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MAR A P A S CAT I NA .
V I I .
(
CH.
XIV.)
Contestations d'Aram avec les Assyriens; sa vic–
toire. Baïabis Kaghia. Césarée. Arménie Pre–
mière et autres contrées du même nom.
Nous raconterons brièvement les grands faits
d'Aram, ses actions glorieuses en Occident, r a p –
portées dans le livre, ses différends avec les Assy–
riens, en signalant seulement les causes et l'im–
portance des événements, et en montrant
rapidement ce que l'historien raconte avec de
longs détails.
Ce même Aram, après avoir terminé sa guerre
contre l'Orient, marche avec les mêmes troupes
en Assyrie. I l y trouve un homme qui ruinait sa
patrie avec quarante mille fantassins et cinq
mille cavaliers ; il était de la race des géants et
avait nomParscham. A force d'opprimer le pays,
de l'accabler d'impôts, i l changeait en désert
toute la contrée d'alentour. Aram lui livre b a –
taille, le jette, fugitif, au milieu du pays des
Gortouk ( i ) , dans la plaine d'Assyrie, et exter–
mine un grand nombre d'ennemis. Parscham
mourut sous les coups des soldats d'Aram. Déifié
à cause de ses nombreux exploits, ( Parscham) fut
adoré longtemps par les Syriens
(2).
Une grande
(1)
Le canton de Gortouk ou Gortrik faisait partie de
la province de Gordjaïk, nom composé qui annonce une
fusion des deux races kurde et arménienne. Le pays des
Gortouk parait répondre à la région nommée ropâvatbc
par Ptolémée (liv. V, ch.13,5 J, tandis que la province de
Gordjaïk semble être la même que la
Gordyène
(
Strabon,
liv. X I , ch. 14,
2.
—
Plutarque,
Vies de Lucullus et de
Pompée),
ou la
Cordouène
(
Dion Cassius,,liv. XXXVII.
—
Ammien Marcellin , XIV, 8 ; XXV, 7. — Pline, liv.
V I , ch. 15 ) et le pays connu par Xénophon, sous le
nom de pays des Karduques, populations qui étaient de
son temps en possession de la contrée appelée encore
aujourd'hui Kurdistan ou pays des Kurdes. ( Cf. Saint-
Martin,
Mém. sur VArménie,
t . I , p. 176 et su i v .—
ïndjidji,
Géogr. anc,
p. 138. )
(2)
Parscham, Parschamin (Moïsede Khorène,
Hist.
d'Arm.,
liv. I I , ch. 13 ) , ou plutôt Barchimnia, est une
divinité d'origine assyrienne qui passa dans le panthéon
arménien à une époque très-ancienne, Barchimnia avait
son temple au village de Tordan,- canton de Daranakhi,
dans la province de Bardzer Haïg. Agathange (
Vie de
Tiridate,
p. 58 de l'édit. arm. de Venise) lui donne le
surnom de « glorieux ou éclatant de blancheur »,
Spitakapar ;
et Ananie de Schirak (msc. de S. Lazare de
Venise) l'appelle « assyrien », ce qui ne laisse aucun doute
sur l'origine de ce dieu. Le nom de Barchimnia, en as–
syrien
Barchamnin,
signifierait, selon M. Emin, « le
maître ou le seigneur de la guerre » (
Recherches sur le
paganisme arménien
,
p. 17-18). — Diodore de Sicile
(
liv. I I , ch. I ) parle d'un ancien roi d'Arménie ,
appelé Barzanès, qui fut vaincu par Ninus. Malgré la
ressemblance qui semble exister entre les noms de Bars-
partie des plaines de l'Assyrie devint, pendant
de longues années, tributaire d'Aram.
I l nous faut parler maintenant des prodiges de
valeur qu'Aram fit en Occident contre le Titans.
I l marche ensuite sur l'Occident, avec quarante
mille fantassins et deux mille cavaliers, arrive en
Cappadoce, dans un endroit appelé aujourd'hui
Césarée
(1).
Comme i l avait soumis l'Orient et le
midi et qu'il en avait confié la garde à deux fa–
milles , l'Orient à celle des Sissagan et l'Assyrie à
ceux de la maison de Gatmos, il n'avait plus dès
lors aucune crainte de troubles.
Pour cela, Aram
s
'
arrête longtemps en Occi–
dent. Baïabis Kaghia
(2)
lui livre bataille ; ce Titan
occupait tout le pays situé entre les deux grandes
mers, le Pont et
l
'
Océan
(3).
Aram fond sur l u i ,
le défait, le refoule jusque dans une île de l a mer
asiatique. Puis laissant un de ses parents, nommé
Mschag
(4),
avec dixmille hommes de ses troupes
pour garder le pays , i l retourne en Arménie.
Aram enjoint aux habitants du pays d'appren–
dre à parler la langue arménienne, c'est pour–
quoi jusqu'à ce jour, ils appellent cette contrée :
Proton Armenia (5), qu'on traduit par Première
Arménie (6). L e village que le gouverneur éta–
bli par A r am, et qui s'appelait Mschag, fonda et
entoura de petites murailles, et auquel i l donna
son nom, les anciens habitants du pays le nom–
maient Majak, ne pouvant bien prononcer ; j u s -
cham ou Parscham et Barzanès, i l parait impossible de
les identifier,
à
moins d'admettre que Diodore n'ait fait
une confusion entre les souverains de l'Assyrie et ceux
de l'Arménie.
(1)
Césarée de Cappadoce, autrement appelée Mazaca,
MàÇaxa ou
MàÇa
en grec, prit le nom de Césarée sous
Tibère, sans que ce nouveau nom ait fait disparaître
entièremeut le premier. Mazaca est la transcription grec–
que du nom arménien Majak (Cf. Agathange,
Vie de Ti–
ridate,
p. 594. éd. de Venise). Julien l'Apostat,irrité
contre les chrétiens de Césarée, lui enleva ce nom et
lui fit reprendre celui de Mazaca.
(2)
Une variante donne :
Babaïs Kaghen.
(3)
L'historien entend parler ici de l'Asie Mineure, et
plus spécialement de la Cappadoce qu'il dit avoir été
occupée par son parent Mschag ou Majak, fondateur de
Césarée de Cappadoce.
(4)
Mschag en arménien signifie « agriculteur,'labou–
reur. »
(5)
Les manuscrits écrivent aussi
Protin,
Protoson.
(6)
On désigne sous le nom de Première Arménie, la
province formée de la partie orientale de la Cappadoce
et qui s'étend jusqu'à l'Euphrate. Elle sépare la Seconde
Arménie de la Troisième, qui est au sud. Ses limites
ont toutefois considérablement varié, selon que le nom–
bre des émigrés arméniens venus de l'autre côté de
l
'
Euphrate
a
été plus ou moins considérable. ( ïndjidji,
Arm. mod.,
p. 309 et suiv. — Saint-Martin,
Mém. sur
VArm.,
1.1,
p. 135 et suiv.)
Fonds A.R.A.M