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M A R A P A S C A T I N A .
son n om Vanant; et les villages sont appelés j us –
qu'à présent du n om de ses frères et de ses des–
cendants ( i ) .
[
Valarsace], afin de se soustraire au souffle glacé
d u no r d , descend dans une immense plaine ; là ,
i l campe au b o r d d u Medzamor, à l'endroit où le
grand fleuve, sortant d u lac septentrional, va se
perdre dans le Grand Marais. Puis i l organise les
milices d u pays, laisse des inspecteurs, et, emme–
nant avec l u i les plus notables, i l se r end à Medz-
pine.
X X X I I . (CH. vu.)
Organisation du royaume. — D'où Valarsace tire
toutes ses satrapies ? — Comment il règle ses
institutions.
Vo i c i u n impo r t an t chapitre, tout r emp l i de
détails historiques et digne de la plus claire et de
la plus complète exposition ; car i l y a beaucoup
à dire sur les institutions, les règlements, les f a–
milles, les races, les villes, les bourgs, les établis–
sements, et en général sur l'organisation entière
d'un royaume, sur tout ce qu i le concerne, les
armées, les généraux, les gouverneurs de p r o –
vinces et les autres officiers
(2).
qu'au Danube (Jornandès,Dcreô.Ge^c.,ch. 5). On trouve
en effet dans Théophane
(
Chronogr.,
p. 296) un nom
de peuple assez barbare et qui semble être formé de
l'agglomération
.
de trois noms différents, mais unis en
corps de nation : ce sont les Ounno-bundo-bulgares,
OÛVVO
6
OVV
8
O
6
O'JX
Y*
P
01
> appellation dans laquelle on re–
trouve les Huns, les Bunds ou Vendes et les Bulgares.
On peut donc induire du texte de notre auteur qu'à une
époque assez ancienne, une nation d'origine slave, les
Vendes,'s'étaient déjà confondus avec les Bulgares, et en
effet la langue slave a prédominé chez les descendants
des Bulgares, et on trouve aussi des noms slaves portés
par beaucoup de chefs bulgares.
(1)
Voy. plus bas, XXXIV (liv. I I , ch. 9 ).
(2)
Dans ce chapitre, i l est question de l'organisation
1
du royaume d'Arménie basée sur un système que nous
avons tout lieu de croire identique à celui qui ré–
gissait les grands empires de l'Asie, et dont l'Arménie
elle-même ne formait qu'une partie, avec le titre de sa–
trapie. On sait en effet que ce pays fut presque tou–
jours soumis à des maîtres étrangers pendant toute la
durée de la dynastie d'Haïg, et qu'il faisait partie, à ces
époques reculées, de ce vaste système monarchique,
dont les chefs suprêmes, décorés du titre de roi des rois,
furenttour à tour les souverains de Ninive, de Babylone,
de laMédie et des Perses. Ce vaste système, qui se conti–
nua sous les Arsacides et les Sassanides, et dura jusqu'à
la conquête arabe, représentait une vassalité solidement
constituée, partant du dernier degré de l'échelle sociale
pour s'élever successivement jusqu'au roi des rois. Moïse
de Khorène a retracé, d'après Mar Apas Catina, le
tableau fidèle de l'organisation de sa patrie sous le règne
du premier Arsacide arménien, et ce qui rend plus cu-
En premier lieu, le r o i règle tout ce q u i c ou -
cerne sa personne et samaison, et commence par
.
sa tête et sa couronne. Vou l an t récompenser le
j u i f Pakarad de son ancien dévouement, de sa
fidélité et de sa valeur, i l confère, ainsi que nous
l'avons d i t
(1),
à l u i et à sa descendance, le titre
de g rand feudataire, le privilège de mettre l a cou–
ronne sur la tête d u r o i , de s'appeler thakatir
et général de la cavalerie
(2),
de porter le d i a –
dème avec trois rangs de perles, sans o r n i pier–
reries , quand i l se t r ouva i t à l a cour ou dans
l'appartement du r o i .
Valarsace choisit pa rmi les descendants des Ca–
nanéens un certain Tzerès, chargé de l u i mettre
ses ornements r oyaux , et donne à sa race le n om
*
rieux ce tableau, c'est que tout nous porte à croire qu'il
ne fait que reproduire le mode de l'organisation politique
existant dans la Perse et que les Arsacides avaient em–
prunté aux plus anciennes monarchies de l'Asie occi–
dentale. Les Arsacides de Parthie avaient la suprématie
sur toutes les autres branches de la même famille éta–
blies en Arménie, dans la Bactriane et dans la Médie,
et, comme tels, les rois vassaux de ces trois États leur
devaient l'hommage et étaient soumis à leur autorité
(
Cf. notre
Cartulaire d'Arménie,
ch. I I , § I , p. 27). Un
passage de Diodore de Sicile, qui nous a été conservé par
Constantin Porphyrogénète (
Excerpt. de virt. et vitiis),
nous montre qu'Arsace ou Mithridate I
e r
voulut joindre
à la gloire de conquérant celle de législateur. I l forma
un code des lois qu'il trouva chez les diverses nations
soumises à son empire, pour le donner aux Parthes :
xaôoXou osftoXXcovêOv&v -
èy/.paT^ç
YevQjAevoç, xà Trap'
êxâaToiç
àpiara
Ttov
VO(J.Î*XWV
xaréoei^e
TOÏ;
ITàpOotç.
Son
frère Valarsace, qu'il avait établi roi d'Arménie, imita
entièrement sa conduite-, i l remit en vigueur les an–
ciennes lois du pays et en publia de nouvelles pour remé–
dier à l'imperfection de ces dernières. — Cf. Saint-Mar–
tin ,
Hist. des Arsacides,
1.1,
p. 336 et suiv.
(1)
Cf. plus haut, XXV I I I (liv. I I , ch. 3).
(2)
Le mot
asbed
voulait dire anciennement « gé–
néral de la cavalerie » et non pas « chevalier » comme
quelques traducteurs l'ont supposé. Ce mot est le syno–
nyme
d'asbarabed, asbahabed, sbarabed,
qui au moyen
âge, et particulièrement à l'époque de la dynastie rou-
pénienne, était rendu par le mot connétable, comme on
peut le voir dans les Chroniques de Sempad ( éd. de Pa–
ris, en arménien, p. 105, et notre trad. fr., extr. des
Mém. de l'Acad. des sciences de Saint-Pétersbourg, p. 19)
et d'autres historiens arméniens de l'époque des croi–
sades. Le mot
sbarabed
paraît d'origine persane, car on
trouve parmi les dignitaires de la cour de Perse les t i ~
très
sipahbek
et
sipahsalar
(
chef d'armée ou de sol–
dats). Ce titre répond exactement au mot ïicîtapxoç qui
a la signification de général de cavalerie ( Cf. S. de Sacy,
dans les
Notices et extr. des msc,
t. V I I I , p. 148 et
suiv., 191). Chez les Géorgiens, le même titre était aussi
en usage, mais le nom avait subi une légère altération
et s'écrivait
sparsalar
ou
achosalar
(
Klaproth,
Reise
in Géorgien, t.
I I , p. 210.
—
Brosset,
Hist. de la Géor–
gie,
t . I ,
introd.,
p.
C L X I V
)
—
C f . aussi Saint-Martin,
Mémoires sur VArménie,
1 . 1 ,
p . 298, note.
Fonds A.R.A.M