H I S TO I RE ANC I ENNE D E L'ARMÉNIE.
pelé Schirag ( i ) . Ainsi s'explique le proverbe en
usage chez les villageois , disant :
«
Si tuas le gosier de Schaia,
«
Nous n
'
avons pas les greniers
de
Schirag. »
Cet Armais engendra son fils Amasia, et mourut
après avoir encore vécu de longues années.
Amasia , établi à Armavir, engendre Kégham;
après Kégham, le valeureux Parokh (a) et Tzo-
-
a
g
(3)
>
P
1 1
^ passant le fleuve, il
s
'
en va à la
montagne du midi , au pied de laquelle il établit
à grands frais, dans la vallée, deux habitations ;
l'une
à l
'
orient près des sources qui jaillissent
à
la base de la montagne, l'autre
à l
'
ouest
de
celle-
c i ,
distante d'une bonne demi-journée de marche
à pied. 11 donna en apanage ces deux habitations
à ses fils, le valeureux Parokh et Tzolag à l'œil
flamboyant; ceux-ci, en
s
'
y fixant, appelèrent ces
lieux de leur propre nom, Parakhod
(4)
,
du nom
de Parokh, et Tzolagûerd
(5),
de celui de Tzolag.
Amasia nomma
Ja
montagne de son propre nom,
Massis ; puis étant retourné à Armavir, i l vécut
seulement quelques années et mourut.
Kégham engendra Harma à Armavii, et l'y
laissant avec les siens, il s'en alla vers
l
'
autre mon–
tagne au nord-est, sur les bords
d
'
un lac
(6),
y
(1)
Le canton de Schirag faisait partie de la province
d'Ararat. H est situé sur les bords du fleuve Akhourian
et renferme les villes d'Ani, capitale des Bagratides ar–
méniens depuis le huitième jusqu'au onzième siècle, et
•
de Kars qui fut également le siège d'une dynastie Ba-
.
gratide, durant les dixième et onzième siècles. — Le
•
canton de Schirag parait répondre à la Iipaxrjvvj de Pto–
lémée (V, 13, 9). Aujourd'hui ce pays est désigné par les
Arméniens sous les noms de Schiragran et de Gharsou
•
ergir (territoire de Kars). — Cf. Mékhitar,
Dict. géogr. —
Arakhel de Tauris,
Histoire d'Arménie et de Perse au
dix-septième siècle
(
en arm. ) p. 36 et 51. — Indjidji,
Géogr. anc.
p. 416,427. — Le même,
Géogr. moderne,
p. 121.
(2)
Deux manuscrits donnent la variante suivante :
après Kégham, Parokhari.
(3)
Les deux noms de
Parokh
et de
Tzolag
signi–
fient en arménien, le premier « le glorieux » et le second
«
l'œil flamboyant ». Ces épithètes sont placées quelques
ligues plus bas, à la suite des noms de ces deux per–
sonnages , et confirment ainsi leur étymologie.
(4)
Cette localité voisine de l'Ararat est mentionnée
aussi par Elisée,
Histoire des Vartaniens,
ch. I I I ,
p. 60 (Venise, 1838, en arm.) ; sa position n'est pas très*
bien déterminée. Cf. Indjidji,
Géogr. ancienne,
p. 538.
(5)
La position de Tzolagûerd auprès de l'Ararat n'est
pas exactement connue, car Mar Apas Catina est le seul
écrivain qui ait fait mention de cette localité. Cf. Ind–
jidji ,
Géogr. anc.,
p. 538.
(6)
Le lac dont i l est question ici est celui de Kégham
ou de Kégharkhouni, du nom d'un petit canton situé
sur ses rives occidentales. I l est dans la partie septen–
trionale de l'Arménie sur la rive gauche de l'Araxe et
bâtit sur les rives et y laissa des habitants. I l ap–
pela la montagne de son nom Kégh, et les villages
Kéghakouni
(1),
ainsi que la mer qui porte aussi
cette appellation. Dans cet endroit, i l engendra
son fils Sissag, personnage renommé par sa noble
fierté , sa force , sa beauté, son éloquence et son
adresse à tirer l'arc. I l lui remit une grande partie
de ses biens, beaucoup d'esclaves, et lui donna
en apanage tout le pays depuis la mer à. l'orient
jusqu'à une grande plaine où le fleuve Er askh ,
après s'être frayé un lit dans les cavernes des
montagnes, avoir traversé des vallées boisées et
franchi des gorges étroites, descend dans la plaine
avec un bruit effrayant. Là, Sissag, ayant fait
halte, couvre de constructions le sol de son do –
maine, et appelle le pays de son nom, Siunik,
mais les Perses le dénommèrent plus exactement
Sissagan
(2).
Valarsace, premier roiparthe d'Ar–
ménie , ayant rencontré là des hommes célèbres,
de la descendance de Sissag, les institue s e i –
gneurs du pays; c'est la race de Sissagan. Ce que
fit Valarsace, d'après le sens précis de l'histoire,
paraît répondre au lac appelé
AUXVÏTCÇ
par Ptolémée
(
liv.
V,
ch. 12,8 ). Les Arméniens l'appellent aujourd'hui
lac de Sévan, du nom d'une petite île qui se trouve
dans sa partie septentrionale et qui renferme un célèbre
monastère, dont i l est souvent question dans l'histoire
d'Arménie. (Indjidji,
Géogr. anc,
p. 264. — Le même,
Géogr. moderne,
p. 256. — L. Alischan,
Géogr. de
VArm.,
p. 8, 13, 76.)
(1)
Le canton de Kéghakouni ou Kegharkouni (Ara–
khel de Tauris, ch. 7, p. 79, 82 ) se trouvait dans le
nord de la province de Siunik, dont i l faisait partie.
(
Indjidji,
Géogr. anc,
p. 263 ).
(2)
La province de Siunik s'étendait depuis l'Araxe
jusqu'au delà du lac de Sévan qu'elle environnait de
toutes parts. Les limites de cette province ont beaucoup
varié ; dans l'antiquité, elles s'arrêtaient au confluent de
l'Araxe et du Cyrus, et le pays comprenait les pro–
vinces d'Artsakh et de Phaïdagaran, les
cantons
de
Koghten et de Nakhdjavan. La province de Siunik for–
mait l'apanage de satrapes arméniens qui la possédè–
rent jusque vers le douzième siècle, et dont le titre,
consigné dans les actes de la chancellerie de Byzance,
était, au dire de Constantin Porphyrogénète
(
De cxremo-
niis,
t. I , p. 397 )
'
Ap^wv xov
Zwffc.
Les princes Orbé-
lians devinrent ensuite maîtres de cette province, dont
ils furent dépouillés par les musulmans. Nous possédons
une histoire de la province et des princes de Siunik
écrite par Etienne Orbélian au treizième siècle, et dont
le texte arménien a été publié
à
Paris en 1859 (2 vol. in-
12 ).
M. Brosset vient d'en donner une traduction com–
plète en français, à Saint Pétersbourg (1864, in-4°) sous lè
titre : «
Histoire de la Siouniepar Stéphanos
(
Etienne)
Orbélian.
»
On peut croire que la province de Siunik est
la même que la
Sacassène
de Strabon. ( liv. X I ),
Saca-
pêne
de Ptolémée (liv. V, ch. 13,9). — Cf. Indjidji,
Géogr.
anc,
p. 226 et suiv. —L. Alischan, p. 86. — Saint-Mar-.
t i n ,
Mém. sur VArménie,
1.1,
p. 142 et suiv.
Fonds A.R.A.M