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MA l l A P A S (ÎATINA.
V I I I . ( CH . xv . )
Jra. Sa mort dans une guerre suscitée par Sémi–
ramis. '
Ara, peu d'années avant la mort de Ninus,
obtint le gouvernement de sa patrie, jugé
digne d'une telle faveur par Ninus, comme
[
antérieurement] son père Aram. Mais l'im–
pudique et voluptueuse Sémiramis (Schami-
ram) ( i ) , ayant entendu parler depuis longues
années de la beauté d'Ara, brûlait du désir de
satisfaire sa passion; cependant
éllp
ne pouvait
agir ouvertement. Mais après la mort, ou plutôt
après la fuite de Ninus en Crète, comme je le
crois, Sémiramis mûrissant en sûreté sa passion,
envoie des messagers au bel A r a , avec de riches
cadeaux, accompagnés d'instantes prières, de
promesses magnifiques, pour l'engager à venir la
trouver à Ninjve, à l'épouser et à régner sur tout
l'empire de Ni nus, ou seulement à satisfaire son
ardente passion, et à retourner ensuite en paix
dans ses propres états, comblé de présents.
Déjà les ambassades
s
'
étaient succédé sans i n –
terruption , et Ar a refusait toujours. Alors Sémi–
ramis , furieuse du mauvais résultat de ses mes–
sages, lève toute l a multitude de ses troupes,
se hâte d'arriver sur le territoire des Arméniens,
(1)
Le nom de Sémiramis porté parla reine d'Assyrie,
femme de Ninus, présente au point de vue philologique
une étude assez curieuse. Un savant linguiste, M. Ph.
Luzzato, suppose que cette appellation est tirée du sans- ,
erit et qu'elle se compose du radical
smri
ou
smar,
a
aimer » et du suffixe
ma
avec la voyelle de liaison
a,
ce qui donnerait la forme
Smarama
ou
Smirama,
par
suite de l'affaiblissement de l'a en i . D'après cette éty-
mologie, le nom de Sémiramis acquiert le sens de
c celui
qui aime » (
Le Sanscritisme de la langue assyrienne,
p. 32.
Le
même, Sur l'existence du Dieu assyrien
Sémiramis
,
dans
\
e Journal asiatique,
1851).
Diodore
de Sicile ( l i v . I I , ch. 4 ) donne toutefois une autre éty-
mologie du nom de Sémiramis qui, selon l u i , signifie
«
colombe » en langue syrienne. ( Cf. Creuzer,
Relig.
de l'antiquité,
trad. Guigniaut, t . I I , p. I , p. 33. —
Maury,
Hist. des rel. de la Grèce antique,
t . I I I , p. 211-
212. )
On n'est pas d'accord aujourd'hui sur l'époque
exacte où vécut Sémiramis, et les dernières découvertes,
amenées par le déchiffrement! des textes cunéiformes,
donnent
à
penser que la reine d'Assyrie ne serait pas
l'épouse de Ninus, comme :1e disent Ctésias et Diodore
de Sicile, mais bien la femme de Bélochus I I I , le dernier
roi de la deuxième dynastie ninivite, qui vécut environ
huit siècles avant notre ère. — Quoi qu'il en soit, nous
croyons que la guerre entreprise par Sémiramis contre Ara
roi d'Arménie n'est qu'une allégorie, et qu'il faut voir dans
ces récits des historiens grecs et orientaux le développe–
ment de la puissance assyrienne cherchant à étendre sa
domination sur les empires voisins et
à
les réduire sous
le joug.
et de fondre sur Ar a . Mais i l était évident que ce
n'était pas tant pour tuer Ara ou le mettre en
déroute, qu
'
elle
se hâtait ainsi, que pour le sub–
juguer,
s
'
emparer de lui pour satisfaire ses pas—
sions; car devenue folle d'amour au seul portrait
qu'elle avait entendu faire d ' Ar a , comme si elle
l'eût vù, elle brûlait de feux dévorants. Elle ac–
court en se précipitant dans la plaine d'Ara, ap–
pelée de son nomArarat. Au moment d'engager
le combat, elle ordonne à ses généraux de faire
en sorte
,
s
'
il est possible, d'épargner la vie d'Ara.
Mais au fort de la mêlée, l'armée d'Ara est mise
en pièces, et il meurt dans l'action, frappé par
les soldats de Sémiramis. L a reine envoie après
la victoire sur le lieu du combat ceux qui dé–
pouillent les cadavres, afin de chercher parmi
les morts l'objet de son amour. Ar a fut trouvé
'
sans vie au milieu de ses braves compagnons d'ar–
mes. Sémiramis le fait placer sur la terrasse de
son palais.
Cependant, comme les troupes arméniennes se
ranimaient au combat contre la reine Sémiramis,
pour venger la mort d'Ara ; elle dit : — « J ' a i
ordonné à mes dieux, de lécher les plaies d'A–
ra ( i ) , et i l reviendra à la vie. » — Elle espérait
par l a vertu de ses maléfices ressusciter A r a ,
tant la fureur de sa passion avait égaré sa raison»
(1)
Les
Recherches sur le paganisme arménien
de
-
M. Emin contiennent, touchant ces divinités dont la
fonction était de lécher les plaies des guerriers tombés-
sur le champ de bataille et de les rappeler à la vie, de
curieuses révélations. I l paraît que les dieux d'un rang i n–
férieur qui s'appelaient
Aralèz
ou
Arlèz
(
mot composé
dont la signification propre, en arménien, est « léchant
continuellement »),étaient des êtres surnaturels nés d'un
chien,
à
ce que nous apprend Esnig
(
Refut. des héré–
sies,
p. 98 et 100, éd. armén. de Venise). Ces dieux se–
condaires , qui étaient passés de l'Assyrie dans le pan–
théon arménien, persistèrent dans les croyances du peu–
ple d'Haïg, même après l'introduction du christianisme,
car Faustus de Byzance, auteur du quatrième siècle, en
.
racontant la mort du général arménien Mouscheg, arri–
vée sous le règne du roi Varazdat, de la dynastie arsa–
cide (384 ans après J.-C), ajoute que sa famille espérait
que les
Arlèz
descendraient des espaces de l'air pour
lécher la blessure de Mouscheg et le ressusciter (Faustus-
de Byzance,
Hist. d'Arménie,
liv. V, ch. 15.
Cf. sur
le mythe des Arlèz la
traduction russe de l'histoire de
Moïse de Khorêne
par M. Émin (Moscou, 1858), p. 251-
258,
note 57.
Le même,
Vebk..,
p. 83 et suiv. — Le
même
'
,
Recherches sur le pagan. armén.,
p. 36 et suiv.)
Le mythe des Aralèz paraît avoir été connu des Grecs,
car Platon,
à
la fin de sa République, raconte d'Er l'ar–
ménien qui fut tué dans une bataille, que son corps fut
trouvé intact après le combat, et qu'ayant été ensuite
rappelé à la vie, ce personnage donna des détails sur ce
qu'il avait vu dans l'autre monde. (Cf.
Œuvres de Pla–
ton,
(
trad. de V. Cousin), T. X. p. 279 et suiv. — Moïse
de Khorêne,
traduction russe, ad calcem,
note 57.)
Fonds A.R.A.M