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MAR
A P A S CA T I NA .
on encore, convoite avec ardeur, de la table
d ' Arkavan , l'herbe
ardahhour
et l'herbette
ditz
(
i ) .
N'admires-tu pas davantage i c i encore notre
véracité h i s t o r i que , et comment nous avons p u
découvrir le secret des dragons q u i habitent sur
le l i br e Massis
(2) ?
X X I V .
(
CH. XXX I . )
Quelles sont les races issues de Tigrane, et quels
sont les rameaux de ces races ?
Peindre avec exactitude • et sincérité Tigrane
premier, et rappo r t e r tous ses actes , est pour
m o i , h i s t o r i en , une tâche agréable au mi l i eu de
mes récits ; et pou r t o i , lecteur, tous ces dis–
cours sur Tigrane, fils d ' Er ouan t , seront remplis
de charmes. Comme le héros et ses hauts faits
nous intéressent, i l en sera de même aussi de son
histoire. C'est p ou r quo i i l me plaît de nomme r
et de rappeler pou r la valeur Haïg, A r a m , T i –
grane ; car selon mo i les fils des braves sont des
braves. Quant aux hommes de second o r d r e ,
qu'on les appelle comme on voudra. Ma i s , d ' a–
près l ' op i n i on adoptée l o r squ ' i l s'agit des héros,
notre appréciation est juste : i l n ' y a pas d ' Ara -
ma z d ; mais quelques-uns veulent qu ' i l y en ait
plusieurs, même quatre appelés Aramazd , dont
l ' un est u n certain Gunt Aramazd
(3).
Ainsi
toire de la guerre d'Ardaschès contre les Alains (Cf.
liv.
I I ,
ch. 49-50).
(
l ) Ce passage qui est fort obscur a trait sans doute
à quelque légende relative à l'histoire romantique de
Satinig, dont i l ne nous est parvenu que quelques frag–
ments très-courts, dans le livre de Moïse de Khorène
(
Hist.,
liv. I I , ch. 50). — Quant
à
l'herbe appelée
arda-
khour,
et à la petite plante nommée
ditz,
les diction–
naires arméniens n'en donnent pas la signification.
(2)
Rapprochez le passage de l'histoire de Moïse de
Khorène, liv. I I , ch. 61. — Quant àl'épithète de libre,
azad,
donnée à l'Ararat, cf. à ce sujet les conjectures
de Indjidji
{
Archéol. armén.,
1.1,
p. 6), de Mesrob Thag-
hitian
(
Voyage en Arménie
(
Calcutta, 1847), t . I I , p. 167)
et de M. Émin (
Vebk
,
p. 41-42) qui ajoute quelques
détails sur Introduction en Géorgie de la légende d'Arta-
baze, mais imprégnée d'une couleur chrétienne. — Re–
marquons encore que c'est à partir du règne d'Arta-
base I I , dans la première moitié du deuxième siècle de
notre ère, que Moïse de Khorène cesse de faire des em–
prunts aux chants populaires et aux traditions poéti–
ques de sa patrie ; car i l est probable que c'est' à cette
époque aussi que l'inspiration poétique commença à
se perdre chez les Arméniens.
(3)
Ce passage est vraisemblablement une interpola–
tion, et ne parait se rattacher en aucune façon au reste
du chapitre. Toutefois i l est précieux pour les rensei–
gnements qu'il fournit sur la divinité principale de l'an–
cienne religion arménienne. Aramazd,
YAhura Mazda
beaucoup de princes se nomment Tigrane : un
seul est descendant de Ha ï g , c'est celui qu i tua
Astyage, emmena sa maison en captivité, ainsi
qu'Anouïsch, l a mère des dragons, et, avec le con–
sentement et l ' appu i de Cy r us , s'empara de l'em–
pire des Mèdes et des Perses.
Ses fils furent Pap , D i r a n , Vahaken
( 1 )
,
au
'
s u j e t duque l la fable d i t :
v
Le ciel et la terre étaient dans l'enfantement,
«
La mer aux reflets de pourpre était aussi en travail,
«
Dans la mer naquit un petit roseau vermeil,
«
Du tube de ce roseau sortait de la fumée,
«
Du tube
de ce
roseau jaillissait de la flamme,
«
De cette flamme s'élançait un jeune enfant,
«
Ce jeune enfant avait une chevelure de feu,
«
H avait une barbe de flamme,
«
Et ses petits yeux étaient deux soleils. »
On chantait ses louanges au son du p amp i r n , et
nous les entendîmes de nos propres oreilles; puis
on répétait dans les chants ses combats, ses
du Zendavesta [l'être sachant beaucoup], Oromazès,
Ourmouzd, Ormizd , avait, chez les Arméniens, le
•
surnom de père de tous les dieux ( Agathange,
p. 586), de fort et de puissant (p. 47, 48, 57, 102),
de créateur du ciel et de la terre ( p . 57) et pro–
duisant l'abondance et la fertilité (p. 102). Son temple
se trouvait dans la province de Bardzer Haïg, dans le
fort d'Ani, lieu de sépulture des rois arméniens arsaci–
des (Agathange, p. 586. — Moïse de Khorène, liv. n ,
ch. 53). —Cf. sur
YAhura Mazda,
Burnouf,
Commen–
taire sur le Yaçna; invocation,
p. 71 et suiv. — Nous
n'avons aucun renseignement précis sur les quatre Ara–
mazd dont Moïse de Khorène parle dans ce passage, et
M. Émin lui-même, dans sa savante dissertation sur le
Paganisme arménien
,
n'a tenu aucun compte de ce ren–
seignement (p. 9-10). — Quant au mot
Gunt,
servant
à
qualifier Aramazd, c'est un mot persan qui signifie
«
fort, intrépide, belliqueux. »
(
i)
Vahaken appartient à cette série de demi -dieux
qui, dans le panthéon arménien, servent de trait d'u–
nion entre les dieux et les hommes, et indiquent le
passage graduel du monde visible au monde invisible.
Ces demi-dieux portaient chez les Arméniens le nom de
tutzazn,
c'est-à-dire, nommes d'origine divine (Émin,
Recherches sur le paganisme arménien,
p. 41). On
ne sait que fort peu de chose touchant Vahaken ; ce–
pendant la tradition nous a transmis quelques détails re–
latifs à ce demi-dieu, que nous allons rapporter. Vaha–
ken, selon les Arméniens, avait volé de la paille au dieu
assyrien Barcham, dont nous avons parlé plus haut (p. 24),
et comme trace de sa fuite avec sa charge dans les es–
paces célestes, apparut la voie lactée qu i , chez les Ar–
méniens , porte le nom de « trace du voleur de paille »
(
Émin,
Recherches sur le paganisme,
p. 17,42). Aga–
thange ., qui parle de Vahaken, lui donne le surnom de
Vitchabakal
(
destructeur des dragons), ce qui s'ac–
corde parfaitement avec ce que notre auteur dit de ce
demi-dieu qui était célébré dans des chants populaires
par ses combats et ses victoires contre les dragons, et
ce qui veut dire, dans le langage de la symbolique, qu'il
purgea le pays d'animaux nuisibles et malfaisants.
Fonds A.R.A.M