H I S T O I R E A N C I E N N E D E L ' A R M É N I E .
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victoires contre les dragons, et ses exploits éga–
lant ceux d'Hercule
(1).
On- d i sa i t même qu'il
était placé au rang des dieux
(2),
et, dans le pays
des Ibériens ( V i rk ), on lui éleva une statue à
laquelle on offrit des sacrifices. De l u i descendent
les Vahnouni
"(3)
;
de son fils puîné Aravan sont
issus les Aravéniens
(4).
De Vahaken naquit A r a –
van ; d'Aravan, Nerseh ; de Nerseh , Zarèh ; des
rameaux de la race de Zarèh viennent les races
appelées de Zarehnavan
(5)
:
Armok
( 6 ) ,
p r e –
mier-né de Zarèh; Pakam, fils d'Armok; Van
( 7 ) ,
fils de Pakam; Vahé, fils de Van. Vahé périt
en combattant contre Alexandre de Macé–
doine
( 8 ) .
Depuis cette époque jusqu'au règne de Valar-
sace en Arménie, j e n'ai plus r i en de certain à
te rapporter ; car, au milieu du conflit des bandes
insurgées, on voyait beaucoup d'ambitieux se
disputer le gouvernement de notre patrie
(9).
C'est pourquoi Arsace (Arschag) le Grand , ayant
(1)
Vahaken était assimilé à Hercule, et en effet les
traducteurs arméniens des Livres-Saints n'ont pas hésité
à
rendre le nom d'Hercule, appelé
'
HpaxXîjç
par les Sep–
tante, par Vahaken (Cf.
Bible arménienne;
I I ,
Macha-
bées,
ch. iv, v. 19.)
(2)
Le temple de Vahaken se trouvait à Achdichad,
dans la province de Daron, sur les rives de l'Euphrate;
c'était un temple fort riche, car il était rempli d'or,
d'argent, et d'offrandes offertes par les rois; c'était le
lieu préféré des sacrifices des souverains de la grande
Arménie (Agathangc,
Vie de Tiridate,
édit. de Venise,
p. 603 ).
.
(3)
Une variante écrit
Vahouni.
—
Cf. Moïse de Kho–
rêne, liv. I I , ch. 8.
, (4)
Cf. Moïse de Khorêne, liv.
n,
ch. 8.
(5)
Cf. Moïse de Khorêne (liv. I I , ch. 8 ) , où les
Zarehnavaii sont appelés Zarehavanian, avec une légère
différence dans l'orthographe.
(6)
Armot,
selon une variante.
• (7)
Vahan,
selon une variante.
(8)
Quinte-Curce
(
Histoire
d'Alexandre,
liv. I I I ,
ch. 4) dit que les Arméniens envoyèrent au secours de
Darius quarante mille fantassins et sept mille cavaliers.
(9)
I l n'existe, dans aucun historien arménien, de ren–
seignements sur les gouverneurs de l'Arménie après la
destruction du royaume des Haïciens par les Macédo–
niens. Les seules données qui nous sont parvenues à ce
'
sujet se trouvent dans les écrits des Grecs.
vOn
sait par
exemple que Mithrinès, qui avait livré la citadelle de
Sardes à Alexandre, fut nommé, par le conquérant, gou–
verneur de l'Arménie. Néoptolème, nommé par les gé–
néraux d'Alexandre, remplaça Mithrinès. Après celui-ci
vint Ardoates, puis Orontès [Hrand] et Artavasde, nom–
més par les Séleucides. Antiochus le Grand donna en–
suite le gouvernement de l'Arménie à Artaxias [Ardas-
chas] qui se rendit indépendant. Artavasde son fils lui
succéda, mais il fut détrôné par les Arsacides. — Cf.
Polybe, liv. XXVI, ch. 6. — Appien,
Syriac.,
ch. 45, 46,
55
et 66. — Strabon, liv. XI, ch. 14, § 15. — Plutarque,
Lucullus.
—
Arrien,
Anabas.,
VIII, 5. — Justin, liv.
XLII, ch. 2.
envahi sans peine l'Arménie, créa son frère V a -
larsace roi du pays des Arméniens
(1).
X X V . ( CH . XXX I I . )
Guerre de Troie ( Mon) sous Teutamus.
(
roi) Zarmaïr, avec une faible troupe,
aux Ethiopiens. — Sa mort.
Notre
s^unit
T a studieuse ardeur nous impose deux condi–
tions qui nous obligent à un travail fort difficile:
un exposé court et rapide, et en même temps
éloquent et sublime , un style platonique, exempt
de fausseté et vrai en tout point ; bref, une h i s - „
toire non interrompue à partir du premier
homme jusqu'à toi. I l est impossible de réunir
toutes ces conditions; car le Créateur de toute
chose, quoique pouvant tout créer d'un signe en
un clin d'œil, ne le fait pas ; mais i l assigne des
jours différents, des rangs distincts à ses créa–
tions ; les unes sont créées le premier j our ; les
autres, le second et le troisième, et ainsi de
suite
(2).
I c i , la même marche nous est indiquée
par la doctrine de l'Esprit-Saint. Tes désirs, nous
le voyons b i en , ne veulent pas se plier à de telles
règles ; i l faut te dire tout avec exactitude, sans
rien omettre et à l'instant même. A l o r s , i l y aura
des longueurs si l'histoire est développée comme
tu le désires; ou précipitation, et alors tu ne
seras point satisfait. Ainsi, et à cause même de ta
pressante insistance, nous n'avons point parlé en •
leur temps, n i du Macédonien, ni de la guerre
iliaque; nous rappellerons donc i c i ces faits.
Nous ne saurions dire s'il eût été d'un habile ou
d'un mauvais artiste de travailler alors, ou aussi
tardivement, ces pièces importantes et dignes
d'être exposées i c i .
Quels doivent donc être les premiers de ces
faits, sinon ceux que raconte Homère relative–
ment à la guerre iliaque, sous Teutamus, r o i
des Assyriens, alors que notre Zarmaïr, soumis
aux Assyriens, marche à l a tête d'un faible dé–
tachement, avec l'armée éthiopienne , au secours
de Priam? Là [ Zarmaïr
J
(3)
meurt frappé
par les braves Hellènes, par Achille l u i -
(1)
Cf. plus bas, XXXHI. (liv. II, ch. vui.)
(2)
Génese,
ch. I.
(3)
Le nom de Zarmaïr ne se trouve pas dans l'Iliade,
mais le P. Indjidji
(
Archéol. de VArm.,
1.1,
p. 186) croit
pouvoir identifier Ascanios avec Zarmaïr qui était roi
d'Ascanie, autrement du pays des descendants d'Asca-
naz, l'un des noms bibliques de l'Arménie
(
Jérémie,
L I , 27). Le P. Indjidji s'appuie sur ces deux vers d'Ho–
mère (
Iliade,
ch. H, 862) :
Fonds A.R.A.M