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villages. De lui est issue la grande satrapie de la
race des Khorkhorouni, hommes braves et re–
nommés , comme le sont encore leurs descendants
actuels (i).
Arménag, emmenant avec lui toute la multi–
tude des siens, se dirige au nord-est, arrive et
débouche dans une plaine encaissée, entourée de
hautes montagnes, traversée par des fleuves im–
pétueux venant de
l
'
ouest; cette plaine,située
à
l'est,
s
'
étend au loin sous les rayons du soleil. Au
pied des montagnes jaillissent quantité de sources
limpides qui, réunies en fleuves
à
leurs confins,
à
la naissance des montagnes, au bord de la plaine,
jeunes encore, se promènent comme des jeunes
filles. Mais la montagne au sud, qui regarde le
soleil, — avec son sommet neigeux,
s
'
élevant
à
p i c , qui ne peut être atteint en moins de trois
jours par un voyageur muni
d
'
une bonne cein–
ture
,
à
ce que rapporte un des nôtres, — se ter–
mine doucement en pointe
;
c
'
est véritablement
une vieille montagne aumilieu de
montagnes
d'une
Faustus de Byzance,.liv. HI, ch. 8).
Les Ouortouni
possédaient en apanage une plaine située sur les deux
rives de
l
'
Araxe et qui portait le nom de Pasen (Moïse
de Khorène, liv. I I , ch. 7 ). Quand Khosrov I I détruisit
cette famille en 320, i l donna le pays d'Ouortoron qui
formait son apanage à l'évêque de Pasen (Faustus de
Byzance, liv. I I I , ch. 4).
(1)
La satrapie des Khorkhorouni, en vulgaire Khos-
chorni ( Mékhïtar,
Dict. géogr.
),
faisait partie du Dou-
roupéran; elle portait aussi le nom de satrapie des
Maghkhazouni, du nom de Maghkhaz, chef de la garde
de Vagharschag ou Valarsace fondateur de la dynastie
arsacide d'Arménie ( Moïse de Khorène, liv. I I , ch. 7).
La principauté des Khorkhorouni joua un rôle assez
important dans les affaires de l'Arménie (Agathange,
Hist. de Tiridate. —
Mesrob,
Vie de saint Nersès,
ch. I . — Moïse de Khorène, liv. I I I , ch. 9.
Elisée,
Hist. des Vartaniens,
ch. 4.
Lazare de Pharbe,
Hist.
d'Arm.,
p. 114). Cette famille subsistait encore en 768,
puisque le prince Vahram assista au concile de Bardaah,
présidé par Sion, catholicos ou patriarche d'Arménie
(
Ganohkirk
ou
livre des canons de l'Église armé–
nienne ;
manusc. de la Bibl. imp. ; anc. fonds 84, fol.
223
verso ). — Le nom de Maghkhaz, qui était primiti–
vement un nom propre d'homme, devint, dans le langage
particulier du pays, synonyme de chef ou prince, car en
effet, la forme de cette appellation, par suite de la
transmutation du
gh
arménien en
l,
se rapproche tout à
fait dumot arabe
màlek
qui veut dire
roi.
Dans Aga–
thange (p. 594, 647), on trouve le nom
malkhazouthioun,
comme titre de la fonction des Maghkhaz ou Malkhaz.
H est probable que c'est de ce nom Maghkhaz ou Mal–
khaz , qu'est venu plus tard le titre de
mélik,
en arabe
^nalik,
que portent encore aujourd'hui certains chefs ar–
méniens de la Transcaueasie. On trouve le nom des
Maghkhaz conservé encore actuellement chez les Armé-
biens de la Lithuanie polonaise, sous le nom de Mal-
kazouski. — Cf. Indjidji,
Antiq. de l'Arménie,
t. IF,
p. 139.
> CATINA.
formation plus récente. Dans cette plaine pro–
fonde, Arménag s'établit; i l couvre d'édifices
une-partie de ce séjour du côté du nord, et
nomme, conformément
à
son nom , le pied de la
montagne dumême côté : Arakadz (i), et ses do–
maines : le pied d'Arakadz
(2). »
Le même historien raconte ce fait merveilleux,
que sur beaucoup de points se trouvaient établis
des
hommes,
dispersés çà et là dans notre pays,
avant l'arrivée de notre ancêtre Haïg.
Cet Arménag engendra Armais, et, ayant encore
vécu un grand nombre d'années, il mourut. Son
fils Armais construisit son habitation sur une col–
line au bord du fleuve et, de son nom, la nomma
Armavir
(3)
;
et du nom de son petit-fils Arasd,
il appela le fleuve, Eraskh
(4).
Son fils Schara
multipliait et mangeait beaucoup ; i l l'envoya
avec toute sa suite dans une plaine voisine, très-
fertile, arrosée par beaucoup de cours d'eau, der–
rière le nord de la montagne, et appelée Arakadz.
On dit que du nom de Schara, le canton est ap-
(1)
La chaîne des monts Arakadz, dans la province
d'Ararat, se réunit à l'ouest au Barkhar, à l'est aux
montagnes qui environnent le lac de Sévan et à celles
de la province de Siunik. Le géographe Vartan rapporte
que l'ascension de la montagne d'Arakadz exige une
journée et demie de chemin depuis le pied jusqu'au som–
met. Ce sommet est divisé en vingt-quatre grands
pics, et au milieu se trouve une vallée où sont quatre
autres sommets de rochers vis-à-vis les uns des autres,
de manière à former une croix. Saint Grégoire consa–
cra en cet endroit une croix miraculeuse. (Cf. Saint-Mar–
tin,
Mém. sur VArménie,
t. I I , p. 416-417 ). L'
Arakadz-
s'appelle aujourd'hui AUahgueuz ( œil de Dieu ).
(2)
Le pied d'Arakadz, en arménien Arakadzodn, est
un canton de la province d'Ararat, qui fut appelé dans
le onzième siècle, canton d'Anpert. ( Tchamitch,
Hist..
d'Arm., t.
I I I ,
Tables,
p. 135.
Saint-Martin,
Mém.
sur VArm.,
t. I , p. 108).
(3)
Cette ville, qui remonté à une haute antiquité,
était située dans la province d'Ararat, au nord de l'A–
raxe. Saint-Martin
(
Mém. sur l'Arm.,
1.1,
p. 123) n'hé–
site pas à identifier Armavir avec r
'
Ap^aoupia
de Pto-
lémée (liv. V, ch. 13). Cette ville resta, pendant une
longue série de siècles, la capitale de l'Arménie et fut
abandonnée pour Ardaschad ou
Artaxata,
à la fin du
premier siècle de notre ère.
(4)
Un manuscrit donne la variante
Erasd.
L'Araxe, aujourd'hui appelé par les musulmans
Aras
ou
Ras
y
traverse l'Arménie dans toute son étendue de
l'ouest à l'est, et reçoit dans sa partie supérieure bon
nombre de rivières. L'Araxe était connu des anciens sous
le même nom d'ApcMnc ; il prend sa source dans les monts
Abos
(
Strabon, liv. X I , ch. 14, 2), aujourd'hui appelés
Bing-gueul
[
mille lacs], et se jette dans le Cyrus ou
Gour, non loin de son embouchure. (Cf. Indjidji,
Géogr.
anc,
p. 486.
Le même,
Géogr. mod.,
p. 24 et suiv.
L. Alischan,
Géogr. de.VArm.,
p. 21.)
Fonds A.R.A.M