorêne,
sous le nom de Vahagouni (St-Martin,
Mém. sur l'Arm.,
t. I I , p. 366-367). — Cf. Indjidji,
Géogr. anc.,
p. 380.
(4)
Tzun,
en arménien, veut dire « neige » et
Tzunagir
«
porte-neige », celui qui apportait les sorbets au roi.
Lazare -de Pharbe cite Vren Tzunagan au nombre des
satrapes qui prirent part à la levée de boucliers contre
les Perses, et en effet Mesrob
(
Vie de saint Nersès,
en
arm., p. 36 ) classe cette famille
au
rang des satrapies.
Fonds A.R.A.M