H I S T O I R E A N C I E N N E D E L ' A R M É N I E .
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Arméni.
Mais pour ce qui est de rapporter son
histoire tout entière,
ses actes
de courage, de
dire le quand et le comment, nous le ferons, si
tu veux, dans un autre ouvrage; ou bien nous
laisserons de côte ces particularités, ou bien en –
core nous les noterons i c i .
V I . ( CH . X I I I . )
Guerre d'Aram contre les orientaux ; sa victoire.
Mort de Nioukar Matés.
Puisqu'il nous a paru ( agréable ) de regarder,
le travail entrepris par ta volonté, comme une
source de jouissances plus grandes que ne le sont,
pour les autres, les somptueux festins, avec leurs
mets et leurs v i ns , nous avons voulu rappeler en
peu de mots les combats d'Aram le Haïcien. Ce
guerrier, àmi des labeurs et de sa patrie, comme
nous le montre le même historien, eût préféré
mourir pour son pays, que de voir les fils de
l'é–
tranger fouler le sol natal, et commander à ses
compatriotes et à ses frères.
A r am, peu d'années avant l'avénement de N i -
nus en Assyrie ,* à Nini ve , inquiété par les n a –
tions voisines, rassemble toute la multitude de
ses braves guerriers, habiles à manier l'arc et
à lancer le javelot, jeunes, nobles, doués d'une
grande adresse et d'une beauté remarquable,
troupe q u i , pour le courage et dans l'action, v a –
lait autant que cinquante mille hommes. Ar am
rencontre sur les confins de l'Arménie la jeunesse
des Mèdes, sous l a conduite de Nioukar, sur–
nommé Matés, guerrier orgueilleux et vaillant,
comme nous le montre le même historien. Déjà à
l'exemple desKouschans
(
i ) ,
Matés, imposant son
nisme, tels que les Nabatéens et les habitants de Car-
rhes (Harran). — Cf. Quatremère,
Mémoire sur les
Nabatéens,
dans le
Journal asiatique,
1835
eHtirage
à
part p. 70. —Renan,
Hist. des lang. sémit.,
l i v . H I ,
ch. I , p. 2, 3 et suiv., note 1.
(1)
Les Kouschans (Couschites) dont parle ici
l
'
his -
torien, nous font remonter
à
l'époque la plus ancienne
des annales du monde. La critique moderne, se basant
sur les plus anciennes traditions consignées dans la Ge–
nèse et dans les livres zends, suppose qu'à une époque
anté-historique, i l existait sur le Tigre et le bas Eu-
phrate une race étrangère aux Sémites, les Couschites,
représentés dans les souvenirs des Hébreux par le per–
sonnage de Nemrod
(
Genèse,
X, v. 8-10) et dans les
écrits zends par le nom de
Amer état
,
le
merdad
des
Persans (Bœtticher,
Arica,
p. 17;
Rudim. myth. sé–
mit.
p. 19, 20). Ces Couschites sont vraisemblablement
les D'ITD ou Cutiiéens, les
K
UNJIOI
d'Hérodote (Mo-
vers,
die Phœnizier,
t. 1T, p. I , p. 269, 276, 284 et s.;
t.
n ,
p.
n ,
p. 104, 105, 388. — Knobel,
Die Vcelkerta-
joug à l'Arménie, la tient esclave pendant deux
années. Avant le lever du soleil, Aram, fondant sur
lui à l'improviste, extermina toute la multitude
de son armée. Quant à Nioukar, appelé Mates,
Aram,l'ayant fait prisonnier, le conduit à A rma –
v i r , et là, au sommet de la tour des murailles, le
front traversé avec un long clou de fer, Nioukar
est .fixé au mur, par ordre d ' Ar am, à l a vue de
tous les spectateurs qui étaient venus là, et de»
passants. Tout son pays jusqu'à la montagne ap
pellée Zarasb , est soumise au tribut, jusqu'à*
règne de Ninus en Assyrie et à Ninive.
Cependant, Ninus devenu ro i de Ni n i ve , noui
rissait dans son cœur un souvenir de haine, à
cause de son ancêtre Bélus, car i l connaissait lé
passé par la tradition.
I l
songeait depuis de l on –
gues années aux moyens de se venger, épiant le
moment'd'exterminer et d'anéantir, jusqu'au der–
nier rejeton, toute la race des fils du brave Haïg.
Mais la crainte de se voir lui-même dépouillé de
son r oyaume , en exécutant un tel projet, le r e –
tint.
I l
cache ses perfides desseins, et ordonne a
Aram de conserver l a puissance sans inquiétude,
lui accorde le droit de porter le bandeau de
perles, et le nomme son second. Mais c'est assez ;
car notre but en ce moment ne nous permet pas
de nous étendre sur cette histoire.
fel der Genesis,
p. 251, 339 et suiv.,) identiques aux
Céphènes, auxquels la tradition grecque attribuait la
fondation du premier empire chaldéen (Ch. Miiller,
Fragm. hist. grxc.
t . I , p. 67 ). Les Couschites,établis
d'abord dans la Susiane et l a Babylonie, se répandirent
sur l'Assyrie où ils fondèrent Ninive, Babylone et d'au–
tres centres de populations groupées autour de Ninive.
C'est
à
eux qu'est attribuée la première fondation de ces
villes ( Renan,
Hist. des langues sémitiques,
liv.
I,.
ch. 2, p. 59). Refoulés plus tard par les Sémites vers
le sud, où ils avaient conservé des établissements, les
Couschites conservèrent leur nom jusque dans le moyen
âge, dans les régions occupées encore
à
présent par
leurs descendants de l'Yémen et de l'Ethiopie, les Hy-
miarites et les Abyssins. Michel le syrien, patriarche
jacobite d'Antioche, qui, au douzième siècle, a écrit une
chronique syriaque dont nous ne possédons plus que la
version arménienne, donne aux Éthiopiens, de nomde
Kouschans, dérivé de. la forme régulière Kousch ou
Kous. — Nous verrons plus loin au ch. 2 du second
livre, ce que Moïse de Khorène entend par le pays des
Kouschans. Selon cet historien, ce pays répondrait
à
la
Parthie ou Bactriane, puisqu'il d i t que la»ville de Pahl,
(
que nous savons être la Bàxtpa ou Bactres des Grecs,
la Balkh des modernes, située
à
peu de distance de l'an–
cienne, entre les possessions actuelles de
l
'
émir de Bou-
khara et du khan de Kaboul), était au pays des Kous–
chans. A l'appui de ce témoignage, on peut invoquer aussi
celui du géographe Vartan qui dit également, qu'après
le pays des Persans, on trouve « la terre de Kouschan,
puis celle de Djen (le Djénastanou la Chine). »
(
Cf.
Saint-Martin,
Mém. sur VArménie,X.
I I , p . 436-437.)
Fonds A.R.A.M